Depuis deux semaines, rien ne s’était passé, Jessica m’avait laissée tranquille. Chose que je trouvais étrange mais, en même temps, je me disais qu’elle avait peut-être compris qu’il ne fallait plus m’approcher, ni approcher mes cousines. Tant mieux. Cela me soulageait à vrai dire. Enfin je pourrais profiter de mon année sans ses méchancetés dans les pattes. De temps en temps, je me demandais quand même si c’était bien réel d’ailleurs mais bon…J’essayais de m’en convaincre, réprimant la crainte qu’elle puisse préparer un mauvais coup dans mon dos quand elle apparaissait. Car au final, à chaque début de crise de panique, je découvrais dans les heures qui suivaient que rien ne se produisait. Mieux, elle semblait totalement m’ignorer. Petit à petit, je commençais à me sentir mieux et j’étais même contente d’aller au collège. Aujourd’hui, le jeudi 10 décembre 2043, la journée se passait plutôt bien. Jusqu’à l’heure du déjeuner…
« J’ai tellement hâte que ce soit Noel ! » s’exclama Luna, les yeux pétillants « Ta mère va encore nous faire un super repas ! »
« Si ton père ne mange pas tout ! » la taquinais-je en riant.
« C’est trop vrai ça » se mit à rire Emilia « Au fait les filles, maman veut m’emmener faire les boutiques samedi, vous voulez venir ? »
Une sortie shopping ? Voilà quelque chose qui me tentait bien ! La semaine et les week-ends, on était tout le temps chez les uns et les autres pour des repas, des sorties. J’adorais cet esprit de famille.
« Trop bien ouais ! Ça fait longtemps ! » répondis-je.
« Je vais demander à ma mère mais normalement c’est bon aussi pour moi » confirma Luna à son tour alors qu’on se dirigeait vers une table libre avec nos plateaux.
« Est-ce que tu penses que Caitlin et Olivia peuvent venir ? » demandais-je.
« Faut leur demander si elles ont quelque chose de prévu alors » fit Luna.
« De toute façon, tu sais que ça dérange pas maman » me rassura Emilia.
Tout à fait, je ne le savais que trop bien. Ça allait être juste énorme ! Tout en parlant, on commença à manger notre entrée, des carottes râpées à la française avec de la sauce vinaigrette. Mes cousines discutaient des cours, de leurs notes. Je perdis peu à peu le fil de la conversation pour me concentrer sur mon déjeuner et sur les gens autour. Tout à coup, dans le fond de la salle, je remarquais Jessica et son groupe. Je m’arrêtais nette en voyant la manière dont elle me regardait. Son regard était…méprisant mais surtout moqueur. Elle avait l’air de trouver un truc amusant. Plus je la fixais, plus je commençais à avoir peur. Qu’est-ce qu’elle attendait comme ça ? On était à table, je ne vois pas ce qui…Tout à coup, une affreuse pensée me traversa l’esprit, un peu comme un flash. L’ayant senti, Luna et Emilia tournèrent la tête vers moi, crispées. On ne prononça pas un seul mot. A vrai dire, on eut pas besoin de se parler. Instantanément, on reporta notre attention sur nos plateaux.
A première vue, il n’y avait rien d’anormal mais, il y avait un endroit qui n’était pas visible directement : notre assiette, sous cloche. Notre cantine mettait tous les repas sous cloche pour éviter qu’ils soient froid au moment de les manger. Mais actuellement, quelque chose me disait que ça avait été le plan parfait pour Jessica. Elle avait glissé quelque chose dans mon assiette. Ou même celle des filles. Le souffle court, les doigts tremblants, j’approchais les doigts de la cloche.
« Non ne fait pas ça Lucy ! » s’exclama Emilia à côté de moi, aussi apeurée que moi.
J’essayais de m’en empêcher mais je voulais savoir ce qu’elle avait fait. Pourquoi ces sourires moqueurs à sa table ? Qu’est-ce qu’elle avait fait ? Le temps de toucher le bord de l’objet, d’attraper la hanse des doigts, de le soulever me parut une éternité. Mes cousines à côté de moi s’étaient levées, terrifiées, aussi stressées que moi. Puis…Ce fut la douche froide. Mes yeux s’écarquillèrent, ma bouche s’ouvrit mais aucun son ne sortit. Je restais là, pendant plusieurs secondes, secondes qui me parurent une éternité, la cloche dans la main, le regard figé sur mon assiette. Mon souffle se mit à s’accélérer, quelque chose monta dans ma gorge, je sentis très nettement les larmes me brûler les yeux. Puis, un bruit brisa le silence. Luna et Emilia se mirent à hurler d’horreur, s’effondrant sur le sol comme deux poupées de chiffons. L’une se mit à vomir à quelques mètres de moi. L’autre fit immédiatement un malaise. Les élèves, quant à eux, s’étaient arrêtés de parler et de manger, se levant précipitamment pour voir ce qu’il se passait. Plusieurs d’entre eux, rejoignirent mes cousines, dégoûtés, d’autres s’enfuirent du réfectoire, sûrement pour prendre l’air ou pour aller aux toilettes en urgence. Et puis, au fond de la salle, Jessica riait discrètement avec ses trois acolytes. Elle se délectait de ce moment. Pour ma part, je ne pouvais rien faire d’autre que de fixer mon assiette. Des haut-le-cœur violents me prirent d’assaut et c’est à ce moment-là que je me décidais à bouger. Je sautais sur mes pieds, reculant jusqu’au mur pour échapper à cette vision d’horreur. Je pleurais, je hoquetais, je me mordais le poing pour éviter de vomir. Je n’arrivais pas à calmer ma crise de panique. Respirer normalement devenait de plus en plus difficile. Comment avait-elle pu faire ça ??? Comment avait-elle pu faire ça ?? Dans un énième haut-le-cœur, je tournais naturellement la tête vers Emilia, toujours évanouie au sol tandis que le personnel de la cantine courait dans tous les sens pour tenter de gérer la situation. Plusieurs élèves sortirent en courant du réfectoire, et petit à petit, celui-ci se vida. Pour ma part, je ne pouvais plus rien supporter. Ni la vue de mes camarades de classe, pour la plupart malades comme Luna, ni les rires de Jessica et son groupe. Tout ça était de ma faute ! Tout ça était de ma faute ! La honte se rajouta au reste de mes émotions puis, la peur. Un autre flash me traversa l’esprit. Papa…Comment je pourrais me présenter devant lui et lui raconter ce qu’il s’était passé ?? Non je ne pouvais pas affronter ça…Je ne voulais pas. C’était trop. Je jetais un dernier regard vers Luna, laquelle buvait un verre d’eau à petites gorgées d’une main tremblante, et m’enfuit du réfectoire.
VOUS LISEZ
Tortues Ninjas: Les héros de New-York tome 2
Fiksi PenggemarDepuis leur victoire contre Shredder, plus aucune trace des kraangs. Ce qui arrange bien les tortues ninjas et leurs amies. Mais vous savez ce qu'on dit, toujours rester sur ses gardes