La ramée, première prise

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Je quittais donc au matin Aurélia pour aller chercher ma mère place De Brouckère. De là, je refis le trajet de tram à l'inverse avec maman pour aller à l'hôpital. En effet, le père d'Aurélia habitait tout près. Nous sommes arrivés un quart d'heure en avance. Le médecin, lui, arriva un quart d'heure en retard. Il nous fit entrer dans un bureau de consultation. A un certain moment, il demanda à ma mère de sortir. Je parlai un peu avec lui, et lorsque ma mère revint, il lui dit qu'il me gardait. Moi, qui ne venais que pour une visite, et puis en réfléchir, j'étais directement hospitalisé. En plus, je n'avais aucune affaire avec moi ! J'allai remplir les formalités avec ma mère, puis une éducatrice vint me chercher et nous montâmes au deuxième étage $1 où je resterais pendant environ un mois et demi.


Note : je reprends l'écriture maintenant, en 2015, après une petite tentative d'écriture en 2003 (pour le chapitre sur la Ramée jusqu'à la rentrée scolaire 1998.). Ne soyez donc pas étonné que le style change fortement, ou que je raconte les choses avec un plus grand recul, même si je vais faire tout faire mon possible pour écrire


La Ramée, pour vous situer un peu, est une clinique privée. Elle est composée de trois étages. Les jeunes se trouvent tous ensemble au deuxième, dans une section qui leur est un peu propre, et leurs activités sont à part du reste de l'établissement. Ils ont leur propre réfectoire, font certaines activités en commun, dont le mardi, où nous préparions nous même notre repas. Il y avait aussi à cet étage-là une salle d'informatique. On m'installa dans ma chambre, de deux personnes. Sur le lit d'à côté, mon voisin de chambrée dormait. Il s'appelait Fabrice. C'était un gars qui était là pour des problèmes d'alcool, et était aussi un peu simple d'esprit, je dois dire. Mais c'était un gars somme toute sympathique, malgré le défaut que je décrirai plus tard.


Bref, il était une heure lorsque je m'installai, et à peine mes affaires déposées, je dus me rendre au réfectoire, pour la réunion des jeunes. J'ai eu ma première stupéfaction durant cette réunion : la familiarité, on ne connaît pas. Les patients et le personnel médical se vouvoient, même si une infirmière a le même âge que le patient. Malgré plusieurs tentatives où je demandais que l'on me tutoie, je dus m'y faire, c'est la règle, point barre. À cette réunion, on devait dire quelles étaient nos activités de l'après-midi. La Ramée est beaucoup plus stricte comme établissement, nous étions beaucoup plus contrôlés. Bref, j'ai plutôt fait le tour des activités ce jour-là, et j'ai rapidement migré vers l'atelier peinture et informatique, je passais la plupart de mes activités à ces deux endroits.


Le soir-même, je fis la rencontre de Max, c'est un « vieux » rocker, approchant la quarantaine. Il me faisait penser à Lemmy de Motorhead, le même type de look et des traits du visage vraiment identiques. La première fois qu'on s'est regardés, il m'a dit toi, « tu taffes ». J'ai répondu que oui. On a commencé à parler de musique, jusqu'à ce que le parc soit refermé et que lui remonte dans son unité. Thierry était pour là pour un gros problème d'alcool et à l'heure où j'écris ces lignes, 5 ans après, il a encore du mal à s'en sortir1. Bref, dès qu'il y a avait moyen, on était à deux dans le parc, souvent avec ma guitare classique. Ça nous arrivait de fumer des joints et boire quelques bières qui passaient en fraude. D'ailleurs, le résultat ne se fit pas attendre. Thierry fut renvoyé à cause d'une prise de sang. Ils le transférèrent à Fond Roy, qui est un hôpital nettement moins sympathique, dirons-nous. Il devait être ensuite transféré dans un autre établissement, à Thuin, nommé l'Espérance.


Une des activités des jeunes était de tenir un petit journal de l'hôpital. Avec les connaissances en informatique que j'avais à l'époque, je suis passé rédacteur en chef du journal. Cette activité me branchait bien. De temps à autre, pendant que j'étais dans la salle d'informatique, j'aidais les gens qui essayaient de se mettre au pc, et plus particulièrement au traitement de texte. Je monopolisais assez bien le pc le plus puissant, le réservant dès que possible, surtout pour la rédaction du journal, qui nécessitait un programme un peu plus performant. Après une semaine ou deux sur place, Aurélia partit quelques jours, en vacances. Juste avant de partir, elle vint un après-midi, lors des visites, pour m'annoncer que c'était fini entre nous. J'ai commencé à trembler devant elle. Pour finir, nous ne nous sommes pas séparés. On allait profiter de ces vacances un peu pour s'éloigner et réfléchir. On ne se donnait presque plus de nouvelles. J'étais persuadé que cela ne donnerait rien de bon, le fait de prendre de la distance avec Aurélia. Mais il n'en fut rien.

Salut, moi c'est Greg [édité chez Atramenta]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant