Chapitre 2 - Armelle

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LA VOITURE S'ÉLOIGNE à toute vitesse de Paris

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LA VOITURE S'ÉLOIGNE à toute vitesse de Paris. Les immeubles haussmanniens et les immenses centres commerciaux défilent à toute allure. Mon père conduit la voiture, son téléphone hors de prix coincé entre son épaule et sa joue. Mon casque vissé sur la tête, la voix de cassée de Miley Cyrus résonne dans mes oreilles. Mon père raccroche, et tourne la tête vers moi.

- Ce centre n'a pas l'air si terrible que ça non ? Ta mère m'a montré des photos des grands lacs, des montagnes... Commence t-il en tapotant nerveusement le volant.

Je lève les yeux au ciel. Les tentatives de mon père pour démarrer une conversation sont toujours pitoyables. Je sais très bien qu'il n'a pas vu la moindre photo du Centre. Sinon, il aurait su que les lacs alentours sont interdits d'accès pour éviter les suicides.

- Rien qu'au nom, cet institut me déprime déjà. Non mais franchement, qui a eu l'idée de l'appeler le "Centre des miraculés" ? On est juste des pauvres ados suicidaires, pas des miraculés. Je soupire en coupant la musique de mon casque.

Mon père se gratte l'arrière du crâne et, alors qu'il s'apprête à surenchérir, son téléphone sonne, et ce fût la fin de cette courte discussion père/fille qui n'a pas souvent lieu. J'observe en silence le paysage se transformer lentement, les immenses champs de colza laissant place à de grandes montagnes rocheuse.

J'ai l'impression que ma vie défile à la vitesse d'une bande-son. A toute allure, avec pour musique de fond, une mélodie sombre et mélancolique.

Le Centre des Miraculés se dessine à l'horizon, entre de grands pins, à moitié caché derrière les montagnes. La route commence à se faire cahoteuse au fur et à mesure que nous nous enfonçons au cœur des montagnes. Bientôt, la voiture est entourée de grands sapins verdoyants si grands qu'il est presque impossible de discerner le ciel. Mon père s'engage sur un minuscule chemin, avec à l'entrée, un grand panneau blanc indiquant: Le Centre des Miraculés depuis 1950, avec en photo d'arrière plan, quatre adolescents souriants à pleines dents.

Pitoyable franchement. Comme si être envoyé dans un Centre de guérison allait tout changer et nous rendre notre innocence.

- On est arrivés, Arm. Annonce mon père en s'engageant dans une grande allée bétonnée, passant un grand portail en fer forgé.

Je coupe la musique dans mon casque, et le range dans mon sac à dos. Je n'ai presque rien amené. Nous passons devant une allée de cyprès taillés à la perfection, si bien qu'on dirait qu'ils sont faux. On peut voir un peu plus loin des adolescents marchant dans de jolies allées de graviers, ou d'autres assis sur des bancs, profitant de la vue sur le grand lac.

Mon père gare sa voiture devant l'entrée de l'immense bâtiment en pierre blanches recouvert par du lierre rougeâtre. Une grande femme au visage fin entouré par un carré châtain, et vêtue d'un tailleur jaune pâle attend devant la grande porte en chêne. Quand elle me voit sortir du Suv de mon père, elle se précipite dans les escaliers, ses talons hauts claquants sur la pierre. Elle me rappelle maman, simplement en plus joviale.

Les MiraculésOù les histoires vivent. Découvrez maintenant