CHAPITRE 38

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LORIC

— Merci beaucoup ! Oh, et joyeux Halloween ! Vous fêtez Halloween en France ? Je suis pas d'ici, moi. Je suis Irlandais.

Je me détourne du calendrier électronique qui affiche la date du 28 octobre.

— Faolan est obligé de raconter sa vie aux gens qu'il ne connaît pas ?

Erlina arque un sourcil, laisse son regard glisser de son journal vers moi, puis à nouveau sur les lignes imprimées.

— Tu sais comment il est.

Ce phénomène ambulant ne tarde pas à réapparaître en salle de pause, accompagné d'un colis arborant le logo de Hans & Keren. Il retrousse ses manches avec un enthousiasme exagéré, attrape un ciseau rouillé abandonné sur une étagère, et s'attaque au ruban adhésif. Les bords du carton grincent sous ses mains impatientes.

— C'est bien présenté, dis donc !

Il s'arrête un instant, un sourire en coin, et balance l'écrin beige vers nous. Erlina l'intercepte avant qu'il n'atterrisse par terre. Avec ses cheveux rouge sang fraîchement coupés, elle ressemble à une héroïne tout droit sortie d'un thriller macabre. Faolan ne devrait pas tant faire le malin.

C'est elle qui se charge d'étaler la tenue de Roxane sur la table. Pour l'instant, je préfère ne pas la regarder.

— Wouah ! Les broderies sont tellement... Faolan, putain !

Je me tue à rester concentré sur mon bol de salade, mais ce crétin vient agiter le soutien-gorge que Roxane portera bientôt sous mon nez. Je serre les poings. Il adore tester mes limites.

— Ça te plaît, mon loulou ?

— Je suis en train de manger, lui rappelé-je dans un calme forcé.

— Oui, c'est pour te mettre en appétit.

— Repose ça.

— T'as pas faim ?

— Repose ça !

— Tu t'énerves, c'est bon signe.

Il éclate d'un rire convulsif et ma colère augmente. Je me donne une seconde pour ne pas réagir trop vite.

— À quoi tu penses ? demandé-je.

— Oh, allez. Je suis débile, mais pas au point de rien comprendre. Ces messieurs-dames veulent être seuls pour travailler, pouffe-t-il, les bras croisés par-dessus son t-shirt punk. Ben voyons, Loric.

Bien. La nouvelle n'est pas passée, apparemment, puisqu'il continue de creuser.

— Cette volonté est celle de Roxane.

— Ouais, mais elle te va bien au teint.

— Tu es vexé de ne pas participer au shooting, bifurqué-je.

— Non, ça me permettra de rattraper les heures que j'ai accumulées la semaine dernière. Toi, t'oses pas nous dire qu'il y a un truc entre vous. T'as flashé sur elle depuis le début. Avoue !

— Faolan, active les deux neurones qu'il te reste et commence à réfléchir à tes propos, grincé-je en massant mes tempes. Ça s'appelle un recrutement.

— Déguisé. Un recrutement déguisé, corrige-t-il, fier. Erlina pense pareil de toute façon, alors je m'en fous.

— Eh ! réagit la dénommée. Tu connais le principe d'une discussion entre nous, espèce d'imbécile ?

— You're pissing me off. « Vous me faites chier. »

J'embarque ma salade en espérant terminer de manger dans un endroit tranquille, mais Faolan se poste devant le couloir à la manière d'un agent de sécurité.

Last WoundsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant