Chercher sa voie

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Enfin sorti. Enfin libre. Allait commencer le vrai travail maintenant. Savoir quoi faire de ma vie. Trouver des solutions pour m'en sortir, pour ne plus vivre ces crises d'angoisse et apprendre à les accepter et les gérer. Je ne savais pas cependant, que ça me prendrait encore un bon bout de temps.


Je filais le parfait amour avec Mélanie. Elle vivait loin de chez moi, cependant, il me fallait deux bonnes heures en train pour aller jusque chez elle. Elle dépendait du CPAS (l'aide sociale belge), avait un petit appartement mais lorsque je n'étais pas chez elle, elle restait chez ses parents, qui vivaient à cinq minutes à pied de là. On se voyait le plus souvent possible, je restai parfois une semaine entière chez elle ou elle chez moi.

On cherchait des solutions. On avait même nourri l'idée de créer un temple du rock : un magasin qui vendrait disques et toutes sortes de goodies liés au rock et metal, avec en plus des fringues. Bien sûr, ce projet n'est resté qu'au stade de l'imaginaire, et je ne pense de toute façon pas que ça m'aurait plu à long terme. Seulement, elle ne faisait rien pour s'en sortir.

Il m'a fallu du temps pour m'en rendre compte, je me voilais la face. Pourtant, tous les signes étaient là. Quelques semaines après mon hospitalisation, j'avais arrêté une grosse partie de ma médication. Il ne me restait plus que le Temesta, dont je n'arrivais pas à me défaire, ce qui n'aidait pas : j'étais presque tout le temps défoncé. Je prenais encore des médocs au soir, les fameux Trazolan et Stilnoct, pour être bien calmé pour la nuit. Je cherchais des solutions pour m'en sortir, même si cela me prenait du temps, de la réflexion. Quant à elle, elle se complaisait dans sa situation. Rien n'évoluait. Je pensais que ça viendrait avec le temps, mais rien ne changeait.

Une relation entre deux personnes en plein mal-être, ce n'est pas bon, et au bout de quelques mois, je n'en pouvais plus. J'avais l'impression de tenir le couple sur mes épaules. Elle se gavait toujours autant et allait se faire directement vomir dans les toilettes, se gavait toujours autant de médocs et n'était pas suivie régulièrement. Je n'en pus plus. Je ne pouvais pas rester dans cette situation. Et début avril, j'ai décidé de couper ma relation avec elle.

Pendant ce temps, je correspondais avec Max, qui était toujours dans son centre, bien loin à Thuin. Max adorait dessiner, il avait un talent incroyable. Il m'envoyait ses lettres sur des photocopies de ses dessins. On parlait de nos galères, comment ça se passait. Sa correspondance me faisait du bien. On se promettait de se voir dès qu'il pourrait sortir.

Je crois que c'était quelque temps avant que je rompe avec Mélanie, mais je ne suis plus sûr, j'eus droit à un sevrage forcé. Je n'arrivais pas à me passer de mes Temesta. J'en prenais matin, midi et soir. Dès que j'étais un poil contrarié, que je sentais un pic d'anxiété, j'avalais une pillule. Cela ne pouvait plus durer. Un beau matin, je me dirigeais vers la grande commode du salon, où je laissais mes médocs. Ils n'étaient plus là. Panique totale. Je sentais déjà l'angoisse qui commençait à m'envahir. Ma mère m'annonça que ça ne pouvait plus durer comme cela, et qu'elle avait planqué ma drogue. J'ai hurlé ce jour-là, de colère. Pourtant, je savais qu'elle avait raison. Ce truc était en train de me bousiller. J'étais tout le temps défoncé. La première semaine fut tout simplement horrible. Impossible de dormir. J'étais tout le temps sur les nerfs. Mais petit à petit, les effets de manque se calmèrent. Psychologiquement, par contre, c'était difficile. L'envie ne partait pas. Dès que ça n'allait pas, dès que je sentais le stress monter, j'y pensais et j'avais du mal à me sortir cette envie de ma tête.

Quelques jours (ou semaines, les dates ne sont plus précises) après avoir rompu avec Mélanie, Daphnée est passée quelques jours à la maison. Elle n'avait pas changé, elle était toujours aussi belle. Je pensais retomber amoureux. Le premier soir, je tentai déjà de l'embrasser, mais elle recula. Cependant, la deuxième nuit, c'était comme si on ne s'était pas quittés. On ne dormit d'ailleurs presque pas cette nuit-là. Je ne sais plus ce que je lui ai promis le lendemain, lorsqu'on l'a ramené chez elle. Je ne sais plus ce qu'on s'est dit. Le fait est que nous sommes pas ressortis ensemble. Je pense que de toute façon, je n'étais pas apte à recommencer une nouvelle relation. Et puis, j'avais un sujet de préoccupation qui allait m'occuper pendant de longs mois : préparer ce fameux examen d'entrée.

Je retournai souvent à Wavre, voir mes quelques amis de la Providence le temps de midi. C'est là que j'entendis parler de l'institut Cardijn. Certains de mes anciens camarades d'école iraient y poursuivre leurs études pour devenir Assistant Social. Ma mère et moi sommes donc allés nous renseigner. Oui, on pouvait bien poursuivre ces études sans diplôme, moyennant un examen d'entrée. On ne se fit pas prier : on fit directement toutes les modalités : inscription à l'examen d'entrée, préinscription à l'école et encore mieux : avec les difficultés de trajets, ma mère me prit une chambre d'étudiant. Seule avec trois enfants, on avait une réduction, ce qui fait que ça ne revenait pas trop cher. J'eus même droit à une visite de ma future chambre, et fis déjà connaissance avec l'un de mes futurs colocs qui gardait sa chambre pour l'année suivante. Maintenant, il ne restait plus qu'à se préparer.

Salut, moi c'est Greg [édité chez Atramenta]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant