JOUR 9

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JOUR 9

« Les émotions non exprimées ne meurent jamais. Elles sont enterrées vivantes et libérées plus tard de façon plus laide. »

Sigmund Freud

En poussant cette porte, elle sent un enivrant parfum très fort de tabac assemblé à de la bière fraîchement brassée. Cette odeur qui survient tout à coup lui parait si lointaine dans ses souvenirs. Le parquet est abîmé par les passages des clients. Des rayures sont apparentes sur chacune des planches encore imperceptiblement cirées. Avançant sur celle-ci, elle fait claquer ses talons qui résonnent à travers l'agitation bruyante des rires et des conversations.

Elle s'installe sur l'un des tabourets en bois maintenu par des pieds métalliques noir. Elle fait marteler lentement ses ongles vernis d'une couleur blanche, sur la table stratifiée du bar, en balançant son regard sur les rangées de bouteilles d'alcools.

- Qu'est-ce que je peux te servir ?

Un homme d'une vingtaine d'années avec un léger sourire charmeur s'adresse à elle. Il se nettoie les mains et agite ses doigts tatoués sur l'écran tactile de sa caisse. De son autre main, il la balade dans ses court cheveux grisonnant dû à une coloration. Une faible barbe noir vient envelopper le bas de son visage.

- Une Margarita, s'il te plaît.

Elle lui rend son sourire et enfonce sa main dans son sac pour attraper son portefeuille.

- Une Margarita, Eliza.

Il fait un signe de la main à sa collègue qui s'occupe des boissons.

Elle sirote sa boisson dans un bar. C'est le genre d'endroit où elle n'avait plus l'habitude de partir depuis ses vingt ans. Elle se consacre entièrement à son travail, alors elle n'avait pas le temps de batifoler dans ces établissements.

Ce soir, elle avait accepté de sortir avec Luisa et William, sous l'invitation de Hugo. Elle n'attendait plus que les concernées.

Une main chaude se pose sur son épaule et l'intéresser s'assoit à côté d'elle. C'est Hugo. Il est mieux apprêté qu'hier et à l'air de sortir de chez le barbier. Il sent bon, il sent l'homme.

- Tu sais, je ne pensais pas que tu allais venir ce soir. Dit-il en faisant signe au barman de s'approcher. Une bière Josh, s'il te plaît.

- Dans ce cas-là, tu t'es trompé.

- Et ça ne me déplait pas.

Elle déglutit en plissant les sourcils. Il est beaucoup trop direct. C'est un peu gênant comme situation. Elle souhaite que sa soeur et William face leurs apparitions au plus vite.

Le silence commence à devenir gênant et elle évite tout contact direct avec lui. Elle ne veut pas croiser son regard.

- Ne te braque pas pour si peu, voyons.

Le barman dépose sa bière brassée sur le comptoir et la fait glisser vers lui. Hugo le rattrape et bois une grosse gorgée.

- Je ne me braque pas.

- On aurait cru le contraire.

À proximité d'eux, Aria entends des voix familières, celle de William et Luisa. Elle se retourne et aperçois sa soeur en robe rouge très moulante avec un décolleté et des talons haut très vertigineux d'environs dix centimètres, des effets résilles à petites mailles ornée de petit strass en guise de décoration.

Pour son grand étonnement sa soeur ne lui fait pas la bise, elle lui envoie simplement un sourire remplie de fourberie. Elles étaient restés en froid depuis la dernière fois où elles s'étaient vue à son appartement et qu'elles avaient parlé de travail. Aria ne s'imaginait pas que sa soeur lui en tiendrait autant rigueur jusqu'à maintenant. Elle n'avait pas changé depuis leur jeunesse, elle prenait la mouche pour tout et n'importe quoi. Aria décide quand même de faire abstraction de la réaction de Luisa.

44 Days With YouOù les histoires vivent. Découvrez maintenant