CHAPITRE 49

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LORIC

— Trop stylée, ta montre ! Tu l'as volée à qui ?

J'interromps la programmation du projecteur et écoute le rire cristallin de Roxane butiner dans le fond de la salle. Cette remarque lancée par Candice attire plusieurs regards vers elles, dont ceux d'Amalie et ses copines. Je les surveille. Un seul commentaire de leur part, et ces filles iront dehors.

— Candice Leguisamo, scandé-je.

— Oui, monsieur ?

Be quiet. « Silence. »

— D'accord, monsieur.

Je lève les yeux au ciel et attrape un feutre. Noël approche et mes étudiantes sont particulièrement agitées, ce matin. Je me dois d'effectuer un petit rappel.

— Bien ! Comme vous le savez, vos partiels ont lieu dans deux semaines.

Enfin, j'attire leur attention. La classe retrouve le silence.

— Puisque nous avons fini le programme trimestriel, je réserve les deux prochains cours aux révisions. Quels chapitres souhaitez-vous revoir en priorité ?

D'emblée, Zoé lève la main. D'un hochement de tête, je l'autorise à prendre la parole.

— Si possible, le protocole à respecter pour les chiens mordeurs. En anglais, j'ai du mal.

J'écris sa demande au tableau.

— Ensuite ?

— L'appareil cardio-respiratoire ? propose Alyzée.

— On pourrait retravailler le choix des antiparasitaires, aussi ? suggère sa voisine.

— Ouais, et en faire avaler à certaines.

Je toussote pour couvrir les mots de Candice et me retourne pour l'aviser d'un regard meurtrier. Roxane murmure quelque chose à son oreille – sans doute pour qu'elle se taise – avant de cacher ses mains sous sa table. La seconde suivante, ma montre vibre contre mon poignet.

Sa façon à elle de me remercier d'avoir évité une nouvelle bagarre.

Son col roulé bordeaux épouse sa silhouette. C'est un supplice. Chaque moment sur ce campus de la mort m'invite à briser les codes. Patience. La chaîne d'argent qui orne son cou, je l'aurais entre les dents ce soir ou peut-être demain, quand mes caresses sur son corps étoufferont ses soupirs.

Je débusque ces pensées de ma tête.

— Autre chose ?

Pas de réponse. Je me lance alors dans le récapitulatif du cours sollicité par Zoé. Les minutes filent, rythmées par des formulations anglaises et des œillades vers Roxane qu'elle me renvoie, tout aussi discrètes, mais tout aussi évocatrices.

Une heure et demie plus tard, mes ASV1 se hâtent vers une pause méritée.

— La même chose que d'habitude ? demande Roxane à Candice.

— Oui ! Mais vérifie qu'ils saupoudrent assez de cannelle sur ma boisson, parce qu'ils ont tendance à être radins... Et si c'est le beau gosse qui te sert, prends son numéro, steuplait !

Et puis quoi, encore ?

Je n'apprécie pas l'idée que Roxane s'engage dans un jeu de séduction. Ma poitrine se comprime et mon dos se raidit. Je lui envoie un message dès qu'elle quitte la classe avec Zoé.

[Remonte après ton escapade au café.
Je n'aime pas te savoir au milieu de tous ces gens.]

[Je risque d'être un peu plus longue que prévu. Je dois rendre service à une amie.]

Last WoundsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant