12-Lune de miel

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Cela fait quatre jours que je ne suis pas sortie de la maison, ni parler à qui que ce soit. La honte me submerge quand je me regarde dans le miroir. Quand je vois ce tatouage encré dans ma peau, je me demande ce que j'ai fait pour le mériter.

Je ne sors de ma chambre que très rarement. Même de me balader dans ma propre maison, je ne peux pas. Ce matin, je suis descendu pour me dégourdir les jambes. Dieu merci, il n'y a pas ce malade mental dans les parages. Pourtant, du bruit met mes sens en alerte.

Une couverture sur mes épaules, je me précipite dans la cuisine. Une petite vieille est en train de ranger des courses dans les placards. La dame se retourne. Elle a dû m'entendre arriver, mais elle n'est pas surprise de me voir. Un sourire accueillant se colle sur ses fines lèvres. Je le lui rends avec joie.

Ses yeux, qui sont gros et ronds, se posent sur ma poitrine où le prénom de mon mari se trouve. Je le recouvre avec ma couverture. Son regard est désolé pour ce que je subis, mais ce n'est pas de sa faute ni de personne à part celle de Ruslan qui doit trouver ceci amusant. Ou même le bon dieu qui me punit pour mes actes. Dans ce cas, je ne dois pas être la seule à punir.

La petite femme retourne à ses préoccupations, mais je ne veux pas me montrer impolie alors je démarre la conversation.

—Dobroye utro. (bonjour)

La dame se retourne en fronçant les sourcils. En souriant, elle me répond en espagnol :

—Désolée, je ne parle pas le russe.

—Ne vous inquiétez pas, je parle plus de langues que vous ne le pensez. Répondis-je dans sa langue.

De la surprise se lit sur son visage. Elle ne s'attendait sûrement pas à ce que je parle l'espagnol. Aphra m'a fait suivre des cours des langues les plus parlées dans le monde et en dix-neuf ans, j'ai pu parler dix langues couramment.

Ces langues m'ont permis de voyager beaucoup et surtout de remplir des missions pour Aphra en tant que « Beauté Écossaise ». Ce savoir est un don que j'ai acquis en travaillant dur pendant des années, en rendant fiers les personnes que j'aime.

Je vois la petite femme avoir du mal à se baisser, mais vu son âge, ça ne m'étonne pas. Depuis combien de temps cette femme, qui est adorable, travaille pour un homme cruel ? Elle a dû vivre des moments horribles en sa présence.

—Laissez-moi vous aider, madame.

—Je t'en prie, ce n'est pas la peine. Rit-elle doucement. Je suis sûre que tu as des choses à faire.

Son petit rire est apaisant, elle me fait penser à nonna qui me réconfortait avec son doux rire.

—À part éviter Ruslan, je n'ai rien d'autre à faire.

Elle hoche la tête. Elle comprend ce que je veux dire, et je me sens libérée de ne pas me sentir jugée. Je ramasse le sac et le mets sur l'îlot. Je sors toutes les boîtes de gâteau et boissons que j'avais mis dans ma liste. J'aide à ranger les courses tout en discutant avec cette femme qui est pleine de joie de vivre.

J'ai découvert qu'elle avait quitté sa famille à l'âge de vingt ans pour travailler ici. Avant d'arriver chez les Borojt il y a trente ans, elle travaillait pour une organisation qu'elle croyait légale à l'époque, mais dès qu'elle a su, c'était trop tard. Elle est restée piégée dix ans dans une organisation de prostituées.

Elle ne me laisse pas dire un mot qu'elle continue son histoire. Il y a trente-six ans, un homme l'a sauvé de cette organisation. Cet homme n'est qu'autre que son mari, qui est aussi espagnol. Elle me dit que c'était le coup de foudre. Je souris à son enthousiasme.

The Beauty of HellOù les histoires vivent. Découvrez maintenant