Avant-propos

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Un samedi matin, un grand malheur s'est abattu dans mon foyer : mon petit disque dur, suite à plusieurs chutes consécutives dues aux mains curieuses d'un petit bambin de dix-huit mois, ne répondait plus, non reconnu par le pc. Impossible d'y accéder et de pouvoir récupérer les données. Un profond sentiment de détresse m'envahit : une grande partie de ma vie était dans ce disque : tous mes écrits d'adolescent s'y trouvaient. En désespoir de cause, je me suis mis à fouiller tous mes autres supports pour voir si je n'avais point une copie de sauvegarde. Je me suis mis à parcourir les dossiers. Soupir de soulagement, il était là. Le Roman noir. Ce livre inachevé, racontant mes galères d'ado et jeune adulte que je n'ai pas réussi à terminer.

Est-ce que cette histoire vaut la peine d'être racontée ? Honnêtement, je n'en sais rien. Pendant des années, je pensais que ce que j'avais traversé faisait de moi quelqu'un d'extraordinaire, d'avoir une histoire hors du commun et qu'il fallait que je la raconte. Pourtant, depuis quelques années, je ne pense plus pareil. Je pense que j'étais un ado comme un autre, qui, trop sensible, s'était laissé enfoncer plus que les autres. Pourtant, on a tous eu, étant jeunes, nos gros coups, nos déboires, et nos bêtises.

Ce soir, j'ai décidé de franchir le pas. De mettre mes autres projets d'écriture de côté, histoire de réellement terminer cette histoire, mon histoire, dont la rédaction a commencé en 1997. Et pourtant, dès que je me remets à écrire, ou simplement relire ces textes, inlassablement cette boule se forme dans mon ventre. Un début de mini-crise d'angoisse, parce que me rappeler tous ces souvenirs, toute cette souffrance, même encore maintenant, fait remonter un tas d'émotions à la surface. Mais quelque chose en moi me pousse à le faire, à terminer ce récit. Parce que c'est réellement important pour moi de pouvoir mettre le mot fin à la suite de tous ces mots. Pour dire qu'une page se tourne.

Est-ce que cette histoire vaut la peine d'être racontée ? Honnêtement, je n'en sais rien. Je voulais partager ce qui m'était arrivé à d'autres personnes. Je pensais que cela pourrait servir d'inspiration à d'autres jeunes en plein mal-être, de montrer qu'il est possible de s'en sortir, et qu'après la pluie, arrive toujours une éclaircie puis le soleil. À chaque fois que je me sentais mieux, que je pensais que mes mésaventures étaient derrière moi, je me mettais à écrire ce qui m'était arrivé. Et bien souvent, ce n'était qu'une accalmie, avec des galères et souffrances qui prenaient de plus en plus d'ampleurs.

J'ai achevé la première partie en 1997. Ensuite, j'écrivais au fil du temps, lorsque j'avais un peu de temps, quand c'était un peu plus calme dans les événements de ma petite vie. Mais c'était toujours un exercice difficile. Se rappeler certains faits, se remémorer la douleur ressentie, pouvait me faire beaucoup de mal. Et en 1999, lorsque je suis rentré à l'institut Cardijn, j'ai totalement arrêté d'écrire.

Suite à un tournant de ma vie, en 2003, mon besoin d'écrire s'est à nouveau fait ressentir. J'ai d'ailleurs commencé à écrire dans un carnet que j'ai baptisé « les tourments de l'âme » J'y mettais toutes mes angoisses, mes colères, juste histoire de les coucher sur papier et de me sentir un peu mieux. Personne n'a lu ce qu'il y avait dans ce carnet, jusqu'il y a peu : j'ai mis un des textes les moins violents sur mon blog : Abysses. Et j'ai ré-ouvert le Roman noir. Ma vision de la vie avait bien changé à l'époque, je ne pensais plus que j'avais vécu une histoire extra-ordinaire, mais que j'étais simplement un adolescent qui a peut être eu un mal-être un peu plus important. Mes colères et mes rancunes envers certains actes et personnes s'étaient estompées, et j'avais aussi appris à pardonner.

J'ai commencé à faire des annotations, pour y mettre mon point de vue actuel. Mais de nouveau, n'étant pas très bien à l'époque, me remémorer faits et souffrances n'était pas idéal. Cela me faisait beaucoup de mal, et tout seul dans mon studio tard la nuit à Louvain-La-Neuve, j'étais prêt à péter un gros câble. En quittant Louvain pour Bruxelles, j'ai refermé ce Roman noir. Je ne l'ai plus rouvert pendant 11 ans, jusqu'à ce matin-là.

Au final, très peu de personnes ont lu cette biographie. Seules les personnes très proches ont lu ce que j'ai écrit. Parce qu'ils se posaient des questions sur moi, et hormis les quelques personnes en qui j'avais une confiance absolue, je n'étais pas prêt à partager cette partie de moi. Je commence néanmoins à le faire, maintenant, en prenant comme départ le challenge d'Alias, un challenge où l'on raconte, pour cet été 2014, nos échecs. J'ai posté sur mon blog donc ce fameux échec, ce Roman noir, travail inachevé. Et depuis une semaine, ça cogite dans ma tête. Je veux le terminer. Je vais réécrire une grande partie je pense, parce que oui, ma vision du monde, ma vision de ma vie d'adolescent a changé. De plus, ayant pas mal réfléchi, il y a pas mal de choses que j'ai occultées : des problèmes survenus durant mon enfance, des ennuis avec mon père, même si cela va mieux maintenant, et je pense que ce sont des gouttes, même si distillées sur une longue période, qui ont conduit à ce qu'un moment le vase déborde.

Voici donc ma vie d'ado, mes galères. Certaines choses ne seront peut-être pas faciles à lire (et donc, pour moi, à écrire). Certaines choses aussi resteront tues, parce que soit j'ai trop honte de mes actes, soit cela peut ranimer d'autres mauvais souvenirs à d'autres. Si j'écris ce bouquin, c'est pour plusieurs raisons : parce que lorsqu'on est ado, on pense qu'on est seul dans cette merde. C'est faux, on a tous eu nos moments de révolte de colère et de découragement. Également parce que j'ai besoin de cela. J'ai besoin de terminer cet écrit, de pouvoir y mettre un jour le mot fin. Parce que je veux partager ceci à tous. J'ai juste renommé mon écrit. Parce que « le Roman noir », ce n'est pas très positif, je l'ai juste renommé sans la moindre prétention « Salut, moi c'est Greg ». Un livre qui parle de mon passé, de ces expériences qui ont forgé l'homme que je suis devenu.

J'ai décidé également de laisser mon ouvrage en accès libre. Je suis un ardent défenseur d'un libre accès à la culture, et j'estime que tout un chacun doit pouvoir lire, écouter de la musique selon son choix, sans contrainte. C'est pourquoi vous avez pu télécharger ce livre au format EPUB ou PDF. Bien sûr, si vous trouvez que cet ouvrage en vaut la peine, vous pouvez me soutenir. Que ce soit par un don, un partage de ce livre à vos connaissances, c'est vous qui décidez. C'est aussi pour cette raison que vous pourrez acheter une version papier de ce livre.

En tout cas, merci de me lire, je vous souhaite une bonne lecture et la bienvenue dans mon univers !

Salut, moi c'est Greg [édité chez Atramenta]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant