4 ★ La supposé famille parfaite.

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CHAPITRE 4.

𝄞 DOLLHOUSE, by MELANIE MARTINEZ 𝄞
« And I swear she was right there
The blue glow and the night wear. »

    ARYA

J'avance à reculons dans cette immense maison où j'ai vécu, et vit encore mes pires moments, mes pires cauchemars.

La table est mise, quatre couverts sont placés comme chaque soir où l'on s'amuse à jouer à la famille parfaite.

Le bruit de la télévision comble l'absence de paroles réconfortantes. Les cadres photos accrochés aux murs sont là seulement pour rappeler à mes parents qu'une vie de famille les attend après leur travail.

Leurs téléphones en main, ils ne lancent même pas un regard dans ma direction lorsqu'ils m'entendent rentrer.
C'est toujours comme ça.

Je mange dans le silence, priant silencieusement pour ne pas me faire martyriser verbalement une énième fois.
Les mots s'avèrent souvent plus douloureux que les coups.

Ils ne laissent aucune cicatrice visible. Seulement des plaies gravées au fer rouge dans mon esprit et mon cœur.

Ma génitrice se plaint une nouvelle fois de sa journée, évoquant son travail trop difficile, trop épuisant. Mon géniteur se plaint également de sa journée, évoquant les papiers à remplir et les réunions fatigantes.
Ils font leur propre monologue, sans s'écouter l'un, l'autre.

Elliot, mon frère, tente de parler plusieurs fois, mais aucun de nos deux parents ne lui prête attention.

À la fin du repas, je prends soin de débarrasser entièrement la table.

Une fois que j'ai aidé Elliot à monter dans sa chambre, je dépose un baiser sur sa tempe et lui souhaite une bonne nuit.
J'aimerais lui offrir une meilleure vie.

Cependant, il faut croire que la nôtre se résume à sourire sur les photos prises par ma mère, puis les observer en pleurant, car elle pense qu'en les postant sur les réseaux sociaux, ça la convaincra que rien ne séparera notre famille.

Se bercer d'illusions n'a jamais transformé le rêve en réalité, tout le monde le sait, pourtant, on se rattrape à cet espoir comme une feuille s'accroche à sa branche en automne.
La feuille finit toujours par tomber.

Je crois qu'une part de mon rêve est de voir mes parents divorcer. Peut-être qu'être séparés leur fera comprendre qu'une vie de famille se construit sur la base de la communication, et de la joie.
Pas du silence et des pleurs silencieux.

Quelques fois, lorsque je tente de dormir alors que leurs cris résonnent dans la maison, je viens à espérer que mon monde s'arrête brutalement pendant la nuit.

Ils s'expriment en hurlant, moi, je le fais en pleurant silencieusement.

Je suis tellement épuisée.
Un épuisement continu qui n'a rien avoir avec mon manque de sommeil.

Mais avec les personnes qui m'entourent... Mes parents.

Je crois que ce qui brise le plus mon cœur, c'est d'attendre que la tempête passe, qu'ils s'aiment de nouveau, avant qu'elle ne revienne plus violemment encore.

Il existe des nuits sous lesquelles ma famille est plongée dans l'obscurité, dans la noirceur d'un gouffre trop profond. Ces moments-là, je ne les oublie jamais. Ils sont les souvenirs que je ne cesse de ressasser.

Ces jours où Lilith, la déesse de la guerre, décide de faire déteindre l'orage, le ciel sombre et sans étoiles sur ma famille.

La famille Evans.
La supposée famille "parfaite".

FOREVER AND EVER [ TERMINÉ ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant