JOUR 6

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JOUR 6

« Certains ne devinent jamais fous... Leurs vies doivent être bien ennuyeuses. »

Charles Bukowski

Aria accélère ses pas pour partir en direction de sa voiture garer dans un parking sous-terrain. Malgré son allure et son comportement rebelle, les endroits clos de ce genre pouvaient la terrifier. Elle déverrouille sa portière à quelques mètres à l'aide de sa clé électronique, et se jette à l'intérieur de celle-ci, en prenant soin de fermer sa voiture à double tour en étant à l'intérieur.

Elle ressent à cet instant une agitation dans sa poche. Son téléphone s'était mis à vibrer, lui signalant que quelqu'un essayait de la joindre. Elle attrape son cellulaire et décroche.

- Oui, Bonjour. Aria Mancini, je vous écoute.

Elle avait pris l'habitude de répondre systématiquement en se présentant. Elle gérait beaucoup de clients sur son numéro privé, alors il était hors de question pour elle de répondre par un simple « Allô ! ». Le premier contact avec ses clients par accueil téléphonique, doit toujours donner une bonne impression. C'est ce qui fait véhiculer en quelques sortes les premières valeurs de l'entreprise.

- Bonjour, mademoiselle Mancini. C'est Bernard Petit, votre conseiller bancaire.

- Oui, comment allez-vous ?

- Très bien et vous ?

- Ça irait parfaitement, si vous m'annoncez une bonne nouvelle.

- C'est exactement ce que je comptais faire. J'ai enfin pu prendre votre demande en compte et faire le virement à l'ancien propriétaire du local que vous venez d'acheter. Il devrait déjà être sur son compte à l'heure qu'il est. Je pense que vous allez désormais être propriétaire.

Enfin, depuis le temps qu'elle attendait d'avoir son propre local pour implanter son agence. Ce jour allez enfin pouvoir se réaliser.

- Merci beaucoup de me l'avoir annoncé de vive voix, j'apprécie le geste. Elle émet un petit rire.

- Je vous en prie. Je vous souhaite une agréable journée.

- Merci, à vous aussi Monsieur Petit.

Une fois la conversation close, elle serre ses poings pour contrôler son excitation. Il fallait qu'elle contacte son propriétaire au plus vite, et c'est ce qu'elle ne tarda pas à faire. Elle fait défiler sa liste de contact et appuie sur le numéro concerné. Elle approche son téléphone à l'oreille, pour entendre les sonneries, une, deux, trois, puis quatre. Désespérée, elle était prête à raccrocher, mais une voix masculine au bout du fil répond.

- Bonjour, mademoiselle Mancini. Je me disais justement que vous alliez m'appeler à l'instant même.

- Vous avez des dons de devin à ce que je vois. C'est incroyable.

Il rigole à l'autre bout du fil.

- Dites-moi, quand êtes vous disponible pour signer officiellement le bail et récupérer vos clés ?

- Je vous dirais maintenant, mais je ne suis pas sur que ce soit possible pour vous.

- Détrompez-vous, je suis justement en ville. Vous êtes disponible à l'instant même ?

- Oui, je viens de finir mon travail.

- On se dit, d'ici une petite vingtaine de minutes ?

- C'est parfait, c'est tout juste le temps que je me met en route.

- Très bien, à toute à l'heure.

- À toute à l'heure.

La jeune femme attend patiemment devant le bâtiment de taille moyenne qui allait dans quelques instants devenir son agence d'événementielles. Le lieu était neuf et n'avaient besoin d'aucune rénovation. Il lui suffisait juste d'installer ses bureaux et le nom de son enseigne et tout serait prêt d'ici quelques jours ou semaines.

En attendant que le propriétaire actuel daigne se présenter, elle décide d'appeler la société qu'elle avait engagé pour installer les meubles dès le lendemain dans la journée. Elle avait déjà tout payé il y a un mois de cela, quand elle avait signé la promesse de vente. Il ne lui suffisait plus qu'un coup de fil et choisir la date de livraison. Elle avait payé un surplus pour qu'elle se fasse livrer en prioritaire.

L'appel avait duré une dizaine de minutes et l'homme qui devait lui céder l'agence n'était toujours pas là. Il avait une trentaine de minutes de retard et aucun message pour la prévenir de son retard. Il n'allait pas quand même la lui mettre à l'envers. Elle avait parlé un peu trop vite, car l'homme d'une cinquantaine d'années marche vers elle avec une allure lente complètement obnubilé par l'écran de téléphone, un gros dossier en main. En arrivant vers elle, il lève les yeux et lui sourit en lui tendant la clé.

- Vous voulez ouvrir ?

- Oui, volontiers. Merci.

Elle prend la clé avec délicatesse et l'introduit dans la serrure en la faisant tourner une fois. Elle se mord la lève inférieure et pousse la porte en appuyant sur celle-ci. Un sol en lino qui donne un effet de parquet. Des grands murs blancs enveloppent la pièce. Plusieurs luminaires blancs sont suspendus au plafond. Elle voit déjà comment elle agencera ce lieu dès la livraison des meubles demain.

- On ne peut plus se rétracter maintenant.

- Non, et même si on le pouvait encore, je ne le ferais pas. Dit-elle rêveuse.

- Signé sur toutes les pages en n'oubliant pas de parafer et le local est définitivement à vous.

- Parfait.

Elle attrape deux documents similaires, qui comportent chacun un bon paquet de pages. Elle feuillette rapidement chaque page et les parafes une à une en les signant, et mettant « lu et approuvé » à chaque endroit désigné.

- Voilà, c'est fait.

Elle lui tend un document en gardant l'autre pour elle. Elle était actuellement la propriétaire et son agence allez enfin pouvoir ouvrir. Rien ne pouvait mieux égayer sa journée.

44 Days With YouOù les histoires vivent. Découvrez maintenant