Mes vacances commencèrent le 27 juin avec le pré camp scout. J'avais bien préparé le woodcraft et le concours gastro. J'étais bien obligé, pour le second cas : une grande partie de l'argent de la caisse s'était envolé en alcool ou en herbe et j'arrivai avec 1000 francs1 comme argent de patrouille. Le pré camp me faisait déjà ch... et j'en avais déjà marre. Je vécus le camp le plus infernal de ma vie scoute. Après seulement trois jours, je voulais déjà rentrer chez moi. J'avais 1000 francs pour payer la bouffe et le train. J'écrivis tout cela à mes parents, ils me répondirent que c'était dangereux et autres choses du genre. Ils m'envoyèrent l'autorisation de fumer des clopes au camp, pour que je puisse tenir jusqu'à la fin (cela fonctionnait comme cela à l'époque, les plus vieux pouvaient fumer moyennant une autorisation parentale).
Le 4 juillet, le jour de la fête d'indépendance américaine et de l'anniversaire de mon père, les chefs changèrent de rôle avec les chefs guides qui campaient non loin de là. Moi, je déprimais complètement. À l'inspection, les intendants fouillèrent les sacs et tombèrent sur une centaine de cigarettes que j'avais roulé préalablement avant de partir, et sur deux paquets de tabac et accessoires (je n'ai reçu l'autorisation que le lendemain).
Les chefs guides voyaient bien que l'ambiance dans la patrouille était foireuse, que j'en avais rien à cirer des scouts. Olivier, l'ancien chef de troupe devenu bon ami, était venu faire l'intendance à ce camp-ci. Il m'expliqua la perfidie du staff : ne voulant pas se mettre à dos tous les scouts, ils en avaient profité pour demander aux intendants de fouiller les sacs de tous les scouts, pour traquer les clopes. Mais en plus, il voyait bien que je n'allais pas très bien. Il voulut discuter, mais j'invoquai des autres excuses, des problèmes qui s'étaient ajoutés et qui avaient amplifié l'affaire.
Quelques jours plus tard, je reçus une lettre de ma chère M. La cheftaine, qui n'était pas au courant de tout ce qui se passait, avait été très choquée par mon attitude. Elle raconta à un conseil restreint de guides que je fumais comme un trou, alors qu'elle ne m'a pas vu fumer, que je ne faisais rien, et que c'est à cause de moi qu'il y avait une mauvaise ambiance dans la patrouille. Bref, une humiliation en plus de tous mes problèmes. Vers la fin du camp, au hike, ma patrouille et moi-même traversâmes un champ, pour éviter un long détour. Malheureusement pour nous, le fermier porta plainte. Ce qui fait qu'on nous passa un de ces savons inimaginables. Finalement, les chefs allèrent s'excuser et le fermier abandonna les poursuites.
Pendant que j'étais au camp, mes parents partirent en Italie avec des amis. Les enfants de ceux-ci, Alain et son frère, étaient restés en Belgique, car ils avaient aussi leur camp à faire. Nous devions rejoindre nos parents en prenant l'avion jusqu'à Milan et puis prendre le train jusqu'à Florence. Quand nous arrivâmes à l'aéroport, les hôtesses nous annoncèrent que notre avion avait 4 heures de retard. Nous avons dû attendre à l'aéroport. Nous sommes arrivés au lieu de villégiature à minuit au lieu de 18 heures, et moi qui étais si fatigué de mon camp ! Le lendemain, je pus regarder les environs que je n'avais pas vus la veille, à cause du noir. L'endroit était superbe, la villa était entourée de vignes, nous n'étions entourés que par la nature, le village le plus proche étant à plusieurs kilomètres. Je fis la connaissance de celles que j'appelai les quatre créatures de rêves : Sophie, Aline, Cindy et Cindy. J'ai très vite sympathisé avec elles, surtout avec Sophie, qui devint, pendant quelque temps, ma confidente.
Pendant ces vacances, je pus un peu oublier mes ennuis, le dépaysement total aida beaucoup, et j'ai pu me passer de drogues pendant deux semaines. Je pensais toujours à M., mais j'étais fort attiré par Sophie, qui elle avait flashé sur Alain ; qui, je dois dire, était vraiment plus beau que moi. Je ne lui ai rien dit durant notre séjour. En pensant à M., j' écrivis le poème « Sans Elle ». Je composai aussi « Le banc rose » pendant ces vacances, mais celui-là n'a pas de message précis.
Quand nous sommes rentrés, c'est comme si je n'étais pas parti en vacances. Je repris tout de suite mes bonnes vieilles habitudes. Il me restait de l'herbe, et je la fumai. Je commençai à correspondre avec Sophie. Pendant plusieurs années, nous nous écrivîmes environ une fois par semaine. On se racontait toutes nos galères. Ces lettres me firent beaucoup de bien. Je pouvais me confier à quelqu'un.
D'habitude, pendant les vacances, j'allais quelques jours à l'Abbaye de Clervaux avec mon grand-père. Mais cette année-là, on ne fit pas notre petit séjour. Je travaillais tout le mois d'août dans un magasin à Jodoigne, un nouveau commerce qui ne vendait que des produits de l'enseigne. Il n'y a rien d'autre à dire de ce mois de vacances, si ce n'est qu'un dimanche, M. est venue passer un après-midi à la maison. J'espérais encore, mais ce fut toujours non, et le soir tellement j'étais mal, je fis ma seconde tentative de suicide, qui a foiré encore plus vite que la première.
À la fin du mois, je reçus un acompte de quinze mille Francs3 pour mon travail au magasin, et pour fêter la fin des vacances, je passai le mardi 2 septembre à Bruxelles avec un copain, Ali. Nous étions à peine arrivés que nous avions déjà notre herbe. Mais, vers dix heures et demie, alors que nous étions sur la place de la Monnaie, contrôle de flics. Gros stress. Finalement, ils ne nous fouillèrent pas, les flics pensaient simplement que nous brossions les cours et nous n'avons rien eu. Le reste de la journée se passa sans problème, mais nous avions quand même eu un petit stress : alors que nous étions au parc du Cinquantenaire, deux Arabes vinrent vers nous, ils ne savaient soi-disant pas où se trouvait une librairie. J'allai avec un des deux, il s'acheta des grandes feuilles, le papier pour joint, et me paya une bouteille d'eau.
Ensuite, quand nous rejoignîmes mon copain et l'autre mec, je ne connais toujours pas à l'heure actuelle leurs noms, celui avec qui j'ai été à la librairie, nous invita à aller fumer avec eux. Invitation qui était bien sûr impossible à refuser ! On arriva à l'école de ma mère, qui nous ramenait au patelin, complètement défoncés. Le temps de prendre la voiture, je remarquai vaguement une fille dans la classe de ma mère. Elle était belle, mais moi, étant en pleine défonce, je ne m'attardai pas beaucoup dessus. Pour moi, à ce moment-là, seul mon délire comptait. Tel fut le dernier jour de mes vacances, car le lendemain c'était le retour à l'école.
1Francs belges, environ 25 euros. Un euro = 40 francs.
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Salut, moi c'est Greg [édité chez Atramenta]
Não FicçãoEst-ce que cette histoire vaut la peine d'être racontée ? Honnêtement, je n'en sais rien. Pendant des années, je pensais que ce que j'avais traversé faisait de moi quelqu'un d'extraordinaire, d'avoir une histoire hors du commun et qu'il fallait que...