Greg et l'école, c'est pas une histoire d'amour

786 124 38
                                    

De l'école maternelle et primaire

D'après ma mère, mes premiers soucis à l'école remontent à la maternelle. Elle m'en a parlé quelques fois, mais pour moi, c'est le passé. Elle m'a raconté des heures de punitions pour des bêtises, que j'étais une bête noire pour une des institutrices. Des heures à passer à faire du « picotage », sans pouvoir, comme les autres enfants, manger mon repas de midi. Ma mère avait pris les enseignants sur le fait, étant rentrée un jour plus tôt de son travail.

Ce calvaire aurait duré quelques mois, jusqu'à notre aménagement à Hamme-Mille. Nous habitions dans ce que j'appelais la tour, une grande maison à deux étages, toute peinte de blanc et en face de ma future école. Ma mère devait partir très tôt, et ce sont les personnes qui s'occupaient de la conciergerie qui me gardaient jusqu'à ce que l'on puisse aller dans la cour de récré. J'ai passé trois années dans cette école, jusqu'à cette année de misère, la deuxième primaire.

Là encore, je n'ai que des flashs, mais je me rappelle bien de cette institutrice. Les autres gosses l'adoraient, moi pas. Elle avait la manie de récompenser les élèves avec des points pour à peu près tout, et chaque fin de semaine ou mois, je ne me rappelle plus, elle récompensait avec des cadeaux les plus méritants. Le gros hic, elle avait ses têtes de turc. Ma mère m'a dit qu'elle avait annoncé à l'instit à un moment de l'année, que je changerais d'école l'année suivante, me prenant dans son établissement. Elle lui aurait répondu tout simplement que dans ce cas, elle ne me raterait pas. J'ai passé des heures au fond de la classe, sous les rires moqueurs des autres élèves, avec un bonnet d'âne sur la tête. Pourtant, je n'étais pas mauvais élève, j'étais même bien au-dessus de la moyenne, en termes de points. Je me rappelle aussi de Charles, un grand gaillard un peu plus lent que les autres. Je visualise encore les rires des autres enfants lorsqu'il devait faire la lecture à voix haute, que cette institutrice ne sanctionnait pas le moins du monde. Et, vers la fin de l'année, est venu le drame.

Une bagarre de gamins, une des rares fois où je me suis battu. Mais je gérais mal la montée d'adrénaline, et j'ai pleuré, encore et encore. J'étais en rage, n'arrivant plus à contrôler mes émotions. Les enfants de l'école venaient me voir, me pointaient du doigt en riant de mes réactions. Je hurlais de colère face à eux, face à leur méchanceté. Et eux partaient en courant, riant à chaudes larmes. J'ai encore des flashs de cette après-midi, et parfois dans mon sommeil, je les revois. Cette après-midi-là fut la dernière dans cette école. J'ai dû commencer à prendre des calmants (à l'époque du Sédinal, ne trouvant plus le sommeil). Ce fut ma première dépression. J'ai appris, bien des années plus tard, que le médecin, si cet incident avait eu lieu plus tôt dans l'année, aurait demandé une enquête. S'il y aurait eu des retombées, je n'en sais rien, car de toute façon, un enseignant, dans le système belge ne peut de toute façon pas être viré. Alors, est-ce que ça aurait servi à quelque chose ? Je ne pense pas. J'ai terminé l'année chez mes grands-parents, je ne pouvais plus rester à la maison, car, dès que la sonnerie de l'école se mettait à sonner, mon corps était parcouru de tremblements.

On aurait pu penser que me mettre dans une autre école pourrait améliorer les choses, ou faire oublier ces tristes événements. Ce fut le cas, au début. Mais pour moi, c'était également une première : venant d'une école au fin fond du Brabant-Wallon, dans les années 80, il n'y avait pas réellement de mixité sociale. Et là, j'arrive à Bruxelles, où je découvre d'autres cultures, d'autres personnes vivant différemment, avec des moyens différents. C'était déjà un premier choc.

En début d'année, tout s'est bien passé. Je me suis fait quelques copains, mais il y avait deux bandes dans la classe, toutes deux ayant une sorte de leader. Lorsque la bande dans laquelle j'étais s'est rendu compte qu'être copain avec le fils d'un prof ne leur apportait aucun avantage, leur comportement changea. Et un beau matin, ils étaient là, debout sur le muret à me huer. À me dire des vilaines choses. J'ai encore cette image en tête. Naturellement, je me suis tourné vers l'autre « bande », et là, les ennuis ont commencé. On se faisait coincer par la première qui faisait tout pour nous emmerder. Au bout de quelques jours, mes nouveaux amis demandèrent simplement que je trouve d'autres copains, histoire d'avoir la paix. Je ne les blâme pas, je les comprends, et j'aurais peut-être fait pareil. Quelques jours plus tard, je me suis fait un ami, le cousin d'un gars de ma classe qui était un an plus jeune. Et pendant trois ans, j'ai passé toutes mes récrés avec lui, ainsi que deux, trois autres élèves de sa classe.

Pour ma dernière année à l'école primaire, je changeais d'école, pour celle où je resterai un bon bout de temps, la Providence, à Wavre. J'étais assez stressé. Passer d'une école avec une classe par année à un établissement ressemblant déjà beaucoup plus à une usine avec une centaine d'élèves rien que pour la sixième primaire, ça a de quoi impressionner. J'ai eu dur les premiers jours, mais c'était un nouveau départ. Ici, pas de tête de turc, pas de méchanceté, même si l'on reste des enfants, des disputes pouvaient éclater de temps à autre. Cette année-là, j'ai commencé à me rapprocher un peu plus des adultes, préférant leur compagnie à celle des enfants de mon âge. Un jour par semaine, il y avait une activité parascolaire : des cours d'informatique ! J'étais déjà passionné par les ordinateurs depuis quelques années, et me suis lancé dans ces cours. On y apprenait le Basic, et j'ai sympathisé avec le prof. On s'échangeait des disquettes avec des jeux, le temps de midi lorsqu'il surveillait la cour de récré. Ce fut une année tranquille, avant le passage dans la cour des grands.

Les premières années de secondaire.

Et nous voilà donc en secondaire. Comme beaucoup d'ados, je faisais pas mal de bêtises, et je suis devenu un habitué de la salle de retenue. Des fois, de manière totalement injustifiée. La personne qui m'a d'ailleurs dégoûté des maths, un prof sans aucune pédagogie ni autorité sur ses élèves, m'a par exemple juste collé pour avoir rigolé d'une blague. Le blagueur, lui bien sûr, n'étant pas inquiété. À partir de cette année-là, mes notes ont commencé à dégringoler d'année en année. Impossible d'étudier correctement, n'arrivant à mémoriser que les cours qui me passionnaient (et que je n'avais nul besoin d'étudier, cela rentrait tout seul).

Avec l'adolescence, on commence aussi à découvrir les interdits : j'ai commencé à fumer à l'âge de 13 ans, et quelques mois plus tard, je commençais à goûter au cannabis avec mon cousin. Je fumais peu de joints au début, surtout pour m'amuser, mais bien plus tard, ma consommation devint problématique (j'y reviendrai au moment voulu). J'ai commencé à beaucoup écrire. J'aimais vraiment cette activité. Lorsque cela n'allait pas, lorsque j'étais amoureux, j'écrivais des poèmes. J'ai aussi écrit quelques petites histoires, mais malgré des recherches incessantes, je n'ai pas pu les retrouver. J'étais fasciné par Stephen King. Je dévorais ses romans, et je voulais faire comme lui. La seule nouvelle que j'ai retrouvée, écrite vers douze ou treize ans, était d'ailleurs inspirée d'un de ses livres. Cette nouvelle est d'ailleurs disponible sur mon blog, si vous voulez rire un bon coup, n'hésitez pas à y aller jeter un coup d'œil !

J'ai doublé ma troisième secondaire. À cause des maths, justement. La prof de première m'avait tellement dégoûté de cette matière que j'en avais une répulsion totale. Je n'arrivais pas à me plonger dedans. Selon le Greg de l'époque, c'est à ce moment-là que tout a commencé.

Salut, moi c'est Greg [édité chez Atramenta]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant