Destinée [ Tome 2 en pause ]

Chapitre 42

Point de vue de Rosa

Je sourie à Milla qui me montre un dessin qu'elle vient de faire, c'est plus tôt des cercles et des lignes qu'autre chose mais elle est petite. Pablo vient s'asseoir à mes côtés pour féliciter Milla de son dessin avant de se retourner vers moi d'un air sérieux quand la petite se retourne.

- Qu'est-ce qu'il y a ? Je le regarde quelques secondes avant de regarder la petite blonde devant nous.

- Je peux te dire un truc ? Demande-t-il gentiment.

- Bien sûr.

- On s'inquiète tous pour toi.

Je sais qu'il grimace parce qu'il ne reçoit aucune réponse de ma part, que puis-je dire après ça de toute façon? Il a raison, c'est tout. Ils peuvent s'inquiéter, mais je ne dirais pas que j'ai besoin d'aide. Depuis l'enterrement de Octavia, je me suis encore plus renfermée, je ne parle que très peu aux garçons sauf à Pablo, même mon frère, je ne lui parle plus beaucoup.

Je ne la connaissais pas depuis des années Octavia mais elle a été la personne la plus importante depuis ces derniers mois parce que j'étais seule ici, Octavia m'a directement mise en confiance et je pouvais parler de tout avec elle sans qu'elle me juge ou le répète à une autre domestique.

Je n'accepte toujours pas qu'une domestique s'occupe de moi, c'était Octavia et personne d'autres, ça ne changera jamais. Elles essaient de s'occuper de Milla mais j'interviens toujours, Milla n'a pas besoin d'une domestique, je n'essaie pas de remplacer sa mère mais je veux être là pour elle et qu'elle ne se sente pas seule dans ces moments.

Elle continue ses cauchemars, elle ne sait pas me dire c'est quoi ces cauchemars mais à l'écoute de ses hurlements, c'est la mort de sa mère qui a été fait devant ses yeux. Moi aussi, je fais des cauchemars, les pleurs de Milla interviennent toujours avant que je termine mon cauchemar alors je ne suis pas autant triste qu'elle en me réveillant.

- Ce soir, la petite dormira avec moi, tu dois te reposer Rosa, tu es crevée, Me dit Pablo en me sortant de mes pensées.

Je le regarde en fronçant les sourcils, je suis peut-être fatiguée mais ce n'est pas pour autant que j'ai besoin de repos, je gère très bien. Pablo dort toujours ici, il est toujours mon garde, ça fait une semaine qu'il a repris le boulot.

Ça fait aussi trois semaines qu'on a enterré Octavia et presque 4 semaines que le drame a eu lieu. Ricardo part souvent, je ne sais pas ce qu'il se passe avec Carlos ou autres, je ne m'occupe pas de ça, je sais que les garçons pensent que je vais faire mon plan mais finalement non, ça serait trop facile pour ce vieux connard.

Je ne suis pas pour la mort des personnes parce que chacun doit mourir d'une façon naturelle et non s'entretuer mais finalement pour lui, la mort la plus douloureuse et longue serait la meilleure. Ricardo va s'en occuper, j'en suis sûre.

- Seulement pour cette nuit, Soupire Pablo sans que je ne réponde encore une fois.

- D'accord, Je souffle parce que je ne veux pas me battre avec lui.

Il hoche la tête comme une simple réponse.

- Par contre, tu devrais prendre une douche, tu pues, Il me sourit.

Je lève les yeux au ciel avant de me lever du fauteuil, Milla se retourne vers moi avant de se relever de son petit tabouret, je lui fais un sourire rassurant.

- Tout va bien, je vais vite me laver, Pablo est là, Je lui montre Pablo qui se lève pour aller près d'elle et lui parler directement de son dessin.

Elle s'occupe de Pablo sans se préoccuper de moi, évidemment, si tu occupes le cerveau d'un enfant sur quelque chose, il ne va pas s'inquiéter du reste. Je monte les escaliers pour aller dans ma chambre prendre des affaires avant d'aller dans ma salle de bain.

Je laisse l'eau du bain couler, j'attends que le bain soit rempli pour aller dedans, mes yeux ne quittent pas la baignoire qui se remplit d'eau, c'est comme si mon cerveau s'en allait et me laisse sans rien penser, pour une fois depuis quatre semaines.

Mes habits sont dans le panier à linge, j'ai mis mon peignoir si jamais quelqu'un osait entrer dans la salle de bain, avant, j'avais Octavia qui surveillait si jamais quelqu'un voulait me voir, maintenant, je n'ai plus personne.

Sauf Pablo mais il est en bas et je lui ai déjà dit de ne pas me surveiller quand nous sommes dans la maison parce que je trouvais ça bizarre. Les fenêtres s'ouvrent grâce à une clé que je n'ai pas, je ne peux donc pas m'enfuir par les fenêtres.

Quelqu'un toque à la porte avant d'entrer quand je l'accepte, je regarde Ricardo qui referme derrière lui, il reste devant la porte sans venir près de moi, il me regarde juste. Je fronce les sourcils en le regardant, qu'est-ce qu'il veut?

- Tout va bien? Je demande en coupant l'eau parce que le bain est assez rempli.

- Oui, je venais voir si ça allait de ton côté, Il met ses mains derrière son dos.

- Comme tu peux le voir, je gère.

- Oui, enfin, ton visage montre le contraire, regarde toi dans le miroir.

Il le dit d'un ton autoritaire qui se veut tout aussi gentil et bienveillant, mais Ricardo n'est pas bienveillant. Je me retourne vers le miroir pour voir mes cernes gonflés en dessous de mes yeux, mes yeux sont rouges, je ne sais pas si c'est à cause des pleurs ou de la fatigue.

Ricardo vient se mettre derrière moi, il n'est seulement qu'à un mètre de moi, pourtant, j'ai l'impression de sentir son souffle sur moi, je respire son parfum comme si j'étais coller à lui. Nos regards se croisent grâce au miroir, il a mis ses mains devant son entrejambe, ses mains forment un poing réunis.

Ricardo n'est pas souvent là mais quand il rentre, il vient toujours me voir, c'est comme si il avait un besoin constant de venir voir si tout va bien, ça ne me dérange pas, au contraire, j'aime beaucoup parce qu'il est plus gentil. Quand il quitte la pièce, je peux l'entendre hurler sur un de ses hommes ou au téléphone, il essaie toujours de m'éviter quand il s'est énervé contre quelqu'un.

Je me retourne vers lui, le miroir me dérange, je veux le voir de mes propres yeux sans passer par quelque chose, mon cul est contre le bord de l'évier, je ne lâche pas Ricardo du regard même si il avance vers moi, son regard n'hésite pas à me regarder de haut en bas. Il se passe la langue sur ses lèvres en s'arrêtant à trente centimètres de moi.