Apprendre à remonter (1): Psychiatrie Sud-Ouest

256 58 1
                                    

Lorsque je suis arrivé à l'hôpital, j'étais complètement défoncé à cause des médocs que j'avais absorbé. Il a fallu d'ailleurs trois jours pour que les effets des médicaments soient complètement dissipés. On m'installa dans ma chambre, la seule qui avait 4 lits. On me posa quelques questions, puis on me laissa me reposer. À un certain moment, la porte s'ouvrit. Un garçon de mon âge entra. Il me regarda et me demanda mon nom. J'étais assez défoncé et je le regardais d'une façon assez spéciale. Je dus lui dire trois fois mon nom pour qu'il comprenne. Tout d'abord, Nico, c'était son nom, me prit pour un débile. Il sortit de la chambre. Plus tard, lui et moi, on était devenus comme les deux doigts de la main. Dans l'après-midi, ma mère, ainsi que mes grands-parents, arrivèrent m'apporter mes affaires. Puis, j'eus un entretien avec un des psys de l'unité, le docteur Cornélio. À un certain moment, nous sommes descendus boire un verre. Lorsque nous sommes remontés, je vis que j'étais dans une unité psychiatrique, mais je n'étais pas fou! J'étais extrêmement frustré. Le soir je fis plus ample connaissance avec les autres patients. Lorsque je répondis pourquoi j'étais là, le réflexe de la plupart de tous fut de me montrer leurs poignets. Il n'y avait pas que des dépressifs en psychiatrie sud-ouest, il y avait aussi des anorexiques, des schizophrènes et des psychotiques.


Ma mère vint me revoir le lendemain. Elle m'expliqua qu'elle avait téléphoné à la mère d'Isa, qu'elle lui avait annoncé ce qui s'était passé, et ce qu'Isabelle m'avait fait subir. La mère de cette dernière avoua à la mienne que pour ce qui était de faire croire qu'elle était enceinte, ce n'était pas la première fois qu'Isa le faisait. Elle avoua aussi que sa fille était une véritable peste. Malgré cela, je l'avais toujours sur la patate. Chaque fois qu'on me parlait d'elle, je me sentais super mal après. Ce fut pire lorsque celle-ci me téléphonait. La première fois qu'elle le fit d'ailleurs, on s'est engueulés pendant près d'une demi-heure. Pour finir, les autres coups de téléphone de sa part s'avérèrent plus sereins, mais me rendaient beaucoup plus mal, me renforçaient dans ma dépression.


Au fil des jours, je commençais à m'adapter à l'atmosphère de l'unité pour adolescents et jeunes adultes. Je dois dire que ce n'était pas trop compliqué : On ne fout rien pendant toute la journée, entretien avec le psy deux fois un quart d'heure par semaine, et un entretien de famille une heure par semaine. Au fil des jours, je fis la connaissance de Nico. Il était très chouette, avait les mêmes tendances musicales que moi, il jouait aussi de la guitare, et en plus chantait vachement bien. Finalement on me changea de chambre, et je me retrouvai dans la même que lui. Musique toute la journée, guitare toute la journée. Les murs de la chambre étaient couverts de posters de Jonathan Davis (Korn, je vais avoir le loisir d'en parler plus loin et plus longuement) et de Kurt Cobain. À partir de ce moment-là, Nico et moi on était devenus super potes, on faisait quasiment tout ensemble. Il était comme moi : dépressif et avait tout arrêté. C'était vraiment tranquille.



Un jour, ma mère eut une sale nouvelle à m'annoncer :


- Greg, j'ai été à la gendarmerie pour une convocation à ton nom.

- Comment cela ?

- Quelqu'un t'a dénoncé.


Je voulais savoir qui et comment, mais d' abord ma mère ne voulut pas me répondre. Elle le savait, car le gendarme lui avait lu la déclaration du mec. Tout ce que ma mère me dit ce fut ce qui allait se passer. Je devais passer un interrogatoire, aller uriner plusieurs fois pour les flics, et ceux - ci allaient visiter ma chambre, en d'autres mots perquisitionner ! Si je n'avais rien, tant mieux, mais on pouvait réutiliser cela plus tard si je récidivais. Pour le reste, j'en savais trop rien. Ma mère ne voulait rien me dire de plus. Finalement, quelques jours plus tard, sous mes instances, elle céda et m'avoua qui l'avait fait. C'était Alain, le mec avec qui on était en Italie, celui qui était au spectacle de ma mère, celui que j'avais invité à maintes reprises à la maison, le fils du parrain de ma soeur. Il avait été raconter que je lui avais fourgué son premier joint à la maison des jeunes, ce qui était archi-faux. Ma mère d' ailleurs en a témoigné chez le flic, car lorsque je sortais de cette maison de jeunes, qui soi-dit en passant, n'est qu'un endroit où on fume et boit à volonté, lui rentrait. Donc je n'aurais pas eu le temps de lui en filer ou en vendre, surtout que ma mère était là !


Quand j'appris cela, je rentrai dans une rage folle. J'étais prêt à faire n' importe quoi pour qu'il paye ce qu'il m'avait fait. J'ai failli téléphoner à des potes pour qu'ils lui cassent la figure. Mais je réfléchis et me dis que s'il lui arrivait quelque chose, bien que je sois à l'hôpital, cela me retomberait dessus. Alors, je ne fis rien, et fermai ma gueule une fois de plus.


Mon hospitalisation me permit de découvrir aussi les gens de ma classe. En effet, beaucoup vinrent me rendre visite. Bien sûr, les élèves n'étaient pas au courant que j'avais fait une tentative de suicide, mais j'en ai parlé avec plusieurs. En plus, Isabelle était au courant et en avait sûrement parlé à certaines personnes, mais ça je n'en suis pas certain. Bref, j'eus une totale surprise le premier week-end en ayant énormément de visites. D'ailleurs, Aurélia disait quand j'avais de la visite que je recevais mon fan club. J'ai eu énormément de soutien, mais il faut dire que quelques-uns, surtout, ceux que j'appelle les gens normaux, ne connaissaient pas tout de moi. J'ai eu beaucoup de soutien, mais j'ai eu aussi une grosse trahison: celle d'Alex, mon super pote. Il m'avait déjà trompé avec Isabelle; mais là, il m'enfonça encore plus. À cause des flics et étant positif, je lui avais téléphoné pour lui demander qu'il me rapporte un cachet qui faisait partir les traces de cannabis dans le sang. Il n'avait juste qu'à faire les démarches auprès d'un pote commun. Il m'avait promis de me donner des nouvelles, chose qu'il n'a jamais faite. De plus, quelqu'un m'a rapporté qu'elle avait épié une conversation entre lui et Isabelle où ils me descendaient littéralement tous les deux. La rage augmentait en moi. Celui que j'avais considéré comme un petit frère, que je défendais quand on se moquait de lui, lui-même me faisait des sales coups dans le dos.


Le premier dimanche, je suis sorti avec une fille, qui s'appelait Cécile. On est sortis ensemble deux ou trois jours. Mais ce n'était pas ça. Je pense que c'était juste parce que j'étais en manque d'affection. En plus, elle se confortait dans ses problèmes et faisait tout pour attirer l'attention des gens. J'ai très vite désenchanté et j'ai laissé tomber. Mais j'avais remarqué une autre fille et sans rien faire, on sortit ensemble. Le lendemain, qui était un dimanche, j'eus la visite d'Isabelle, d'une copine et d'un copain. La visite me fit très mal, mais j'étais toujours avec l'autre, Ikram, que je viens de citer. Le soir-même de cette journée, on se retrouva dans les toilettes de ma chambre et on fit l'amour, sans protection. Je me sentis de plus en plus mal. Je me rendis compte que j'avais fait une connerie, car je réalisais en fin de compte que je ne l'aimais pas. Je réfléchis une journée et je ne sais pas ce que j'allais faire. Nico le soir remarqua que je me chipotais l'esprit plus que d'habitude, et on discuta. Il voyait bien que j'avais évité Ikram toute la journée. Je lui racontai ce qu'il s'était passé et il m'avoua que juste avant que je commence à sortir avec, ils étaient aussi passés dans les toilettes. On décida à ce moment-là, de couper les ponts avec elle. On découvrit qu'elle nous avait bien eus tous les deux, qu'elle nous avait bien baisés tous les deux, au sens propre comme au figuré.

Salut, moi c'est Greg [édité chez Atramenta]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant