LORIC
Roxane a refusé le vin proposé par Hans. Elle a décidé de se sevrer.
Ce soir, elle abolit ses heures de déprime et honore notre nuit sur la plage. Elle me rend admiratif, car elle est tout ce que je ne suis pas. Courageuse, solide, réceptive... et toujours aussi audacieuse.Les coudes appuyés sur la table, Roxane accorde toute son attention aux questions du couple. Depuis le début du repas, mes yeux se régalent de son dos parfait. Les chaînes sur son coccyx m'appellent pour que je les décroche et les frissons sur sa peau me supplient de les aspirer dans ma bouche. Mes cuisses se tendent. Je lutte contre le désir.
— Et si nous vous présentions Melancholia ? suggère Keren, profitant d'un court silence pour orienter la discussion vers un sujet plus concret.
Roxane repose son verre rempli d'eau pétillante. Ses doigts pianotent sur le cristal.
— C'est le nom que vous avez choisi...
— Pour notre nouvelle collection, termine Hans dans son accent chantant.
Sa compagne tape le code d'accès d'une tablette tout juste sortie de son sac Bottega Veneta et la retourne afin que Roxane puisse la prendre entre ses mains. Les images de lingerie sur l'écran compriment ma trachée. Je regarde en arrière. Nous sommes très peu visibles. Les rameaux d'olivier créent une barrière entre notre table et les autres clients.
— La voici, annonce Keren avec fierté. Comme vous le constatez, le soutien-gorge est confectionné en dentelle de soie noire. Nous avons opté pour un violet byzantin pour le motif floral et d'un vert mélèze pour les branches de cyprès, brodés dans la culotte en tulle italien.
Les yeux de Roxane s'écarquillent. Elle contemple chaque détail minutieux de ces pièces.
— Pourquoi du cyprès ? demande-t-elle pendant que des langues de feu goûtent mes veines.
— Pour représenter la mémoire et son éternité. C'est un arbre qui ne meurt jamais, peu importe la saison. Les gouttes de résine noire que vous voyez sur les hanches expriment son contraire, le deuil, l'éphémère. Ce qui est perdu.
— C'est passionnant.
Stimulant pour mon imagination. Mon esprit s'emballe. Mes statuts de professeur et de chef d'entreprise n'existent plus. Je ne suis qu'un homme. Un homme à la merci d'une attirance beaucoup trop forte, plus intéressé par la transparence de ces sous-vêtements que par les accords d'une guitare espagnole qui se joue dans la salle de restaurant.
Merde.
J'ai envie d'elle. Je pourrais brûler vivant dès maintenant et l'appâter jusqu'à mes flammes. Je veux combler son corps de baisers chauds, puis dépouiller ses poumons d'oxygène. Mes reins se contactent. Je tâche de retrouver une respiration stable pendant que leur discussion se poursuit.
— Combien coûte cet ensemble ? s'enquiert Roxane.
— C'est une édition limitée. Nous avons estimé son prix à huit cent vingt-cinq euros, rétorque Hans.
Une somme vertigineuse qui s'effriterait dans mes morsures délicates...
— Vous seriez magnifique avec celui-ci, Roxane. Telle que je vous vois, je peux déjà affirmer qu'il est adapté à votre morphologie, l'informe Keren.
Ou que j'embrasserais à m'en érafler les lèvres...
— Écoutez, je suis prête à accepter. Seulement, j'ai une demande particulière.
Discrètement, j'empoigne la nappe pour me concentrer sur autre chose que sur la douleur que me provoque ma ceinture trop serrée. Hans se tourne vers moi, un sourcil haussé. Je fuis son regard.
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Last Wounds
RomanceUn regard aussi sinistre qu'une plage de sable noir. C'est ce à quoi Roxane Wilheim a pensé quand elle l'a vu pour la première fois. Photographe irlandais, Loric Ardery a tout d'intrigant. L'autorité qui coule dans ses veines ne semble pas là par h...