Chapitre 72

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Mon regard fixe la fenêtre du commissariat. Aucune expression ne passe sur mon visage, aucun sourire, aucun yeux rieurs, aucune pensée ne s'introduisent dans ma tête. Juste le vide. Un vide qui cogne dans mon cœur d'un battement régulier. J'ai tellement pleuré que les larmes ont disparu. J'ai tellement crié que mes cordes vocales m'avertissent de leur douleur. De toute façon, je n'ai plus envie de parler. Je n'ai plus envie de rien. Seul les répétitions de Chris tournent en boucle. 

- Lana, que dois-tu dire?
- Je.. Je sais plus, Chris. Je peux pas.
- Essaye.
- De-deux hommes masqués sont arrivés et ils ont..
- Ils ont quoi, Lana?

Le regard de mon oncle est empreint de sévérité et de calme alors que je suis au bord du gouffre, prête à sauter. J'inspire et continue malgré mon trou de mémoire.

- Ils ont.. Ont tenté de voler notre voiture et. Et ils avaient un ciseau métallique.
- Ne sois pas précise, Lana. Je te l'ai déjà dit. Tu dois rester vague devant la po..
- Comment tu fais? Je le coupe, d'un ton implorant.

Nos yeux ne se quittent pas du regard. Je peux presque apercevoir la douleur similaire à la mienne derrière le bouclier qu'il s'est forgé. Chris se reprend très vite.

- C'est ce qu'on fait.. Que dois-tu répéter si tu t'embrouilles?
- S'il te plaît, je vais pas pouvoir, c'est trop dur.
- Pourtant il le faut, Lana. Que dois tu dire? Reprend mon oncle d'un intonation sans appel.

Ma voix se brise à ces moments.
- Tout s'est passé si vite..

C'est vrai, au final.. Tout s'est passé en une seconde. Je n'ai rien pu faire.

Les souvenirs de la dernière heure s'évanouissent après cela. Je sais vaguement ce que j'ai pu faire ou dire.. Mais c'est entouré de noir que je ne suis même pas sûre.

Le Shérif Stilinski nous appelle un à un.. Lydia, Scott, Isaac.. et moi. Comme un automate, je me lève, entre dans son bureau et me rassoit, ma tête restant baissée et ma bouche scellée. Je débite sans conviction le texte que Chris m'a ordonné. La voix du shérif est comme lointaine.

Le soleil ne devrait pas tarder à se lever. La nuit a assez duré. Isaac, Chris et moi pénétrons dans l'appartement. Personne ne prend la peine d'allumer la lumière. Je n'ose pas regarder devant moi. Je verrais le fantôme d'Allison partir dans sa chambre, toquer à la mienne, se tenir devant moi et me raconter un bobard. 

Au souvenir de ce bobard si peu crédible sur le temps que je mettrais à être auprès d'Isaac me fait sourire. Enfin, mon âme sourit faiblement mais mon visage reste impassible. Je n'ai plus de force.

- Tu devrais aller te coucher, Lana. Me conseille Chris.

Je hoche la tête. Je fais deux pas avant de me retourner brusquement et de plonger dans les bras de mon oncle. Son câlin m'apaise mais pas assez. Sans croiser aucun regard, je me dirige vers le couloir, suivi d'Isaac. J'évite la vue de la porte d'Allison. J'ai l'impression que je mets vingt ans à atteindre ma chambre.

Une fois à l'intérieur, je reste planté devant le pied de mon lit. Je lâche mon sac à mes pieds. Isaac m'entoure de ses bras et m'embrasse derrière l'oreille. Mes bras ne bougent pas. Je déglutis difficilement.

- Va dans ton lit. J'arrive tout de suite. Me chuchote Isaac avant de s'éloigner de moi.

J'aurais souhaité qu'il ne me lâche pas. Je comptais le lui dire puis me ravise. Tant pis. Dans un silence pesant et agréable à la fois, je me prépare pour aller dormir. Je remarque soudainement que Chris ne s'est pas opposé à ce qu'Isaac vienne dans mon antre. Peut-être qu'il s'est fait à l'idée ou alors, il voulait que quelqu'un me surveille et que mon copain serait la personne idéale. Je crois que je n'aurais pas supporté de me retrouver seule avec mes pensées.

La Fille Aux Yeux VioletsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant