Chapitre 20 - Ava

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MARIUS ET ARMELLE DORMENT l'un contre l'autre

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MARIUS ET ARMELLE DORMENT l'un contre l'autre. Il fait encore nuit noire. La lune est striée de longs fils ébène qui s'agitent au grès du vent frais. Je serre un peu plus mon plaid contre moi, comme pour faire barrière au froid.

Comme je n'arrive pas à retrouver le sommeil, je me déloge de ma couverture, et agrippe les rebords de mon fauteuil. Au bout de quelques minutes à gesticuler dans tous les sens, j'arrive à m'assoir dessus, et à reprendre mon souffle.

Les larmes me viennent tout à coup aux yeux. Depuis l'accident, j'ai l'impression d'être un boulet, d'être sale. Des flashbacks me reviennent par milliers, se bousculant, se poussant, pour arriver à prendre le dessus sur tout. Les souvenirs m'assaillent par millier, et impossible de les stopper.

Inès qui hurle, Harold qui tente de s'accrocher à mon épaule, mon pied qui écrase le frein. Et le crash, les éclats de verre, les os qui se brisent, comme mon cœur.

Et puis, au bout d'un temps qui me semble infini, les sirènes d'une voiture de police, les gens qui hurlent, les klaxons qui retentissent. Parce qu'ils risquent d'arriver en retard au travail. Comme si cet accident n'était qu'un obstacle. Comme si la mort d'Inès et Harold n'était qu'un retardement. Comme si mon bassin et ma colonne brisée n'avaient jamais existé.

Je balaye ces cauchemars à coups d'insultes, de coups et de pleurs. Je les laisse s'échapper par les larmes, et les laisse s'écraser contre la pelouse gelée.

J'aimerais tant oublier. Oublier cet accident qui m'a brisée, m'a anéantie en engloutissant tout derrière lui.

On est rentrés vers six heures du matin à l'Institut

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On est rentrés vers six heures du matin à l'Institut. Marius est reparti se coucher, en évitant de me regarder dans les yeux tout le long. Armelle semblait plus fatiguée que les autres jours. Plus triste, plus perdue. Comme si un gros secret venait d'éclater. J'ai balayé l'hypothèse de Marius. Il m'avait toujours juré que jamais il ne révélerait quoique se soit de son passé.

C'était sûrement un de ces jours sans. Ces jours où on broie du noir, sans réussir à voir la moindre chose positive. La blonde s'est vite endormie, et je suis restée longtemps au milieu de la chambre, ne sachant pas quoi faire. J'envoie un message à Armand, dans l'espoir d'aller le rejoindre, mais il ne répond pas.

Je baille, grelotte, et me décide à aller voir Marius. Quand je toque, il semble déçu que ça ne soit pas Armelle, mais me lance quand même un timide sourire.

- Je peux entrer ? Je demande, hésitante.

Il hoche la tête, et se décale de la porte pour laisser mon fauteuil passer dans l'encadrement. Marius claque la porte et s'assoit sur le lit vacant de la pièce, face à moi. Je souffle, et demande :

- Tu lui as dit ? À Armelle ?

Le brun se laisse aller contre le mur, et se cache les yeux de ses grandes mains ébènes.

- Ouais.

Je respire silencieuse quelques instants, avant de répondre.

- Tu vas la briser, Marius. Ça va lui faire du mal.

Marius soupire et s'allonge de tout son long sur les couettes rouges, ses pieds dépassant de quelques centimètres du lit.

- Et j'aurais dû faire quoi ? Continuer à lui mentir jusqu'à la fin ? On est là pourquoi en fait ? Se libérer et parler. Alors dire pourquoi je suis ici à la fille que j'aime, ça m'a fait un bien fou. J'en ai marre de ressasser le passé.

J'ai l'impression de me dégonfler. De perdre d'un coup tout l'air qui m'habitait, comme si on m'avait crevée tel 7n vulgaire ballon de baudruche. Un maigre sourire apparait malgré moi sur mes lèvres, et je roule jusqu'au lit où se trouve Marius, avant de tendre mes bras vers lui.

Surpris, il hésite un instant, me dévisage, et me serre de toutes ses forces contre lui.

- Maintenant, il te reste une chose à faire pour Armelle.

Le brun se détache de moi, et se renfonce dans le lit, attendant que je lui dise ma requête.

- Tu dois lui demander de t'accompagner au bal.

Depuis que j'ai mentionné le bal, je cherche frénétiquement une tenue qui ira avec

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Depuis que j'ai mentionné le bal, je cherche frénétiquement une tenue qui ira avec. J'étais sûre que toutes les robes et ensembles que j'avais emmené me servirais bien un jour ou l'autre. Armelle me jette quelques coups d'œil intrigués depuis le lit, sans me poser de questions.

- Tu as une tenue, pour le bal ? Je lui demande enfin, au moment où je me coupe le doigt sur une paillette en plastique.

Elle soupire et tourne ses yeux vers moi.

- J'y vais pas.

- Quoi ?! Je hurle presque.

Armelle roule des yeux, un sourire aux lèvres.

- Jamais dans l'extrême, toi.

Je ris, fière de lui avoir arraché un petit rictus.

- Il faut que tu viennes. C'est le seul moment intéressant que le Centre a fait pour nous. C'est pas encore une de ces thérapies débiles ou une de ces balades dans la forêt où on se les gèle.

- Je veux... je veux juste pas qu'on voit mon corps. Elle se racle la gorge pour essayer de balayer ses sanglots. J'ai l'impression de revoir encore et encore tous ses regards malsains, et toutes ces insultes qui me brûlent la chair.

Je fronce les sourcils. C'est un de ces jours sans où on broie du noir sans arriver à voir le bon côté des choses.

- Mais t'es si belle, Armelle ! Et puis, on s'en fout des autres, tu dois juste te plaire à toi même.

Elle s'enfonce à nouveau dans son coussin, et essuie ses joues humides de larmes d'un revers de la main.

- Si j'arrivais à me trouver belle, à aimer mon corps, je serais pas ici, Ava.

J'avance mon fauteuil jusqu'à elle, et me jette à côté d'elle pour la serrer dans mes bras.

- Écoute. Je sais pas pourquoi t'es ici. Mais en tout cas, ce que je sais, c'est que les gens qui t'ont fait souffrir son des connards. Et ici, y'en a pas, des connards. Alors met ce que tu veux, aimes toi. Ce bal, ça sera comme un gros doigt d'honneur que tu fais à tous les plus gros cons de la Terre. Ok ?

Elle éclate de rire, et moi avec. On se marre pendant de longues minutes, à se serrer dans les bras, à pleurer, et à essayer d'accepter nos corps. Des cicatrices, nos corps en sont marqués de toute part, et elles sont indélébiles. Alors, autant les aimer de suite, n'est-ce pas ?

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