Chapitre 26 - Armelle

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8 mois plutôt :

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8 mois plutôt :

JE FAIS DÉFILER LES PHOTOS de moi sur les réseaux. Des photos de moi où je suis nue. Nue. Ce corps qui n'appartient qu'à moi se retrouve sur tous les téléphones du monde. Sur tous les sites imaginables. J'ai désactivé les notifications dans les heures qui ont suivi leur publication. Je n'en pouvais plus de recevoir des insultes toutes les secondes.

Désormais, je n'étais plus Armelle, la blonde à la vie parfaite - riche, belle, en couple avec le garçon le plus convoité du lycée, promise à un avenir brillant - mais une fille réduite en cendres, qu'Adam avait immolé de son propre grès. J'étais une fille de plus à rayer sur son tableau de chasse. Une fille à briser, à manipuler pour mieux la réduire à néant après. Une fille de plus détruite à cause d'un garçon qui se croyait supérieur et intouchable. Et finalement, c'est ce qu'il est.

Quelqu'un toque timidement à ma porte. Je me relève brusquement du sol et sèche les larmes à la va-vite, adoptant ce rôle parfait que je m'oblige à porter depuis toujours.

- Entrez. Je dis en souriant faussement.

Mon père entre dans la pièce, le visage crispé par la détresse. Il sait. Papa s'assoit sur le bord de mon lit, et lisse nerveusement la couette déjà parfaite.

- Tu... Comment c'est possible, Armelle ? Il se racle la gorge, cherchant ses mots. Combien de fois je t'ai dis de ne jamais envoyer de photos intimes à quelqu'un ?

Il a fini sa phrase en chuchotant, essayant toujours de se convaincre que tout ça n'est pas réel. Rien qu'un simple cauchemar et qu'il se réveillera bientôt.

- Mais... Je... Je bégaie, les larmes aux yeux. Je n'ai jamais envoyé ces photos, papa. Je te le jure !

Il baisse la tête et mets ses mains sur son visage, sûrement pour tenter de cacher les larmes qui roulent sur ses joues. Comment peut-il pleurer alors que c'est moi sur ces photos ? Que c'est moi qui souffre ?

- Alors comment tu expliques ça ? Comment tu peux te retrouver nue sur ces photos ? Par magie ? À non, ça doit être un esprit ou un fantôme.

Mon cœur se dégonfle tel un ballon de baudruche, pour aller se loger dans mon estomac. Jamais je n'ai pris ces photos !

- Comment tu peux me blâmer alors que je n'ai jamais fait ça ?! C'est Adam, qui a pris ces photos ! Je n'ai rien fait ! Je le jure ! C'est lui qui devrait payer, pas moi ! Je hurle, essayant de contrôler mes sanglots du mieux que je peux.

Furibond, mon père se lève brusquement du lit, attrape mon ordinateur, mon téléphone, et prends la clé de ma chambre dans sa paume.

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