CHAPITRE 26

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LORIC

Faolan et Erlina préparent Roxane dans la loge pendant que je transporte du matériel de mon bureau à la salle de shooting. J'ignore sur quoi leur discussion évolue, mais mes salariés sont bruyants et leur porte est grande ouverte.

— Putain, Faolan ! Si je te vois encore une fois bouger mes trousses à maquillage, je te zigouille !

— Attends, tu réalises toute la place qu'elles prennent ? J'ai besoin de poser mes affaires quelque part, moi !

Agacé par leurs enfantillages, je suggère aux bijoutiers indonésiens de se resservir en thé ou en café avant de refermer l'open space, où je les fais patienter. Ils ne parlent pas français, pourtant, je suis persuadé qu'ils nous considèrent comme des fous.

— T'as qu'à demander à Loric qu'il rachète des caisses de rangement ! se défend Erlina.

You know he's a cheapman, donc libère un côté de la coiffeuse !

Je suis quoi ? Un radin ?
D'un pas rythmé, j'avance vers la loge.

— Vous saviez qu'il voulait m'embaucher ? glisse Roxane.

Le mur me cache. Discrètement, j'observe ce qui se déroule dans la pièce à travers un interstice. Faolan s'attèle à la création d'un petit chignon bouclé avec la partie supérieure des cheveux de ma recrue pendant qu'Erlina lui applique un fard irisé sur la paupière. Elle est maligne. Elle a attendu que je m'éloigne pour tenter d'obtenir certaines informations. Cette détermination me rappelle pourquoi je l'ai choisie.

— Non, annonce la make-up artist en continuant d'estomper le surplus de paillettes à l'aide d'un pinceau. Il a gardé le secret jusqu'à la fin.

— Ouais. Il a fait le mystérieux jusqu'au jour où il t'a prise sur son bureau.

Roxane inspire un grand coup, les yeux exorbités. Ma réaction est similaire à la sienne. Faolan vient d'en faire une.

— Hein ? s'écrie Erlina. Je suis pas au courant de ça !

— Bien sûr que si ! Il nous l'a dit !

— Mais qu'est-ce que vous racontez ? panique Roxane.

Je les regarde à nouveau, immobile. Erlina lâche son crayon pour l'attraper par la secouer par les épaules. La pauvre.

— Vous avez couché ensemble ?

— Quoi ?! Pas du tout !

— Je comprends rien, déclare Faolan, les sourcils froncés. Je parlais de leur entretien...

Note à moi-même : retravailler quelques bases de français avec lui pour éviter de futurs quiproquos.

Cette comédie a assez duré. J'entre dans la loge et applaudis sans joie sous leurs regards décomposés.

— Bravo, Faolan. Encore une jolie bourde de ta part. Combien de fois t'ai-je rabâché que les prépositions françaises n'ont pas le même sens ? « Sur » ne veut pas dire « dans » !

Mal à l'aise, il repose sa bombe de laque sur la coiffeuse.

— Je me disais aussi qu'il y avait jonquille sous roche...

— Anguille, corrigé-je, exaspéré.

— Elle est compliquée, votre langue.

— Pas quand il s'agit de me traiter de radin, à ce qu'il paraît.

— C'était de l'humour.

— Ou pas, se marre Erlina avant de jeter un œil vers moi. Du coup, vous avez pas couché ensemble ? Je suis presque déçue...

Last WoundsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant