Chapitre 19 - Marius

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2 ans plutôt :

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2 ans plutôt :

MALIK SORT DU BÂTIMENT d'en face, et me fait un signe de la main, le sourire aux lèvres. Il enfonce sa casquette sur sa tête et me rejoint.

- Ça va trouduc ? Me salue-t-il en me donnant un léger coup de poing sur l'épaule.

Je ris et lui rends son coup. Il m'arrache des mains le ballon de basket que je tiens entre les mains, et se mets à dribbler sur le bitume, tandis que j'essaye tant bien que mal de la lui reprendre, tout en riant aux éclats.

On continue de jouer jusqu'aux terrains de basket du quartier d'en face. À part un vieux chat roux qui miaule à la mort, et une vieille dame aveugle assise sur un banc, il est désert. Malik fait quelques paniers, avant de me renvoyer le ballon.

- On a une course dans une heure. M'annonce Malik en s'asseyant sur un vieux banc branlant pour reprendre son souffle.

J'arrête soudainement de dribbler pour le fixer.

- Mais... Putain Malik ! On avait dit qu'on arrêtait les conneries ! T'as pas vu que le frère de Youssef s'est fait serrer la semaine dernière ? Tu veux qu'on aille en taule ?

Je perds mon calme. Malik roule des yeux et soupire.

- J'aimerais bien moi, qu'on arrête de traîner dans toute cette merde. Mais tu veux qu'on fasse quoi bordel ?! J'ai besoin de cet argent, Marius ! Et toi c'est pareil ! Comment tu comptes payer les factures, la bouffe, les vêtements sans argent ?! Ta mère travaille au black, et gagne même pas un smic !

Je ferme les yeux, et, d'un geste rageur, envoi valser le ballon de basket contre la grille rouillée du terrain.

- Ok, ok ! Mais c'est la dernière fois que je t'aide. J'irais trouver un taff dans une pizzeria, ou je sais pas... Mais je trouverais. J'en peux plus de vivre grâce à un truc illégale.

Il hoche la tête et rattrape la balle d'une main, avant d'éclater d'un rire jaune.

- Mais Marius, tu crois vraiment que les gens veulent embaucher des gens comme nous ? Pour eux, on est que des racailles sans cervelle, qui foutent le feu et la merde partout ! On restera bloqués ici jusqu'à la fin ! On a pas d'autre issues ! Regarde ta mère, mon père, ma mère, ma sœur ! Ils sont restés ici sans aucune perspective d'avenir !

Je sens mes yeux s'embuer de larmes. Je déteste que Malik ai raison. Je déteste cette cité, je déteste les autres, je déteste ce monde de merde ! Il soupire et se passe les mains sur le visage.

- Désolé... J'aurais pas dû m'emporter... Mais ça me fout en rogne de savoir qu'on a presque aucune chance de s'en sortir. D'avoir un bon taff, de gagner assez d'argent pour avoir le frigo rempli, une maison et de pouvoir envoyer ses gosses à la fac.

Mon cœur se serre dans ma poitrine.

- On va s'en sortir, Malik. Faut juste qu'on se serre les coudes jusqu'aux BAC, et, après, on essayera d'aller à la fac. Je dis dans un soupire, plus pour me convaincre moi plutôt que mon meilleur ami.

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