14 ★ Imagination et idéalisation.

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CHAPITRE 14.

𝄞 BLACK OUT DAYS, by PHANTOGRAM. 𝄞
« I think I worry a lot,
I need to take it easy. »

ARYA

Dans la voiture pour rejoindre le cabinet d'Olivia, l'ambiance est glaciale, voire... mortelle, et la culpabilité ne peut s'empêcher de me ronger. Les gouttes de pluie frappant avec ardeur le pare-brise sont symboliques au tas d'émotions pessimiste tourmentant mon âme.

Et si j'avais fait quelque chose de mal ?

Et si j'avais oublié de faire une des tâches ménagères ?

Et si elle s'était encore disputée avec papa ?

En plus de mes réflexions les plus destructrices, le reflet que j'aperçois à cause du rétroviseur ne me convient pas.

Je me trouve si laide.

Pourquoi je ne peux pas avoir la peau lisse ?

Pourquoi je ne peux pas avoir de beaux et longs cils ?

Pourquoi je ne peux pas avoir le visage symétrique comme ces filles ?

Mes jambes se mettent à trembler nerveusement et j'essaie en vain d'arrêter, mais l'angoisse me prend aux tripes, je ferme alors les yeux et pose ma tête contre la vitre de la voiture.

Putain c'est toujours la même chose.
J'ai toujours l'horrible sensation de ne jamais être assez bien.

Pourquoi ?
Parce que tu n'es jamais assez bien Arya.

Je rêve de tuer cette petite voix qui ne cesse de me hanter. Je rêve de la battre à son propre jeu, pourtant elle fait partie de moi, c'est moi.

Le moteur s'arrête de gronder et j'aperçois enfin l'immeuble dans lequel se trouve le cabinet d'Olivia. Un soupir s'échappe de mes lèvres et je sens le regard de ma mère sur moi.

— Tu prendras le bus pour rentrer ce soir, je dois emmener ton frère à un examen.

Je me contente de hocher la tête et je sors de l'habitacle.

Une fois dehors, je respire l'air frais et ne perds pas de temps avant de rentrer dans cet immeuble qui regorge de psychologues et thérapeutes...

Si ce putain d'accident ne serait pas arrivé, je n'en serais pas là. Et si je n'avais pas raté cette tentative, je n'en serais pas là non plus. Mais apparemment, je suis tellement stupide que je n'arrive pas à me tuer.

Et je suis si lâche, que je ne trouve pas la force de recommencer.

Devant la porte, j'attends, le cœur battant à cent à l'heure.
La poignée s'abaisse et Olivia, le sourire aux lèvres, m'accueille chaleureusement.

— Un café saveur vanille ? Comme toujours ?, me propose-t-elle en m'invitant à m'installer.

J'acquiesce et elle met en route sa machine à café. Une fois assise sur le sofa, elle revient vers moi, deux cafés à la main, je la remercie et elle s'installe à son tour.

C'est étrange de devoir avouer nos pensées les plus sombres, celles qui ont tendance à rester bloqués entre nos lèvres à une inconnue qu'on ne voit qu'une fois par semaine.
Cependant, c'est devenu un quotidien, mon quotidien.

Sur la petite table qui nous sépare, elle dépose mon schéma de montagnes, à contrecœur, je capture le stylo et trace une croix, là où je situe mon état.

FOREVER AND EVER [ TERMINÉ ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant