Me voilà donc de retour à l'hôpital, avec le docteur No, à la place du docteur Schaffer. Dès que je suis arrivé à l'accueil, je reconnus directement une tête. Cécile, qui était à Erasme, m'accueillit donc pour ma deuxième hospitalisation. On fit les paperasses, puis on me conduisit à ma chambre. Lorsque j'installais les affaires avec ma mère, quelqu'un sortit de la salle de bain : c'était Fabrice, mon ancien voisin de chambrée ! On était à nouveau dans la même chambre. Le plus drôle, c'est lorsqu'on est sorti de la voiture, ma mère et moi, elle m'a justement dit :
- Chiche que tu seras dans la même chambre que Fabrice.
- Peut-être, avais-je répondu en n'y croyant pas vraiment.
Eh bien, oui, c'était le cas ! On a pas mal ri, et je discutai à mon aise avec Fabrice sur les raisons de mon retour et lui du sien lorsque ma mère fut partie.
On était à peine le premier soir, une fille vint me trouver : Mélanie. Elle était dans la chambre de Cécile, qui voulait me dire quelque chose qu'elle n'osait pas m'avouer. Les sentiments qu'elle avait éprouvés à Erasme envers moi refaisaient surface. Cela me revint en tête. Ces quelques jours où l'on s'était échangé des bisous-bisous, qui s'étaient soldés par un arrêt de ma part lorsqu'elle s'était à nouveau tailladé les bras. Je ne pouvais pas dire oui. J'ai continué à parler avec cette fille, Mélanie, et on fit plus ample connaissance. Elle avait sept ans de plus que moi, était là pour des problèmes d'anorexie-boulimie et de dépression. Malgré son problème, elle n'avait pas de réel surpoids et était vraiment très jolie. On commença à passer beaucoup de temps ensemble, au grand dam de Cécile qui m'adressa à peine la parole à partir de ce moment-là.
À ma deuxième hospitalisation sur place, je passai des heures entières avec un membre de l'équipe soignante. On travaillait à deux sur le journal, et on s'enfermait des heures dans le local informatique. C'est d'ailleurs lui qui m'a fait découvrir Placebo. Nico m'avait déjà fait écouter, mais je ne m'étais pas attaché aux paroles ni à quoi que ce soit, je trouvais en plus leur musique trop calme. Pendant un petit temps, les disques de ce groupe n'ont pas arrêté de tourner.
Cependant, la relation avec le psy se passait très mal. Elle était incapable de comprendre quoi que ce soit de ma personne. Elle n'était jamais à l'écoute. Si cela n'allait pas, je devais batailler pour la voir, et généralement elle me gavait de Temesta plutôt que de m'écouter. La relation empira lorsque Mélanie et moi découvrîmes que nous avions des sentiments très forts l'un pour l'autre. Quelques jours après mon entrée, on commença à sortir ensemble.
Seulement, les relations entre patients étaient très mal vues, voire interdites dans l'établissement. On commença à se cacher, mais cela arriva vite aux oreilles de l'équipe soignante. Et ce ne fut pas le seul problème. Mélanie m'avait caché un de ses problèmes, elle était cleptomane. Elle ne put s'empêcher de chiper des choses à ses voisines de chambrée. Le résultat fut sans appel, elle fut virée de l'hôpital.
J'étais furieux, car rien ne prouvait qu'elle avait volé ces choses directement. Je faisais part de mes griefs, et chaque fois que j'étais en entretien avec le psychiatre, que ce soit à ce propos, pour moi-même ou d'autres questions sur les soins, cela finissait en joute verbale entre le docteur et moi. Elle ne me faisait en plus absolument pas confiance. Pouvant sortir le week-end de l'hopital, chaque lundi je me faisais réveiller pour un test d'urine. Elle restait persuadée que je profiterais des sorties pour prendre de la drogue. Rester dans l'hôpital ne m'aidait pas, ne servait à rien. Je voulais sortir. Mon anniversaire approchait, j'allais fêter mes dix-huit ans. Je commençais à prendre conscience que légalement j'étais majeur et que quoi qu'on en dise, je pourrais prendre mes décisions tout seul sans que personne ne puisse s'y opposer...
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Salut, moi c'est Greg [édité chez Atramenta]
No FicciónEst-ce que cette histoire vaut la peine d'être racontée ? Honnêtement, je n'en sais rien. Pendant des années, je pensais que ce que j'avais traversé faisait de moi quelqu'un d'extraordinaire, d'avoir une histoire hors du commun et qu'il fallait que...