Chapitre 7 : L'affrontement

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L'animal nous avait déposé à l'entrée d'une grotte plutôt large où s'introduisaient un nombre incalculable de damnés. Un vacarme s'échappait de ce trou et tous paraissaient excités, joyeux, comme s'ils n'étaient pas en Enfer. Saen me tira à sa suite, slalomant entre les corps, nous débouchâmes sur une véritable arène creusée dans la roche. Tout autour, des allées taillées à même la roche encerclaient et surplombaient l'arène. Nous nous installâmes dans l'un de ces renfoncements, Gabriel virevoltait entre les démons, échangeant telle ou telle phrase. Quant à Saen, il ne quittait pas l'arène des yeux, l'impatience émanant de lui puissamment.

-       Saen ? criai-je en tentant de me faire entendre dans cette cacophonie

Il se pencha vers moi sans cesser de fixer le terrain qui s'étendait à nos pieds.

-       Où sommes-nous ? Que se passe-t-il ?

-       Pas d'inquiétude ! Tu vas adorer ! Je suis sûr et certain que sur Terre de tels affrontements n'existent pas ! s'exclama-t-il

-       Des affrontements ?! Quel genre d'affrontement ? m'inquiétai-je soudainement

Il n'eut pas le temps de répondre que la foule se mit à hurler de joie. Gabriel avait alors accouru vers nous, le visage enchanté et avait crié « ça commence ! ». Je baissais alors les yeux vers l'arène pour y découvrir un groupe de damnés. Ils étaient loin et pourtant mes yeux, par je ne sais quel miracle, les voyaient clairement et distinctement, je pouvais même détailler chacune de leurs tenues. Sans doute un autre sortilège du roi.

La troupe avait peint leur dos d'étranges lignes, de longues jupes surmontées d'une traîne qui me rappelait les plumes des étranges volatiles habillaient les danseurs. Leurs cheveux avaient été teints en noir et leurs cornes arboraient des couleurs bleutées aux pointes. L'un d'eux leva le bras, et aussitôt, une étrange musique se répercuta dans toute la grotte. L'écho augmenta la puissance du son et le rendit encore plus inquiétant. L'assemblée tout entière était silencieuse, obnubilée par le spectacle qui se présentait.

Doucement, les damnés se placèrent en cercle, et d'une lenteur extrême, ils dansèrent. Leurs mouvements étaient fluides et pourtant si lents, leur maîtrise était impressionnante. Et soudainement, la musique se tut, la caverne fut plongée dans le noir complet et un frisson d'excitation parcourut chaque damné présent. Puis d'étranges lignes bleutées luminescentes apparurent au fond de la scène, la musique reprit de plus belle, avec cette fois-ci plus de force et d'ardeur. Les lignes se mouvaient, s'assemblaient et se brisaient. Tout était calculé, et la mélodie prenait puissance selon les mouvements des lignes. De la magie. Les arabesques que j'avais vu tracées dans le dos des danseurs étaient ces lignes qui brillaient dans le noir d'une intensité époustouflante. Les damnés pratiquaient la magie et en faisaient un art. 

J'étais subjugué, impressionné, époustouflé. Les dieux ainsi que les anges possédaient la magie et pourtant... pourtant aucun d'entre n'avait été capable de reproduire un tel chef d'œuvre.

Subitement, les danseurs s'arrêtèrent, leurs lignes disparurent plongeant à nouveau la foule dans le noir complet. J'étais sur ma faim, j'en voulais plus, plus de ces lumières envoutantes et de cette musique excentrique. J'aurai pu passer plusieurs heures d'affilées à admirer ce spectacle sans me lasser.

Frustré, je chuchotai à l'intention de mes voisins :

-       C'est déjà fini ?

J'entendis le rire de Saen à ma droite et Gabriel me réprimanda en me disant de me taire. Tout à coup, une longue trainée de feu se répandit au sol. Des exclamations de surprise traversèrent la foule tandis qu'une deuxième trainée de flammes, dorée cette fois-ci, vint se rencontrer avec la première.

Légende de FaucheuseOù les histoires vivent. Découvrez maintenant