Chapitre 36

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Tout en expliquant la situation à Chris, Allison et Isaac, je surveille que de nouveaux messages de Stiles n'apparaissent pas sur mon téléphone. Et ce n'est pas le cas. La nuit a fait son entrée depuis un bon bout de temps. Sachant que la chose que j'ai vu dans la centrale se promène toujours en liberté donne un aspect différent à la pénombre.

Même dehors j'entends le récital. Je distingue du violoncelle, un piano, de la contrebasse et autres que je n'arrive pas à poser un nom. Ces instruments forment une parfaite harmonie. Je tente d'ouvrir discrètement la double porte d'entrée pour ne pas déranger les musiciens ou les spectateurs. Je rejoins Scott alors que Lydia vient tout juste de s'en aller.
- Où est Stiles? Je demande.
- Il va arriver.
- Où sont les professeurs?
- Là-bas.

Il m'indique un coin de la salle. En effet, plusieurs enseignants sont agglutinés sur cet espace. Il se mette soit à scruter le public, soit à regarder la performance des élèves sur la scène. Ne voyant aucun danger, je me laisse bercer par le récital. Je me permets de fermer les yeux un instant.

Le récital monte en volume et change petit à petit de tempo. La symphonie devient agressive. Je rouvre les yeux. Les gens n'ont pas l'air perturbés par ce changement. Les jumeaux, en revanche s'agitent dont un qui a l'air de chercher quelque chose.
Je souhaite parler à Scott mais celui-ci a disparu. Je suis perdue et une grande appréhension me monte à la gorge.

Je cherche un réconfort et tombe sur Isaac. Alors, je me rapproche de lui et lui chuchote.
- C'est normal que ça change?
- Je pense.. pas. S'enquiert il en fronçant légèrement les sourcils.
Ça n'aide pas à calmer ma crainte. Un lancement me prend au coeur si passager que je ne me demande pas si je n'ai pas rêvé.

Stiles et Scott viennent de sortir. Pourquoi tout le monde s'en va d'ici et qu'il ne me dise rien? Je fixe la porte et, voyant qu'il ne revienne pas, je sors à mon tour.
La fraîcheur m'enveloppe une fois a l'extérieur. Je frissonne légèrement.
- Qu'est ce qui passe, les gars? Je vous vois partir comme si vous aviez un monstre a vos trousses.
Un demi-sourire accompagne l'image de Stiles et Scott un peu à la Scooby-Doo.
- Lydia. On ne l'a retrouve plus. Clame Stiles très sérieusement.
J'efface mon semblant de joie sur mon visage.
- Comment ça? Elle t'a dit où elle s'est rendue?
- Non. Réponds Scott.

Forcément.
- Je l'ai appelé plusieurs fois, pourtant. Marmonne Stiles, plus pour lui-même que pour moi.
Je tente de réfléchir à une solution. Allez, allez.. Aussi bien, ce n'est rien de grave. Je répète ce que j'ai pensé à voix haute.
- Ça m'étonnerait. Lydia, comme elle ne fait que retrouver les cadavres, m'a dit qu'elle est restée pour éviter un nouveau meurtre.
- Tu ne m'avais pas dit qu'elle trouvait les cada... Aah!
Je plaque mes mains sur mes oreilles pour adoucir le cri perçant qui m'agresse. J'ai l'impression d'être devenue sourde au moment où le hurlement se tus.

- C'était quoi ça? Je braille.
- Je ne sais pas. Et baisse d'un ton, c'est fini ou sinon je vais réellement devenir malentendant. Me recommande Scott.
- Désolé. Je vais vérifier que ça ne provienne pas de la salle.
Je n'attends pas leur réponse et tourne les talons.

Je rentre et le concerto que j'avais savouré, il y a de cela deux minutes s'est transformé en un rite. C'est encore un coup du Darach. Les musiciens et chanteurs n'ont plus l'air eux-mêmes. Je garde les yeux rivés sur la scène et je me rapproche d'Isaac.

A sa hauteur, j'entrouvre la bouche pour parler. Soudain, la musique est à son summum et une corde du piano se détache, tranchant la gorge de la pianiste. Celle-ci tombe de son siège, les mains sur la plaie béante. Les gens hurlent, courent vers la sortie et se bouscule. Je reste pétrifié et d'instinct, je prend la main d'Isaac, pour me donner du courage. Son regard descend sur nos mains, puis sur moi. Il ne fait aucun commentaire.

Emportant Isaac avec moi, je me dirige vers la victime. Allison et Chris sur mes talons. Avec le public en sens inverse, je me fait cognée de toutes parts. L'ancienne pianiste est entourée d'une flaque de sang . En plus du sang, un liquide blanc avec comme des grumeaux, se répand sur le parquet de la scène. Ma cousine éclaire le mystère de cette substance.
- Du gui. Ça, c'est du gui.

On reste à observer le visage sans vie de la jeune femme. Pour ma part, je ne peux quitter ses yeux. Ses yeux vitreux. Ils sont imprégnés de douleur et de surprise.
Je me tourne brusquement. Un coup de feu a retenti. Je n'attends personne et m'en vais en courant. Stiles et Scott sont peut-être la cible. Et ça, je ne veux pas.

Dans les long couloirs sombres du lycée, je tente de me diriger de l'origine du coup de feu. Très vite, je retrouve Scott qui lui, court également. Je ne dis rien et le suit. Il entre par une porte et rugit. Je lève la tête et vois Lydia, le visage terrifié et baigné de larmes, attachée. Puis, je vois le shérif Stilinski, blessé par un couteau. Enfin, au milieu de la pièce, Mme Blake. Plus menaçante que jamais. Elle me sourit gentiment. Comme une journée de lycée ordinaire.

Tandis que moi, j'avançais discrètement vers Lydia, Scott se précipite vers Mme Blake en sautant sur les bureaux. La prof a un visage indifférent. Elle esquive le coup de mon ami et par la paume d'une de ces mains, le propulse jusqu'à l'autre bout de la pièce. Scott s'écrase contre le mur, s'écroule et ne se relève pas. Oh, oh. C'est pas le moment de faire un somme Scott, relève toi! Allez, me laisse pas avec cette folle!!

Manifestement, mes supplications ne lui parviennent pas et Mme Blake me fait face. Stiles arrive à cet instant. Un bureau bouge tout seul pour se mettre devant la porte, bloquant Stiles dans le couloir. Comment je vais la battre, moi? Je n'ai combattu personne.. Je ne me déplace pas d'un poil, gardant les yeux dans ceux de Mme Blake. Elle attend que je passe à l'attaque. Je vais m'écrouler, je le sais.

Pourtant, je fais un pas et griffes sortis je lève ma main droite vers elle. Son bras tendu, je m'attends à avoir le même sort que Scott. Mais à part des doigts doux et fins qui s'enroule autour de mon cou, je ne sens rien. Puis, ceux-ci s'enfonce dans ma peau. L'air me manque, je suffoque. Je place mes mains sur celle de la prof et tente de l'enlever. Sans succès. La satisfaction de me faire du mal se discerne dans le noir de ses yeux.

Une phrase du bestiaire me revient et je m'efforce de garder mes iris de couleur naturelle. Ces personnes sont très désirés et peuvent être en danger selon les intentions d'autrui. Malgré tout, je sens que cela m'échappe.
- Des iris violets. Ce n'est pas commun, n'est ce pas, Lana?
Sa question s'ensuit un silence coupé par mes souffles et les grognements du Shérif.
- Tu sais, j'en ai déjà rencontré des loups comme toi. Enfin, un. Tu dois te dire où est il, non?

Des larmes perlent le coin de mes yeux. J'ai peur de ce qu'elle va me dire. Et j'avais raison.
- Son corps je ne sais pas. Mais, pour un sacrifice, j'avais besoin de ses yeux. Ils étaient d'un bleu pur. Dommage, je les aurais bien gardés.
Ma respiration se hache encore plus. Je panique très fort. Elle le remarque et renchérit:
- Ne t'en fais pas, je ne te réserve pas son sort. A part si tu me met des bâtons dans les roues.. Passe une bonne nuit, Lana.

Sur ce, elle me balance contre le mur. Je tombe lourdement sur le sol froid de la classe. Tout mon dos me crie de douleur. Mes larmes coulent à flot désormais. J'ai pas réussi. Ma vue se brouille. Une confrontation se passe entre le shérif toujours conscient et la prof. Je rampe vers Lydia, qui a l'air endormie.
Mme Blake soulève le shérif par le poignard, parle et jette quelque chose par terre. Cet objet tinte contre le sol. Je continue mon avancé. Je suis au pied de Lydia, quand le chant du récital reprend. Je regarde les deux adultes. Enfin, désormais, l'adulte et le monstre. La douleur aiguë de tout à l'heure me prend au coeur. J'en tremble tellement elle est rude.

Mme Blake prend le shérif par les bras et disparaît par la fenêtre. Je relève le bras pour défaire la corde qui retient Lydia. Ma vue devient floue et je laisse ma tête chuter accompagnée de mon bras. Je ferme mes yeux rendus lourds.
J'entends la porte pousser le bureau et je pense, par le peu de force qui me reste, s'ouvrir à la volée.
Comme de très loin, la voix de Stiles raisonne:

- Papa?

La Fille Aux Yeux VioletsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant