L'année scolaire commençait vachement bien : je me retrouvai dans la même classe que l'année précédente. Il y avait deux, trois nouveaux dans notre classe, dont l'un d'eux, Alex, qui devint par la suite un de mes meilleurs amis. Mais le reste de la classe m'indifférait toujours. Une de mes amies, une punk, Angélique, que je connaissais depuis ma sixième primaire, avait doublé, et on se retrouva pour les cours de Sciences et de Latin. Un peu plus tard, elle me fit faire connaissance d'Amy, une punk elle aussi, qui était nouvelle à l'école, et qui est tombée dans la classe d'Angélique, mais également de M.
Deux mois plus tard, je sortais avec Amy. Je dois dire qu'elle n'avait pas un physique de top-modèle, mais elle était très gentille et avait un cœur en or. Amy réussit même à me refaire sourire pendant une brève période. Notre relation dura un mois, je la plaquai un mercredi. J'en avais marre d'elle, j'étais comme en prison, elle m'étouffait, téléphonait sans cesse à la maison. Je partais quelque part, j'étais à peine rentré qu'elle téléphonait pour voir comment j'allais et contrôlait à tout moment mes allées et venues. Et rien à faire, je n'arrivais pas à oublier M. On resta cependant bons copains, on fumait de temps en temps notre petit joint ensemble, avec Bruno, un pote que je lui avais présenté et qui devint son meilleur ami.
Vers mi-septembre, je fis connaissance de Damien, un garçon de mon âge, et qui habitait mon village, pas très loin de chez moi. Depuis lors, on passait tout le temps l'un chez l'autre. Et lorsque j'achetai ma guitare pendant les vacances de Toussaint, il m'apprit les rudiments de la musique. Pendant que je sortais avec Amy, je fis ma deuxième grosse connerie inconsciente : j'écrivis à M., lui disant que j'en avais plus rien à foutre d'elle, qu'elle me faisait chier, et des autres choses du genre. Il n'a pas fallu deux jours pour m'excuser. Je lui avais fait beaucoup trop mal, au point qu'elle en pleura beaucoup.
Une des autres erreurs fut de ne pas arrêter les scouts. Je ne voulais plus revivre le camp infernal du mois de juillet. Le staff avait changé, et ils voulaient absolument que je reste. Ils vinrent me voir une après-midi, et pendant tout ce temps, ils tentèrent de me faire changer d'avis. Je posai mes conditions, à savoir que je voulais que la composition de la patrouille change. Avec cette promesse de leur part, j'acceptai de rester. Je fus vite déçu. La promesse ne fut pas tenue. Mon second et le troisième de patrouille habitaient tout près de chez moi, et s'entendaient comme larrons en foire. Ça ne m'aidait pas dans mon rôle de « chef », car Greg étant le copain, l'autorité était contestée tout le temps (et c'était un des gros problèmes du camp précédent). Rien n'avait changé, mais je restai. Pour le camp, on verrait plus tard.
Après la période "Amy", mon inconscience étant encore plus profonde, et Sophie m'ayant écrit dans sa lettre une tirade d'un de ses poèmes, croyant que cela m'était destiné, l'attirance que j'éprouvais pour elle pendant les vacances revint chambouler mon état d'esprit. Je lui écrivis un poème, « Amour et Tristesse », lui disant que moi aussi je l'aimais. Mais à la lettre suivante, Sophie m'expliqua que ce n'était pas destiné à ma personne, je me mordis bien les doigts. J'ai même pleuré pour cela. Il faut dire qu'à cette époque un rien me faisait pleurer. L'école était mortellement ennuyeuse, les cours ne m'intéressaient guère et au bulletin de Noël j'avais déjà trois échecs.
Les vacances arrivèrent. Pour une fois, j'organisai une fête pour mon anniversaire, et j'avais invité mon cousin, qui est un frère pour moi, qui s'appelle Gilles, ma cousine Valérie, Sophie, Aline, mon second appelé Nicolas, un autre de mes scouts, Sébastien (le troisième de patrouille), et Alain, le fils du parrain de Margaux, ma petite sœur (et qui était en Italie avec nous). J'avais invité aussi Marc, Alex, Amy, Bruno, Damien et M., mais ils ne vinrent pas. La fête se déroula comme sur des roulettes, personne n'avait d'herbe, et mes parents avaient mis le holà pour l'alcool. Ce qui fait que tout le monde avait un état d'esprit normal, même si par nostalgie on se fabriqua un bong avec une bouteille d'eau dans lequel on fumait du tabac. Je commençais à bien aimer le rap, surtout Cypress Hill, pour les effets sonores si agréables quand on est pleine vape.
À Noël, mes parents se doutèrent pour la première fois que je me fumais. Valérie avait apporté de l'herbe, et j'avais fumé avec elle. Seulement, cette herbe ne me fit pas le même effet que d'habitude, car je fis une superbe chute de tension devant toute ma famille. J'étais plus pâle que d'habitude et les yeux complètement injectés de sang. Mon père comprit directement de quoi il s'agissait. Il avait été gendarme dans le passé, et c'était tellement flagrant que pour une fois il reconnut mon état. Il commença à crier devant tout le monde que j'avais fumé un joint, mais moi, je niai toute l'affaire. Pendant un bon quart d'heure, ce fut l'engueulade devant toute la famille. Ce fut mon grand-père qui me tira de ce pétrin, simplement en prenant ma tension qui se révéla très basse. Finalement, cette histoire tomba aux oubliettes pendant quelques mois, jusqu'à ce que mes vieux eurent la preuve que je fumais réellement.
Mes parents cependant commençaient à se poser de questions. Un jour, le professeur titulaire appela mes parents. Elle leur demanda si j'avais des problèmes de santé. J'arrivais complètement pété en classe, je m'endormais sur les bancs et je n'arrivais pas à suivre. Ma mère tombait des nues, elle ne soupçonnait rien du tout. Quelques semaines plus tard, elle découvrit le pot aux roses.
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Salut, moi c'est Greg [édité chez Atramenta]
Non-FictionEst-ce que cette histoire vaut la peine d'être racontée ? Honnêtement, je n'en sais rien. Pendant des années, je pensais que ce que j'avais traversé faisait de moi quelqu'un d'extraordinaire, d'avoir une histoire hors du commun et qu'il fallait que...