Last Wounds

CHAPITRE 20

ALESSIO

Cloué sur ce maudit canapé, je bouillonne comme un fauve. C'est moi qui devrais enchaîner ces pas de paso doble aux côtés de Roxane. Pas Terry. Je sais qu'il ne ressent rien pour elle et que le positionnement de ses mains sur son corps n'a rien d'étrange, mais je déteste l'observer, si sérieux et pris dans un rôle séducteur que Roxane adopte à son tour. Leurs regards sont langoureux et la proximité de leurs visages adore me narguer. Mon cœur a tendance à s'emballer.

— Tu dois tellement douiller, mec.

Matt se penche sur mon attelle, son paquet de chips ouvert entre les cuisses.

— Un peu.

— Comment tu fais sans ta main droite ?

— Pour les cours ? Je suis ambidextre, précisé-je. Je peux écrire de la main gauche.

— Je parlais pas d'écrire, ricane-t-il, la bouche pleine.

J'arque un sourcil.
Putain.

— Et voilà que l'autre blaireau en rajoute une couche, intervient une voix féminine.

Kiara s'installe sur le pouf. Elle resserre sa queue de cheval, puis continue :

— Sérieux, t'es dégueulasse. Et plus, tu sèmes des chips de partout.

— T'en veux ? lui demande-t-il d'un air innocent.

— Sans façon.

— Alors, arrête d'être chiante.

— Va te faire foutre.

— J'irai quand mon casse-croûte sera fini.

D'un soupir pour réponse, Kiara détourne le regard en direction de son partenaire, toujours en pleine répétition avec ma danseuse. Elle mordille les petites peaux de ses lèvres, puis cesse dès qu'ils reviennent vers nous, couverts de sueur.

— Bon travail, tout le monde ! chantonne Hailey. On remet ça dimanche soir. Des essayages sont programmés avec Loric et son équipe.

Quelle charmante nouvelle ! Je ne doute pas que notre photographe-vidéaste va adorer conduire sa nouvelle étudiante après les cours — comme il l'a fait la semaine dernière — et que ses yeux de fouine se révolteront dès que je me rapprocherai de ma meilleure amie. C'est ce que je compte faire désormais : graviter autour d'elle jusqu'à ce qu'il comprenne qu'il ne l'aura jamais. J'empêcherai Roxane de tomber dans ses filets.

Pendant que mes potes occupent les douches, je patiente à l'extérieur. Roxane est la première à en sortir, les cheveux à peine séchés. L'odeur de son shampoing au miel me transporte dans un état de rêverie.

— Le chiot va bien ?

— Je suis allée le voir hier, prononce-t-elle. Il donnait des coups avec son nez dans sa couverture pour jouer malgré ses pansements.

— C'est rassurant.

Je me souviens de son appel le lendemain de mon accident. J'ai cru respirer à nouveau lorsqu'elle m'a annoncé que sa formatrice avait veillé à la survie du bouledogue toute la nuit. Elle est un médecin hors pair qui travaille pour voler au secours des animaux et non pas pour renflouer les caisses de son entreprise. Un exemple à suivre.

— J'ai quelques économies de côté. Je participerai au règlement de ses soins.

— Lara va rien te demander, réplique ma meilleure amie. C'est pas toi le fautif, t'as pas à débourser quoi que ce soit.

— Je l'ai renversé, insisté-je.

— T'es pas responsable. Ne t'inquiète pas pour ça, d'accord ? T'as déjà fait beaucoup en voulant privilégier sa vie alors que tu étais blessé.