Depuis quelques temps déjà, je repensais souvent à M. Je ne sais pas pourquoi. Chaque fois que j'essayais de l'oublier, les sentiments que j'ai pour elle semblaient me revenir plus fort encore. Je n'avais plus jamais de nouvelles d'elle. De plus, son amitié, sa présence me manquaient. Je lui écrivis pour essayer de réanimer notre amitié, mais je ne lui avouai en rien mes sentiments. Je m'étais promis de ne jamais le lui dire. Je n'eus pas de réponses directement. La confusion entrait de plus en plus en moi. Je ne savais plus que faire, car malgré tout j'aimais Aurélia comme jamais. Mais je souffrais de plus en plus. La souffrance arrivait à son paroxysme. J'écrivis encore quelques poèmes sur elle sans qu'aucune des deux ne le sache : ni Aurélia, ni M., et personne d'ailleurs n'étaient au courant. Je décidai de partir à Clervaux quelques jours avec mon grand-père et je dis cela à mon médecin traitant, qui me dit que ça allait arranger beaucoup de choses.
Quelques jours plus tard, mon grand-père et moi partions pour l'Abbaye. Là, je rencontrai un autre dépressif, Stéphane. Il me fit découvrir des musiques dépressives et je me rendis réellement compte ce que c'était Korn. Son chanteur, Jonathan, l'était lui-même et utilisait la musique comme thérapie. Tout comme Kurt Cobain, que j'écoutais à nouveau de plus en plus. Cette musique me soulageait un peu dans ma souffrance. Le soir, on buvait comme des trous. J'avais acheté une bouteille de vodka et lui une de rhum brun. Mais ce garçon était aussi très mal. Il tentait un sevrage à l'héroïne. Mais vers 11 heures du soir, lorsque je me retrouvais seul, ça n'allait à nouveau plus. La journée, je passais mon temps à écrire cette histoire, et ce n'était pas de tout repos. Avec Stéphane, lorsqu'on était ensembl, ça allait encore car il y avait de l'alcool, j'étais angoissé, mais c'était encore supportable. Mais la nuit, je hurlais toutes les larmes de l'enfer qui brûlaient en moi, je cherchais n'importe quoi qui puisse me faire mal physiquement pour essayer d'enlever cette douleur. Je n'en pouvais plus, toutes sortes de pensées venaient en moi, je ne savais plus quoi faire, j'étais malheureux, je souffrais comme aucune personne de normal n'avait souffert. Elle était vraiment trop forte.
Nous sommes rentrés le vendredi 12 juin 1998. Le lendemain c'était l'anniversaire de M., et préalablement je lui avais envoyé une carte pour en lui souhaiter un bon, un heureux anniversaire. Le bonheur, être heureux ! C'est ce que je souhaite à tout le monde et à moi- même, mais je n'ai jamais pu réellement y goûter ! Mais lorsque ma mère vit l'état de mes bras et de mon ventre, avant de partir à Clervaux, elle se dit qu'il y avait un gros problème et commençait à me surveiller sans cesse de peur que je refasse une tentative de suicide. Ces doutes se sont avérés bien réels. Le mardi 16, ma mère devait aller à Wavre pour y faire des courses. Je l'accompagnai pour me changer les idées et pour aller voir Michel, Géraldine et les autres personnes de ma classe. Tout se passa bien. Michel lorsqu'il me vit, sauta même dans mes bras. On discuta un peu et puis je vis Alex. On partit à deux boire un verre et discuter, mettre les choses au point. Il me raconta un tissu de conneries, bien sûr. Bref, rien n'avait changé, la rage que j'avais pour lui s'était un peu juste apaisée. Je repris le bus et je rentrai à la maison à midi et demie.
Ce mardi-là, je fis une grosse connerie. Je me sentais mal, je souffrais horriblement. Je ne voulais pas faire souffrir Aurélia à cause de moi. Je décidai de rompre. Je lui écrivis une lettre. Lorsque je fus rentré après l'avoir posté, j'étais vraiment mal, je ne savais vraiment pas quoi faire, j'aimais Aurélia, je ne voulais pas me séparer d'elle. L'angoisse suite à cet acte devenait de plus en plus forte. Alors, je me dirigeai vers mon bureau, je pris le cutter et commençai à me tailler les veines. Enfoncer le cutter dans ma chair encore et encore, encore et encore. L'entaille dans mon bras et d'ailleurs mon avant-bras tout entier étaient tels qu'ils auraient pu faire partie d'un film d'horreur bien gore. Mais je l'avais mal fait, le sang coulait, mais pas assez vite à mon goût. J'essayais de le cacher, mais j'avais absolument besoin d'être recousu. Je le montrai à ma mère qui m'envoya sans plus tarder chez le médecin traitant. Après m'avoir recousu, elle téléphona à mon psychiatre pour que je le voie d'urgence. Je le vis le lendemain, en l'occurrence le mercredi, et le résultat fut que j'allais à nouveau être hospitalisé. Je pris rendez-vous avec le docteur Schaffer, qui me donna rendez-vous à l'hôpital la Ramée le vendredi de la même semaine pour un entretien et visiter la clinique.
Le lendemain, jeudi, Aurélia rentrait de son internat car elle avait fini ses examens de fins d'études. C'est là qu'elle reçut ma lettre. Elle me téléphona directement après l'avoir lue. On s'expliqua au téléphone et on décida de se remettre ensemble. Je lui dis que j'avais fait une TS et compagnie, mais elle passa l'éponge. On décida que je passerais la nuit chez elle avant d'aller à la clinique. Je m'arrangeai avec ma mère pour aller la chercher le lendemain à la place De Brouckère au centre-ville et de cet endroit, se rendre à l'hôpital. Ma mère fut d'accord et je pris le premier bus pour Leuven, afin de me rendre à Bruxelles en train. On se retrouva Aurélia et moi à notre endroit habituel. On parla un peu, puis ce que j'avais fait fut oublié. Elle était tellement mignonne que je regrettais mon geste. On alla chez son père. On passa le début de la soirée chez lui, avec qui je discutai un peu, et qui me passa un petit savon sur mon geste, puis on alla fêter la fin de ses examens à deux. Première et dernière sortie en amoureux le soir. Nous allâmes dans différents endroits boire quelques verres. Nous voulions aller au cinéma, mais il n'y avait rien d'intéressant à l'affiche. Bref, on passa une fort bonne soirée et on rentra avec le dernier tram. Ce fut ma dernière soirée libre avant un mois et demi.
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Salut, moi c'est Greg [édité chez Atramenta]
Non-FictionEst-ce que cette histoire vaut la peine d'être racontée ? Honnêtement, je n'en sais rien. Pendant des années, je pensais que ce que j'avais traversé faisait de moi quelqu'un d'extraordinaire, d'avoir une histoire hors du commun et qu'il fallait que...