La Fille Aux Yeux Violets

Chapitre 32

Allison, raide comme un piquet, remord sa lèvre inférieure aussitôt sa phrase fatidique prononcé. Et moi? La bouche légèrement ouverte qui la fixe. Gérard serait.. vivant? Et le cercueil que j'ai vu à son "enterrement"? Il était vide? Ou remplacé? Non, ça, je rejette. Toutes ces questions qui reviennent comme un disque rayé me donne le tournis.
- Lana.. Dis quelque chose, s'il te plaît. Papa nous attend dans la voiture.
Je reprend aussitôt de l'activité.
- Parce que, pendant toutes ces absences, Chris, mon oncle et ton père, était partie prendre un thé avec son père donc notre grand père!?

Ma tirade assez complexe la fait réfléchir avant de renchérir.
- Il n'est pas allé prendre le thé comme tu dis. Il fallait aller le voir..
- Ah oui?
- Il a des informations sur Deucalion. Gérard le connaît de longues dates et plusieurs fois ils ont eu des différents.. Alors, s'il te plaît, viens avec moi voir notre grand-père. On pourra peut-être arrêter la meute d'Alphas. Tu veux bien?
Elle me manipule avec son regard implorant. Et je suis faible. J'acquiesce et la talonne, non sans un long soupir.

Sur le siège arrière, Allison et Chris m'explique le pourquoi du comment. Je n'ai pas tout a fait écouté. De ce que j'ai compris, un garçon, nommé Jackson Wittemore, s'est transformé en kanima, une espèce de reptile. Gérard le contrôlait après avoir assassiné un certain Matt. Lors d'une altercation entre le groupe de Scott et mon grand-père, celui-ci voulait être mordu par Derek pour se guérir du cancer. Il aurait pu avoir tout gagné mais Scott avait senti l'importance des pilules qu'il ingurgité souvent. Mon ami les a trafiqués avec du sorbier pour que la guérison ne se fasse pas.
Malgré tous mes questionnements, je les laisse parler. Je verrais avec Gérard.

- Ça va aller? M'interroge mon oncle.
- Ouais.. je dis dans un souffle.
Sur ces mots, il ouvre la porte. La pièce est enveloppé dans le noir à part une fenêtre sans rideaux. Une personne en fauteuil roulant se tient en face. De dos, cette personne lance:
- Cela fait plaisir de te voir, Lana.
- Ce n'est pas mon cas.
Je ne me contrôle pas et je n'en ai pas l'intention. Je m'avance et me met à bonne distance de Gérard. Allison et Chris sont derrière.
Le fauteuil se retourne et Gérard, un sourire aux lèvres me scrute. Du liquide noirs coule de sa bouche et de son nez. Il s'essuie sans grand effet.

- Tu as bien grandi depuis la dernière fois que je t'ai vue.
- Tu as bien vieilli depuis la dernière fois que je t'ai vue, je pique.
Ses lèvres s'étire. Mon énervement l'amuse. Ou alors, mon dégoût. Gérard tend le bras en ma direction.
- Peux-tu soigner ton pauvre grand-père?

Il se fout vraiment de moi! S'il croit réellement que je vais le.. Attends, comment il est au courant. Allison l'aurait mis au courant? Mon insensibilité doit se lire sur mon visage car le malade me rétorque:
- Je suis un chasseur de loups depuis ma plus tendre jeunesse. A force, je reconnais les indices, jeune fille. Ne crois pas que tu étais discrète.

Chris s'interpose. Son regard est mêlé à de l'inquiétude et à de l'incompréhension.
- Lana, de quoi parle-t-il?
Je me place furtivement face à mon oncle et fais un geste d'apaisement vers lui.

- Chris, je te dirais tout mais, après.
- Pourquoi pas maintenant? Ma présence te dérange, Lana? Clame Gérard innocemment.
Entendre mon prénom de sa bouche me fait regretter de me nommer ainsi. Je lui foudroie du regard.
- Qu'est ce qu'il s'est que moi, je ne sais pas? Insiste Chris.

Allison vient à ma rescousse.

- Papa, s'il te plaît..
- Parce que tu es au courant, toi aussi..
- Enfin, mon fils, laisse-les s'exprimer. C'est dure d'avouer à sa famille de chasseur qu'en fait, tu fais partie de l'autre camp..
Je me crispe et fixe Gérard. Il l'a fait exprès. La phrase qui suit me fait d'autant plus confirmer ce que je pense.
- Oups.. J'ai peut-être parlé trop vite.
- En revanche, t'es vivant depuis trop longtemps.

Encore ce sourire qui ne veux toujours pas s'effacer du visage de mon grand-père. Ce que je lui ai lancé ne le blesse pas même si j'aurais voulu le contraire. Chris, lui, ne décroche pas ses yeux de moi. Il affiche un visage impassible comme il a si souvent l'habitude de le faire.
- Chris, ce n'est..
Mon oncle me coupe en me prenant les épaules.
-  Eh, je ne suis pas..

Il a laissé sa phrase en suspens mais il n'empêche que tout le monde sait à qui il fait allusion.
- Lana. Je sais qui tu es. Et puis, pour te l'avouer, je l'avais deviné sans le mettre au grand jour.. A chaque fois qu'Allison ou moi te parlait de ça, tu étais au bord des larmes en répétant: "Je ne veux pas avoir cet avenir." Tu fuyais dès qu'on voulait t'enseigner les diverses pratiques. Je suppose que je me persuadé que tu étais sensible.

J'ai un petit sourire nostalgique avec une fine tristesse qui le voile. Je me revois observer l'apprentissage de ma cousine. La moi petite ne faisait que de se torturer en imaginant sa cousine adorée la chasser, dans leur forêt. Au final, je ne sais pas du tout comment me servir d'une arme. Désormais, ce n'est plus utile vu que j'ai une autre sorte de défense. Des griffes.
J'émerge de mes pensées lorsque qu'un rire tout droit sorti des entrailles de l'enfer résonne.

- Je m'attendais à plus de divertissement, je dois l'avouer. Pauvre Christopher, tu es devenu aussi mou et faible qu'un enfant. Je ne t'ai pas éduqué de cette manière pourtant. Quand as-tu dérapé ? Dis moi.
Le contrecoup n'a été qu'un fixement d'un regard dur de la part de mon oncle. Gérard ne s'en formalise pas et continue.
- J'ai de grands espoirs pour toi, Allison. Tu es ma seul descendance qui m'est égalitaire. Du mois, je l'espère.

Son petit numéro à essayer de mettre de la discorde entre nous m'irrite de plus en plus.
- Gérard, on m'a dit que tu pouvais nous aider avec Deucalion.
Pourquoi j'ai dit ça? A aucun moment, il va nous aider de bonne grâce. Gérard n'ai pas généreux en action. Loin de là.
Il retrousse sa manche et me tend son bras.
- Soigne-moi. Et je dirais ce que je sais.
J'ai pas envie. J'ai pas envie. j'ai pas envie. Lui donner un moment de répit. Même dans ses rêves les plus idylliques, je ne ferais jamais ça!

- Qui me dit que tu m'entourloupe pas?
- Voyons, tu peux le faire confiance..
- Quelle bonne blague. Je marmonne.
À contrecoeur, je déplie mes doigts et les dirige vers le bras ridé. Sans le vouloir, le coeur de Gérard accélère de plus belle.
- Je ne peux pas. Lui donner de la satisfaction.. Non, trouvez quelqu'un d'autre mais ne comptez pas sur moi exceptionnellement.
- Un plaisir de t'avoir vu, Lana.
- Ta gueule. Vraiment.
A ces mots, je rejoins le couloir, non sans discerner un: " Mais qu'elle impolitesse! Elle devrait faire attention à son language. Ainsi que ses fréquentations.."

Au téléphone avec Stiles, je raconte ma rencontre avec "Gérard, le ressuscité". Il avait mentionné Jésus, mais mon grand-père est l'exact opposé de Jésus donc il a opté pour ce surnom.
De fil en aiguille, j'ai parlé encore une fois d'Isaac. Notre "dispute", si on peut l'appeler comme ça, m'attriste. J'arrive pas à tourner la page. Je ne sais pas pourquoi je me suis confié à Stiles mais il a l'air d'être intéressé.
- En fait, il t'a envoyé une flèche de Parthe.
- De quoi tu me parles?
- C'est un expression. Isaac t'a lancé une pique du fait de ton absence. C'était assez blessant et méchant. En plus de ça, tu ne t'y attendais pas. C'est avoir reçu une flèche de Parthe.

Je hoche longuement la tête.
- Tu penses que je devrais faire quoi?
- Je ne sais pas. Tu ferais quoi?
J'ai un temps de réflexion avant d'ajouter:
- Je lui demanderais des explications ainsi que des excuses, le pardonnerais et lui faire promettre qu'il ne recommencera pas.. En revanche, j'oublierais pas.
- .. Tu retiens tout ce qu'on te dit?
- En général, oui. Les trucs qui le blessent le plus. Pourquoi? T'as peur?
- Noooon.. Jamais!
- Même devant Deucalion ou Kalli?
- Il se pourrait qu'il y ait des exceptions..
Je ris doucement.

Je suis restée parler, parler avec mon ami. Stiles me permet de penser à autre chose, comme une vie d'ado ordinaire. Pour un bref instant..