Chapitre 10 - Armelle

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UNE LÉGÈRE PLUIE nous tombe dessus, tapant contre les rochers, et nous gelant jusqu'aux os

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UNE LÉGÈRE PLUIE nous tombe dessus, tapant contre les rochers, et nous gelant jusqu'aux os. Madame Richard nous répète depuis tout à l'heure que nous établirons bientôt le campement.

Mes cuisses me brûlent, et, à cet instant, j'aimerais allumer une cigarette pour d'étendre tous mes muscles et m'enlever les sombres pensées qui m'empoisonnent depuis ce matin. Personne n'ose parler depuis le début de la randonnée. Chacun avance avec difficulté dans les chemins escarpés et rocheux sans piper mot. Même madame Richard semble avoir renoncer à s'extasier sur les plantes montagneuses.

Ava me manque déjà, et j'ai beau avoir passé les derniers mois seule, j'ai peur de me noyer dans ma solitude, bouffée toute entière par mes idées noires.

Marius marche si près de moi que je peux sentir son souffle chaud dans ma nuque humide. Chaque fois qu'il se rapproche un peu plus de moi, mon pouls s'accélère, et mon rythme cardiaque augmente au fur et à mesure que nous avançons. Je meurs d'envie de lui parler. Ne serait-ce qu'un petit mot, entendre une voix familière qui réchaufferait mon cœur. 

Finalement, le corps en feu, Madame Richard décide d'établir le campement sous un grand chêne, protégé de la pluie. Armand m'aide à installer ma tente. Cette nuit, je dormirais seule, sans Ava pour me rassurer avec ses mots francs et assurés. Je serai seule face à mes démons.

Dès que la tente de Marius est montée, il se réfugie à l'intérieur, et je reste plantée devant elle, à attendre un signe ou je ne sais quoi qui me donnerait le courage d'aller lui parler. Mais parler, c'est pas mon fort. Les mots ne sont pas une source de réconfort. Ils font tomber les larmes et brisent des cœurs. Le silence est d'or, comme aimait dire mon père. Et pour une fois, je me mets à penser qu'il a peut-être raison.

Dans les alentours de dix-huit heures, le soleil laisse place à la lune. Assise sur un large tronc, j'observe l'astre blanc monter de plus en plus haut dans le ciel noir peuplé d'étoiles scintillantes.

Vers vingt heures, Marie Leveque, la nouvelle psychologue, nous appelle pour le repas. Avec ses yeux marron chocolat et ses longs dreadlocks, elle ne ressemble pas à tous ces autres psy qui ne font qu'accentuer nos maux. Elle me sourit timidement, me demande comment je m'appelle, et me sert un grand bol de soupe à la tomate. Et, alors que je m'apprêtais à repartir m'assoir sur mon tronc en solitaire, elle me retient.

- J'ai entendu que tu étais amie avec Marius Kombo. Tu pourrais lui donner ce bol s'il-te-plaît ?

J'accepte d'un hochement de tête, et je sens une boule de nœuds se former dans le creux de mon ventre. Si elle savait.

Je pose mon bol fumant devant la tente de Marius, prête à partir aussi vite que je suis venue. Le récipient pour le garçon dans le creux de mes mains, je me mets soudainement à trembler, et les larmes mes montent aux yeux. Et s'il était comme Adam ?

Je secoue la tête pour chasser mes larmes et mes pensées, et entre dans la tente. Marius se tient devant moi, les yeux à moitié fermés par la fatigue. Pendant de longues secondes qui me paraissent des heures, on se fixe sans dire un mot. La parole est d'argent, mais le silence est d'or.

Les MiraculésOù les histoires vivent. Découvrez maintenant