Toujours plus bas: souffrance

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Le mardi 3 mars 1998, la journée fatidique, une semaine jour pour jour après la consultation chez Debruin. J'étais mal, je ne me sentais pas bien. Les problèmes avec Isabelle, les problèmes avec mon père, ma souffrance intérieure, aucun moyen d'évasion...


J'avais, comme d' habitude le mardi, fini les cours à 13h. On décida d'aller boire un coup, des potes et Isabelle, qui n'avaient pas cours jusqu' à deux heures et demie. J'avais trop mal, je buvais verre sur verre. J'essayais de pousser les choses avec Isabelle. Mais chaque fois, elle disait que c'était trop tôt, que je devais attendre. Elle me faisait espérer, alors qu'elle savait pertinemment bien qu'on ne sortirait plus jamais ensemble. Je n'en pouvais plus, j'en avais marre. Je souffrais. Et j'en avais marre de souffrir. A deux heures et demie je raccompagnai Isabelle à l'école et en même temps prendre Xavier, un bon pote à moi qui finissait à cette heure-là. On retourna boire un verre ou deux, avant de reprendre notre bus. La crise commença à s'amorcer :


-Je vais me tirer une balle, lui disais-je.


- S'il te plaît, ne fais pas de conneries.


Je commençais à être bourré et Xav ne me prit pas trop aux sérieux. Moi non plus d' ailleurs, bien que l'idée creusait de plus en plus son chemin, j'étais encore hésitant. Lorsque je suis rentré chez moi à 17 h, j'avais complètement dessaoulé. J'écrivis une lettre à Isabelle. Ma mère le lendemain matin avait voulu lire la lettre puis la donner à Isa, mais elle avait renversé du café dessus. Je l'ai retrouvée par hasard à la maison, durant le mois de mai. Je la relus et réussis à retrouver les mots effacés par le café. La voici, en grande partie :


Le 3 mars 1998.


Chère Isabelle,


Je t'avais dit que je te répondrai. Eh bien, choses promises, choses dues. Ce n'est pas comme certains dont je ne citerai pas le nom. Pour le moment, j'écoute Pearl Jam, la musique des déprimés et des suicidés.


Je ne vais pas bien Isabelle. Tu vois, parfois la douleur est trop forte et je n'arrive pas à la cacher. Comme aujourd'hui. J'ai trop mal Isa. Je souffre trop et j'en ai marre de souffrir. J'ai le coeur qui est complètement bousillé. Il est mort un certain vendredi 7 février. Je ne suis plus qu'un tas de chair sans âme : elle est morte. Une partie de moi-même s'est éteinte. Je ne veux pas te faire de chantage, c'est juste une façon imagée d'expliquer les choses. Mais en fait, je sais que je devrais arrêter de dire de pareilles conneries, car je sais que tu ne m' aimes plus, qu' on ne sortira jamais plus ensemble et que je m' accroche à un rêve perdu, qui ne se réalisera jamais. Mais je ne peux pas m'en empêcher, car l'amour que j'ai pour toi est plus fort que tout.


...


Je vais devoir te laisser. Je sais que ça ne sert à rien de te le dire, car je sais que tu n'en as plus rien à foutre d'un pauvre con comme moi, mais je te le dis quand même : Je t'aime


GREG.


À ce moment-là, j'hésitais encore à passer à l'acte. Puis tellement que j'étais déprimé, je fis trois fois le trajet de la pharmacie à ma chambre. J'avais pris du Melleril, médicament indiqué dans les sevrages et pour soulager les angoisses, mes somnifères, mon antidépresseur, de l'Anafranil, du Lysanxia, de lAropax, et de l'Imovane. J'ai avalé les pilules, encore et encore... Je n'avais pas encore tout avalé que ma mère m'appela. Je descendis et je commençais déjà à sentir l'effet des médicaments. On discuta un peu. Ma mère devait partir à son cours de boulangerie et voulait que je garde mes soeurs, de respectivement 3 et 4 ans. Je commençais déjà à ne plus tenir debout et je m'assis pour rouler une clope. Puis, ce fut le trou noir...


Salut, moi c'est Greg [édité chez Atramenta]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant