Chapitre 25 - Armelle

4 2 0
                                    

NORMALEMENT, c'était à Ava, de me préparer pour le bal

Oups ! Cette image n'est pas conforme à nos directives de contenu. Afin de continuer la publication, veuillez la retirer ou mettre en ligne une autre image.

NORMALEMENT, c'était à Ava, de me préparer pour le bal. Je fixe tristement mon reflet dans le petit miroir de la salle de bain, en me demandant si, finalement, je ne devrai pas plutôt rester dans la chambre. Dans quatre heures, la musique se lancera et tous les pensionnaires iront danser pour oublier leurs malheurs le temps d'un soir.

La chambre que je partage avec Amandine est sans vie. Pas de tas de vêtements entassés sous le lit, de piles de maquillage sur le rebord de l'évier, de livres éparpillés au quatre coins de la pièce. Tout est trop calme et ennuyeux. Les choses parfaites à faire pour s'enfoncer encore un peu plus dans la dépression.

On toque à la porte. Sûrement Amandine qui a encore oublié de prendre ses clés. Je roule des yeux en soupirant et traîne des pieds jusqu'à l'entrée. La supposée Amandine est en fait Ava, un gros pansement lui cache le nez et elle a les cheveux encore plus courts que la dernière fois que je l'ai quittée. Elle me sourit légèrement avant de finalement se jetter dans mes bras en pleurant.

Je reste quelques secondes figée, les bras ballants, ne sachant pas quoi faire. Finalement, mon cœur se gonfle de joie et j'entoure Ava en me joignant à ses pleurs.

- Je suis tellement désolée, Arm... J'aurais jamais dû te dire toutes ces horreurs... Pardonne-moi... S'excuse la brune en reniflant bruyamment.

- Moi aussi, Ava. Désolée de t'avoir refait le portrait... Dis-je en rigolant et sanglotant à la fois.

Elle rit aussi et se détache de moi en se tenant le nez.

- Au moins, j'ai un nez un plus... atypique. Avec une bosse.

Ava me sourit et je soupire de soulagement.

- Bon. On rembarque tes affaires. Hors de question que tu restes quelques jours de plus dans cette chambre de l'Enfer.

Je sautille de joie et m'empresse de rassembler mes vêtements dans un petit sac et repars dans la chambre que je partage avec mon amie. Elle est certe bien plus exiguë, mais tellement plus chaleureuse avec ses lits défaits et ses vêtements qui jonchent le sol de partout ! Ava claque la porte et plante ses yeux dans les miens, une lueur d'excitation brille dans son regard.

- En quatre heures, je dois te maquiller, te coiffer et, surtout, te trouver une robe !

Je pouffe de rire en la voyant se presser, fouillant dans ses valises pleines à craquer de robes, de maquillage et de fer à lisser. Elle jauge ma tenue: un vieux jogging trop petit et un pull des One Direction tâché.

- On a du pain sur la planche ! Soupire-t-elle.

Depuis déjà une heure, Ava me maquille avec toutes sortes d'ustensiles que je ne connais pas, et essaye tant bien que mal de boucler mes cheveux

Oups ! Cette image n'est pas conforme à nos directives de contenu. Afin de continuer la publication, veuillez la retirer ou mettre en ligne une autre image.

Depuis déjà une heure, Ava me maquille avec toutes sortes d'ustensiles que je ne connais pas, et essaye tant bien que mal de boucler mes cheveux.

- Et voilà ! S'exclame-t-elle en se détachant de moi, un sourire fier collé sur son visage.

Je reste sans voix. J'ai l'impression que cette fille, celle que je vois dans le miroir, n'est pas la Armelle que je connais. Elle est... belle.

- Hé pleure pas Arm, ça va bousiller ton maquillage ! Dit Ava en me tendant un mouchoir.

La brune me sert dans ses bras.

- Bon, allez. La tenue. Elle fouille méthodiquement dans plusieurs de ses valises pendant plusieurs minutes, avant de finalement me tendre une robe. Va l'essayer.

Je regarde quelques secondes le tissu entre mes mains, avant de finalement aller m'enfermer dans la salle de bain pour l'enfiler. J'essaye tant bien que mal de ne pas abîmer mon maquillage et ma coiffure, et m'observe à nouveau dans le miroir. Cette fois-ci, me voir comme ça - dans un nouveau corps - ne me donne pas envie de pleurer. Ça me donne simplement le sourire, de savoir que, pour une fois, je n'ai pas l'impression d'être un imposteur dans ce corps abîmé.

Dans la glace, je vois une fille blonde, aux yeux verts-gris pétillants, qui, pour la première fois depuis un an, se sent légitime d'être belle et de bien se sentir dans ce corps qu'elle avait arrêté d'aimer depuis déjà trop longtemps. Ce n'est plus cette armure de peau souillée par les insultes et les gestes déplacés. Par les caméras de téléphones et les anti-dépresseurs. Non. Ce corps-ci, cette fille là, c'est la véritable Armelle.

J'ouvre la porte de la salle de bain, et attends qu'Ava réagisse. Celle-ci ouvre grand les yeux et tourne autour de moi comme elle peut, bloquée par son fauteuil.

- T'es... Elle murmure presque. Magnifique, Armelle...

Je la serre dans mes bras et lorsqu'elle a fini de me couvrir de compliments et de câlins, elle part à son tour s'enfermer dans la salle d'eau.

Je m'observe à nouveau dans la fenêtre de la chambre et admire mon reflet. Mes cheveux couleur miel sont ondulés et tressés par endroits, mes cils allongés par le mascara et mes lèvres recouvertes par du rouge sombre. Ma peau claire ressort parfaitement sous cette robe courte à bretelles bleue nuit et les minuscules talons noirs me font me sentir moi.

En attendant Ava, j'enfonce mon casque sur la tête et lance du Lana Del Rey. La musique lente et morose fait remonter peu à peu l'appréhension qui me nouait le ventre avant le début du bal: est-ce que Marius me trouvera belle ? Est-ce que les gens remarqueront les souillures sur mon corps ? Est-ce que les gens me regarderont ? Me dévisageront-ils de leur regard brûlant comme le faisait les gens de mon lycée ?

Ava sort de la salle de bain en même temps que la voix de Lana Del Rey s'estompe. Elle est resplendissante: la brune porte une mini-jupe rose fushia, un top vert fluo moulant, de jolis talons noirs, et ses cheveux sont relevés en un chignon décoiffé. Elle a également mis des faux-cils qui rehaussent son regard rebelle et ses lèvres scintillent grâce à un joli gloss rose. Ava a même pensé à décorer les roues de son fauteuil en y accrochant des papillons en plastique multicolores.

- Alors ? Je suis comment ? Me demande-t-elle en faisant tourner son fauteuil sur lui-même.

- Tu es... Magnifique, Ava !

La brune pousse un petit cri de joie et m'enlace la taille, surexcitée.

- Tu penses qu'Armand va enfin me remarquer ?

Je soupire et me rassois sur mon lit.

- T'es sûre que tu veux sortir avec lui ? Il est majeur. Je sais pas, va plutôt vers la fille qui te file de la drogue. Elle est cool, non ?

Ava me fusille faussement du regard, un sourire malicieux au coin des lèvres.

- J'ai l'habitude de dire que l'amour n'a pas d'âge.

Je lève les yeux au ciel et rigole légèrement.

- Merde ! On a déjà trente minutes de retard ! Marius doit m'attendre ! Je m'exclame en enfilant mes talons rapidement.

Je me regarde à nouveau dans le miroir en lissant ma robe, et prends une grande inspiration. Avant d'ouvrir la porte de la chambre, Ava me presse la main, me lance un sourire rassurant, et ouvre la porte.

Les MiraculésOù les histoires vivent. Découvrez maintenant