CHAPITRE 4

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ROXANE

Devant moi, le portail en bronze n'est qu'un bien piètre objet en comparaison de la bâtisse provençale qui lui succède. Les parents de Matt habitent une belle villa, la plus belle de la Côte d'Azur. À cette hauteur, le crépuscule est magnifique. Sa lumière survole les branches des pins pour venir s'étaler sur les vignes.

J'appuie sur la sonnette. Jazz, le Cavalier King Charles de la famille, fait le tour du jardin et m'accueille en aboyant. Son museau passe entre deux barreaux pour que je puisse le gratifier de quelques caresses.

— Tiens, Alessio n'est pas avec toi ?

Matt presse le bouton d'une petite télécommande, ce qui active l'ouverture des portes.

— Il rendait visite à son grand-père, cet après-midi. Il ne devrait plus tarder.

L'entrée donne directement sur le salon. Je n'étais pas venue ici depuis un bon bout de temps. La dernière fois remonte au Nouvel An, le jour où Falae a fini la tête dans un saladier pour vomir ses tripes. Les autres se trouvent déjà dans le patio, assis autour d'une table basse en bois flotté. Après avoir salué chacun d'entre eux, Himi et Kiara s'écartent pour me faire une place au centre du canapé.

— Tes parents sont pas là ? lancé-je à notre hôte, occupé à ciseler des feuilles de menthe derrière le bar.

— Nope. Ils me laissent la maison jusqu'à dimanche ! Ils ont pris des billets d'avion sur un coup de tête pour profiter de leur belle vie de quarantenaires à Venise.

Au même moment, quelqu'un toque et Jazz donne à nouveau de la voix.

— Entre, Alessio ! crie Matt.

Casque en main, mon meilleur ami referme la porte derrière lui. Ses cheveux humides retombent devant ses yeux bleus et son polo blanc met en valeur ses épaules saillantes.

— Salut, les gars !

— On s'apprêtait à trinquer ! Ramène ta fraise ! beugle Terry, son mojito brandi.

Alessio s'installe sur un pouf à ma gauche et attrape le verre qu'Himi lui fait passer.

Les discussions filent dans tous les sens jusqu'au coucher du soleil. Désormais, seuls le néon violet du bar et la lune éclairent le patio. Je ris un peu trop fort. Et trop souvent, peut-être... L'alcool n'est pas étranger à cet état euphorique. Près de la piste de danse improvisée, mes mouvements se libèrent et je lâche prise avec les filles sur des musiques des années 2000. Je m'amuse et c'est tout ce qui compte en cette nuit.

Il est plus de vingt-trois heures lorsque je reviens vers le bar pour me servir un cocktail. Les garçons étalent un jeu de cartes.

— J'ai trop mal au dos ! se plaint Falae en tamponnant son front.

— Personne t'a demandé de twerker, hein, ricane Terry avant de claquer un as de trèfle sur la table. Alessio, balance ton atout le plus fort !

— Mec, baisse d'un ton ! grommèle Matt. J'ai des voisins.

— T'as qu'à les inviter pour le bain de minuit.

— Seulement si l'un d'entre eux s'appelle Loric Ardery, déballe Kiara, les joues rougies par l'alcool.

J'avale une gorgée de mon Sex on the Beach de travers.

— Bah, quoi ? proteste-t-elle. Être exécrable ne l'empêche pas d'avoir une belle gueule !

— Elle est cheloue votre pote, glisse Terry en scrutant la réaction de ses compagnons de jeu. C'est moi qui picole et c'est elle qui raconte des conneries ! (Il secoue son verre vide.) Matt, mon frère, ressers-moi une bière !

Last WoundsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant