FOREVER AND EVER [ TERMINÉ ]

37 ✩ La fleur fanée.

CHAPITRE 37

𝄞 PEOPLE YOU KNOW, by SELENA GOMEZ. 𝄞

« Look at this idiotic fool that you made me.
You taught me a secret language, I can't speak with anyone else.»

ARYA

Il est encore tôt quand j'approche du lieu proposé par Tessa. Ma veste en jean retombe contre mon épaule alors que j'enfonce mon téléphone dans la poche arrière de mon jean. Je dois tout de même me dépêcher, puisque j'ai rendez-vous avec Olivia dans deux heures.

À travers la vitrine du café, j'aperçois la chevelure de la blonde, assise dos à moi. Je prends une inspiration, et jette un dernier coup d'œil au soleil d'Oakland avant de m'engouffrer à l'intérieur des quatre murs.

Quand je pousse la porte, la petite cloche accrochée au-dessus retentit, annonçant mon arrivée. Le visage de mon amie pivote vers moi, et le sourire timide qu'elle affiche attire le mien, respectueusement.

Je tire la chaise vers moi, avant de m'asseoir à sa table.

— Hey...

— Hey..., répliqué-je alors qu'une jeune serveuse, pratiquement mon âge, prend ma commande.

Je me contente d'un chocolat chaud et Tessa prend un café corsé.

C'est presque amusant. Sa commande correspond tout à fait au goût amer que sa trahison m'a laissé. Lorsque je plonge mes yeux dans les siens, j'y retrouve le regard de celle qui m'a humilié devant l'entièreté du lycée, et quelle est la raison ?

Parce que mon père a détruit sa famille. Se rend-elle compte que la mienne a été réduite en cendre depuis bien longtemps ?

Un peu comme notre amitié. Elle a frotté l'allumette, et l'a fait tomber contre le risque que tout flambe. Maintenant, nous en sommes là, à se fixer dans le blanc des yeux, en espérant que l'une de nous ouvre la bouche en première.

— Tu voulais me parler ?, osé-je dire en laissant mes pupilles divaguer sur les cernes qui marquent ses traits.

Le pull noir qu'elle porte remonte jusque dans son cou, camouflant alors sa nuque. Elle tripote les manches de ce dernier en hochant indolemment la tête. Son teint, bien plus pâle que d'habitude, témoigne des jours de cours qu'elle a manqué depuis quelques jours.

Elle a beau se montrer en victime, je n'oublie pas le chantage sexuel qu'elle a pratiqué avec Tyler. Le souvenir de ses messages sur mon casier ne s'efface pas non plus. Puis, toutes ses petites remarques qu'elle avait pour l'habitude de m'imposer, sans que je lui demande son avis, me démange fortement.

Face à elle, la vérité se dévoile petit à petit. Elle n'a jamais été l'amie que je pensais. C'est ce qui m'attriste le plus. Encore une fois, j'ai romantisé chacune des moindres actions bienveillantes qu'elle avait envers moi, tout en négligeant les détails malsains de notre relation.

La serveuse nous interrompt de nouveau, déposant donc son café et mon chocolat sous nos yeux.

L'odeur de lait et de chocolat chaud me parvient aux narines, j'apprécie quelques secondes ce moment de paix.

— Je... Je suis désolée.

Ça lui écorche la gorge, on dirait. Quelques mots d'excuses, et elle perd la face.

— C'est tout ?, m'offensé-je en la lorgnant.

Je ne veux pas crier, je ne veux pas être mauvaise, et encore moins être celle qui foulera le livre de la haine en boucle et en boucle.