Chapitre 22

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Les bras ballants, je reste debout devant le distributeur, ne sachant que faire. Je regarde autour de moi, hausse les épaules et prend des barres chocolatées. Chargés, je décide d'aller voir Stiles pour lui redonner son argent. Mais garde-la, il n'en saura rien.. Je secoue la tête.

- Stiles!? Ah! T'es là, tiens, au final, j'en avais pas besoin.
- Ah oui? Et pourquoi? Demande-t-il, agité.
- Figure-toi que le distributeur a été cassé.
- Oh, qu'elle dommage.. je me demande bien qui ça peut être.
- Moi aussi..

Je lui rends sa monnaie, le salue ainsi que Scott qui est apparu et m'en vais en direction d'Isaac, qui m'inquiète. Je cours même. Je tiens à dire que c'est compliqué de courir alors que j'ai des barres qui se jettent par terre.

Je toque. Encore une fois, pas de réponse. Un sentiment de peur me prend au coeur et l'enveloppe. Isaac est assis au bord du lit. Il a donc lâché sa télécommande.
- Comme je te l'ai promis, du chocolats. D'ailleurs t'es plus chocolats ou bonbons? Non, mais pour qu'on se mette d'accord. Parce que, pour moi, ça peut devenir une question existentielle..

Fais-je vraiment la conversation seule? Tout à fait. Son regard vide me déstabilise. Je pose ce que j'ai dans les mains sur le lit et je m'approche d'Isaac. Je tends mon bras pour relever la tête de celui-ci de façon à ce qu'il me regarde dans les yeux.
- Clé à molette..
Je stoppe mon bras. C'est moi où il est en pleine hallucination? J'inspire profondément et retente de capter son attention.
- Clé à molette!! Tiens, papa.. Désolé, papa, je recommencerais pas.

Je recule en même temps qu'il bondi sur le lit pour se mettre de biais. Je me cogne sur la commode sans me faire mal. Je fixe Isaac. Il l'est vraiment... Je ne sais pas comment réagir. Je panique mais ne laisse rien paraître. Je réfléchis à la manière de le faire revenir à lui mais j'arrive pas. La panique m'a trop gagné, je n'y arrive plus. Je ne fais que le regarder, les mains sur la commode et je la serre. Je devine que mes jointures doivent êtres blanches.

- Non, papa.. Promis, je ne me tromperais plus. Non, papa.. S'il te plaît..
Il ferme les yeux. Et s'allonge délicatement sur le lit, toujours les yeux fermés. Une bonne minute s'est écoulée dans le silence. Je relâche la commode et avance à pas de loup vers le milieu de la pièce. C'est à dire, au pied du lit. Soudain, il rouvre les yeux, fixe le plafond et hurle. C'en est trop pour moi. Je cours vers la porte tandis qu'Isaac continue à hurler à pleins poumons. La porte fermée, je me laisse tomber sur le sol. C'est de ta faute, tu aurais pu l'aider si tu avais un peu plus de courage.. tu sais, le courage.. Des larmes vient brouiller ma vue, j'essaye de les retenir mais une a réussi à s'échapper. La larme coule et quand je la sens disparaître de mon visage, je baisse la tête. Une petite tâche d'eau a été créé sur ma cuisse. Tu ne fais que pleurer. Tu n'aides personne.. Abandonne.. Ces pensées tournent en boucle dans mon esprit et les arrêter m'est impossible. Alors, les autres larmes qui ne veulent que de rejoindre la Solitaire tombent en rafales. Une douleur perce mon coeur et le contamine. Ce n'est pas la douleur de loup. C'est ma douleur personnelle. Celle que j'ai toujours étouffé..

Il me faut cinq minutes pour arrêter de pleurer. Je fixe la nuit, le lointain. Je sèche mes joues ainsi que mes yeux. Ça ne devrait pas être toi qui pleure.. Mais lui.. Je remarque qu'Isaac a arrêter de crier. Je fait de nouveau face à la porte. J'inspire et entre. Personne. Je n'ai pas rêver car les barres que j'avais posé sont devenus plates. Signe que quelque chose s'est assis dessus ou allongé.

- Isaac? T'es où? Ça va?
J'ai l'impression de me répéter. N'est ce pas le cas? Tu parles, tu parles.. mais n'agis pas pour soutenir les autres comme il le faudrait.. Je pars dans la salle de bains. Il n'y a personne. Comment a-t-il fait pour partir? J'étais contre la porte.. Aussi bien, il s'est caché puis étant dans la salle de bains, il a pu filer.. Je me retourne sèchement, j'ai laissé la porte ouverte. Aussitôt, je cours vers la sortie, croise Boyd avec un objet noir. J'y prête pas attention. Isaac est plus important. Je descend à toute allure dans les escaliers. Plusieurs fois mon pied glisse. Heureusement, je m'étais cramponné à la rambarde. Je tombe sur Lydia et Stiles qui monte. Au centre du motel, j'observe la nuit, essayant de capter le moindre bruit ou mouvement. Des pas effréné vient jusqu'à mes oreilles, un moment à être immobile. Stiles, me remarquant sûrement pas, cavale vers le bus stationné plus loin. Je le rejoins.

- Dis, t'aurais vu Isaac? Je ne le trouve pas, ça doit être de ma faute, je ne sais pas..
- Non, mais y a plus urgent.
- Comment ça? Stiles, dis-moi de quoi tu parles. Stiles!?

Il fait le retour, toujours en courant. S'il me l'explique pas, je vais le voir par moi-même. Je le suis. Il va dans la chambre de Boyd et Isaac. Je fronce les sourcils. J'y étais il y a de ça dix minutes. Boyd y est.. Mais oui! Boyd!
Dans l'entrebâillement de la porte, la silhouette de Lydia est dos à moi et son visage est tourné vers la salle de bains. Je m'approche mais un bras me barre la route. Celui de la rousse.
- Non, n'y vas pas.

A peine à t'elle prononcée ces mots qu'une lumière aveuglante émane de la salle de bains. Une masse noire s'est fait jetée contre un mur. Je peux percevoir un trou. Et un cri bestiale a agressé mes oreilles. Quelques pas et je suis de retour dans l'autre pièce de la chambre.
Boyd, mouillé, est dans la baignoire, et Stiles est accroupi a côté de lui.

Avec mon ami, on aide Boyd a sortir.
- Boyd, je suis désolé ! C'est ma faute, j'ai pas fais attention à toi comme il le faudrait et puis, j'ai pensé qu'à moi et..
- Ohoho, Lana, on se calme.. c'est bon, ce n'est pas toi qui a fais ça.. me rassure Stiles, me prenant par les épaules.
- Oui, mais.. je l'ai entraperçu et j'aurais pu..
- Tu ne savais pas ce qu'il comptait faire..

Malgré les paroles de Stiles, je campe sur mon avis. C'est de ma faute. Oui, de ta faute.. Il me dévisage, peut être pour vérifier que je vais bien. Stiles passe et je suis derrière lui. Lydia est désormais à côté du lit, les genoux à terre.
- Lydia? Qu'est ce que tu fais? Questionne Stiles.
- Viens voir.

Elle s'adresse qu'à Stiles. Elle ne me jette aucun coup d'oeil pour m'inviter à faire de même. Mais j'y vais. Je prends la position actuelle de Lydia et regarde en dessous du lit.
Comment j'ai fait pour ne pas le voir ou l'entendre?

Isaac, le garçon que j'ai cherché partout pensant qu'il s'était enfuie, est recroquevillé sur lui-même, en sueur. J'étouffe un cri et redescend la couette. Quant à Stiles, il s'excuse auprès d'Isaac. Je n'ai pas le temps de comprendre qu'il flanque la lumière identique à tout à l'heure sous le lit. Je remets ma tête aussitôt au sol.
- Lana?
- Isaac? Tu me reconnais?

Je vois bien qu'à ses yeux il me lance un regard style : "Bah oui." J'y fais abstraction et prend la main d'Isaac pour le sortir.
Je ne sais pas depuis combien de temps le personnel n'a pas fait le ménage car Isaac a plus de poussières que de vêtements. J'enlève la poussière de son tee-shirt. Sûrement pour combler le silence. D'ailleurs, où sont partis mes amis? Au final, Isaac et moi, on se fixe. La douleur que j'avais ressenti, pas celle de loup, me revient en regardant Isaac. J'ai la sensation de discerner une phrase silencieuse: C'est ta faute, ça. Toutes les phrases que j'ai pû entendre dans ma tête passent chacune à leur tour. Je pose ma main sur ma poche arrière de mon jean. Je sens le relief des médicaments ainsi que mon téléphone qui vibre. Un message.

Euh.. je croyais que t'allais me raconter ta vie, la? Sérieux, Lana, ça fait longtemps qu'on s'est pas parlé. Alors, fais un effort, reviens dans le passé et oublies un peu ta vie qui doit être meilleure qu'avant, a ce que je vois. Bref, quand tu seras disponible, donne-moi signe de vie.
Salut Camille.

Non.. C'est pas ça.. Ah si, c'est totalement ça, tu ne pense qu'à toi. Je relève la tête pour retrouver les yeux bleu d'Isaac. Pour revoir la phrase. Je m'abandonne à la voix qui m'a suivi depuis le début de la journée. Mes yeux doivent changés d'expression parce que mon ami fronce les sourcils.
- Excuse-moi, Isaac, je dois partir..
- Quoi?

Je ne lui réponds pas. Je ne peux tout simplement pas car je n'ai plus la force de parler. Je compte juste faire un dernier effort qui est..

Partir..

La Fille Aux Yeux VioletsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant