CHAPITRE 46

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ROXANE

Tout se déroule sans accrocs jusqu'à jeudi. Le matin, Candice m'informe qu'elle ne sera pas présente pour le reste de la semaine. Elle a choppé la grippe. Je lis son message à l'entrée du campus et échappe un soupir chargé de frustration. J'aurais préféré le recevoir chez moi. Je me serais abandonnée à une journée de détente devant Netflix sans demander l'avis de personne, sauf à Zoé. Je commence à pénétrer le bâtiment principal en rédigeant ma réponse.

[OK, je comprends. Repose-toi bien, je t'enverrai les cours par mai...]

— Hé !

Je me heurte à quelqu'un. Mon téléphone tombe au sol. Heureusement, l'écran ne se fissure pas.

— Je suis déso...

Amalie Borowski.
Devant moi.
Entourée de ses deux copines.

— ...lée. Je n'ai pas fait attention où j'allais.

— J'ai vu, ouais.

Déroutée, je ramasse mon appareil et tente de contourner les fauteuses de troubles, mais la voix dissonante de Dita me retient.

— Ta pote n'est pas là ?

Barre-toi, Roxane.

— Elle est malade, chevroté-je, totalement bloquée.

— Ah, pouffe Amalie. Et tu vas y arriver ?

— À quoi ?

— Te défendre toute seule. C'est pas Zoé qui t'aidera, elle sert à rien.

Loéline se bidonne derrière les deux autres. Putain. De quel droit se permettent-elles ce genre d'attitude ? Mes paumes sont moites. Je mords l'intérieur de mes joues jusqu'au sang, puis ose d'une voix timide :

— Je vais avoir besoin de me défendre, selon toi ?

Son haussement d'épaules, ajouté à son sourire en coin, me met en état d'alerte.

— Je sais pas. Tout est possible depuis qu'Élie s'est fait renvoyer à cause de vous.

— T'avais qu'à supplier ta tante pour qu'elle ne le fasse pas.

— Ta gueule, crache-t-elle, peu impressionnée que je connaisse son secret. Elle avait pas le choix. Il l'a frappée, mais c'est toi qui l'as poussé à bout. C'est toi qui aurais dû dégager.

— Je n'ai rien fait, articulé-je.

— Je confirme. T'as laissé cette salope de Candice le provoquer sans l'en empêcher. Tant pis si elle a ramassé un coup de poing et tant pis si t'en subis les conséquences.

— Les gars me tenaient ! Je pouvais pas bouger !

— Ça serait pas arrivé si tu les avais suivis. En réalité, t'es une amie en carton, une lâche. Va te planquer, fanfaronne Amalie. Ici, les lâches sont des vermines qu'on éradique.

Dieu merci, ce sont elles qui désertent le hall en premier. Mes jambes tremblent. Je fais du surplace, tétanisée par ces mots ravageurs qui se répètent à l'infini. Des élèves me regardent. Mes oreilles se bouchent. Je n'entends que les battements chaotiques de mon cœur. Comment ne pas se laisser intimider ? Comment m'affirmer ?

Inspire. Expire. Marche.

Je dégage mes épaules, bombe la poitrine, et monte au deuxième étage quand mon téléphone émet une vibration. Un SMS. Loric.

[Elles t'ont menacée ?]

Il a assisté à la scène ? J'entre dans la salle numéro quatre et m'installe à ma place habituelle. Il n'y a personne. Je suis tranquille.

Last WoundsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant