Chapitre 51

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J'entre dans la clinique, la main sur mes blessures à la poitrine. Elles ne vont plus tarder à disparaître. Mais je les sentirais à jamais.

Personne n'est avec moi. Comme d'habitude. Cela ne me dérange aucunement. Je préfère même ça.

J'ouvre la porte et tombe nez à nez sur le vétérinaire, habillé pour sortir et clé en mains.
- Lana? Que se passe-t-il ?
- J'ai fait quelque chose et j'aimerais que vous m'expliquiez pourquoi.
- Suis-moi.

Il se décale pour me laisser passer et referme la porte derrière moi. Deaton enlève son manteau et pose ses clés sur le comptoir non loin.
- Peux-tu me donner plus de détails s'il te plaît?

Comme la dernière fois, je m'assois sur la table au centre et lui explique. Comme la dernière fois, il s'affaire à ranger des choses sans grande urgence. Et comme la dernière fois, j'apprécie.

- .. J'ai prétexté que j'avais besoin de repos pour venir seule ici. Vous connaissez toute l'histoire maintenant.
- Très bien.. Tu sais qu'à force de mentir pour aller me rendre visite dans la clinique, ils finiront par le découvrir? Me prévient Deaton sans jugement.
- Oui mais le plus tard possible serait le mieux.

Un jour je leur dirais, c'est sûr. Quand je n'en aurais plus l'utilité. Je veux savoir chaque facette de moi avant de rétablir la vérité.

- Pour en revenir à ton accident, je pense qu'au fond de toi, tu connais la raison de ton geste.
- Ah oui? Je feins l'ignorance.

J'y ai pensé à la minute où je suis sorti de mon absence. Et ça me terrifie.

- Lana, s'il te plaît. Après toutes les fois où tu es venu pour éclaircir des parties floues de toi, je commence à comprendre comment est ce que tu fonctionnes. En ce moment, je sais que tu sais ce que je veux dire. Le problème étant que tu en a peur.

- Je.. Non, j'ai pas peur. Absolument pas.
- Et là, tu me contredis parce que je t'ai percé à jour. Continue Deaton, un léger sourire aux lèvres.

Je soupire.
- Très bien.. C'est vrai, j'en ai peur. Pire que ça, ça me terrorise..
Je baisse la voix.

- De savoir que j'ai de la colère contre moi. Parce que mon coeur en fait partie. De moi je veux dire. Et, et.. Si j'ai bien compris, j'ai du mal avec ma particularité. Je ne suis pas une humaine parce que je suis une loup-garous mais pas tout à fait parce que je ressens la douleur des autres. Comme si j'étais à leur place. Ou presque. Je la déteste. Je dois constamment souffrir. Deaton, tu te souviens que quand je t'en ai parlé, tu m'as dit que j'étais forte pour endosser ce rôle. Et bien, je veux arrêter. Je ne suis pas assez forte.

Mes yeux rencontrent le sol et je joue nerveusement avec mes doigts.
- Lana.. Tu as passé de nombreuses années avec cette aspect unique de toi. C'est vrai, je peux concevoir que cela doit être très éprouvant de l'avoir au quotidien. Mais, tu peux guérir n'importe qui en un temps record quand il s'agit de tes proches. Ta sensibilité, là, fais-en ta force. Pas ta faiblesse.

Sa tirade me donne une rafale de courage et de confiance. Je relève la tête.
- Ne te concentre pas sur tes défauts mais sur tes qualités. À ne voir que tes imperfections, tu finis par devenir aveugle sur les autres choses. Et terminer par ne plus t'aimer.

- Merci Deaton.. Je tâcherais de respecter ton conseil. Je lui promets.
Un silence achève cette conversation profonde.

Deaton a raison. Depuis longtemps, je juge mon pouvoir comme un fardeau. Mais peut être que c'est une chose rare que je dois polir pour qu'elle brille d'une belle couleur. Puis, il me reste une partie non résolue.

- Si je recommence à me faire du mal, qu'est ce que je fait?
- Si tu ne te détestes plus autant que maintenant, il n'y a plus de raisons que tu le fasses, Lana. Mais dans le cas contraire,.. Retiens-toi. Et rappelle toi ce que je t'ai dit. Tu t'apaiseras et ta rage disparaîtra.

La Fille Aux Yeux VioletsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant