Chapitre 9 : Adieu

828 93 47
                                    

Une douce lumière vint me réveiller, les lampadaires s'étaient éclairés faiblement. Je me sentais bien, ressourcé après ces longues semaines où je m'étais acharné sur un sort permettant de renvoyer l'humain chez lui. Je n'avais pas été capable de lui reparler depuis notre échange dans la salle du gouffre, je me sentais bien trop coupable de ce qui était arrivé à sa famille.

J'avais alors fait de Saen son garde personnel afin qu'il ne lui arrive rien pendant que je ne pouvais le surveiller. Et Gabriel me racontait les moindres faits et gestes de l'Offrande, il savait que ça me rassurait. J'avais alors demandé aux deux damnés d'emmener l'humain à l'affrontement, je souhaitais qu'il garde au moins un bon souvenir des Enfers.

Il dormait à poing fermés dans mes bras, son souffle était chaud et régulier sur mon torse, ses mains s'étaient lovées dans ma nuque tandis que ses jambes s'étaient enroulées autour de ma jambe gauche. 

Je ne me souvenais pas la dernière fois que j'avais été aussi proche de quelqu'un, les rapports sexuels que j'entretenais régulièrement avec certains damnés n'étaient rien d'autre qu'un moyen de satisfaire mes pulsions. Et voilà que l'humain m'enlaçait et réchauffait mon cœur, il comblait cette solitude que je ressentais depuis trop longtemps.

Si seulement je l'avais rencontré dans d'autres circonstances, si seulement je n'étais pas La Mort et lui un humain, si seulement le temps que je passais avec lui n'était pas compté... Je soupirais et passais ma main dans les cheveux de l'Offrande, ils étaient doux et j'aimais bien les toucher, j'avais l'impression de le protéger.

Il soupira et sa tête bougea légèrement sur mon torse : il se réveillait. Sa prise sur ma nuque se resserra tandis que ses jambes se délièrent pour venir agripper mon bassin. Je le laissais faire, c'était plutôt agréable.

Et puis quelqu'un toqua à la porte, je pestais intérieurement contre la personne qui avait osé gâcher ce moment. Je m'apprêtais à me dégager de notre étreinte lorsque la voix de l'humain me pris au dépourvu :

- Entrez ! grogna-t-il sans daigner ouvrir les yeux ou bouger d'un poil.

Tant pis pour lui, cela ne me gênait pas que l'on me voie dans une telle situation. En revanche, je ne pensais qu'il en serait de même pour l'humain. Mais c'était lui qui avait autorisé la personne à entrer alors cela ne relevait plus de ma responsabilité.

Saen entra dans la chambre de l'Offrande, le petit-déjeuner dans les mains. Il déposa le plateau et se tourna vers nous. Sa réaction me fit beaucoup rire et les mouvements irréguliers de ma poitrine réveillèrent l'humain. Saen avait rougi des épaules jusqu'au bout des oreilles, il avait enfoui son visage entre ses mains et avait cessé de bouger. 

Dans un grognement, l'humain leva la tête, les cheveux ébouriffés et les joues rougies par son sommeil profond. Il dévisagea le garde, ne comprenant pas la raison de son comportement étrange.

- Qu'est-ce qu'il te prend Saen ? demanda-t-il d'une voix endormie,

- Il est simplement surpris de me voir dans ton lit, répondis-je sachant pertinemment qu'il avait oublié ma présence et que j'allais le surprendre.

Je ne m'étais pas trompé. Il me fixa droit dans les yeux pendant plusieurs secondes, je les vis s'écarquiller au fur et à mesure que l'information montait à son cerveau, c'était hilarant. 

Il se redressa brusquement, se pris les pieds dans les draps et tomba lourdement sur le sol. Je ne pus m'empêcher de rire de plus bel. Il ramena les draps autour de lui pour cacher son corps et continua à me dévisager, les yeux exorbités.

Tranquillement, je me levais à mon tour du lit, plus dignement que l'humain en tout cas. Je me dirigeais vers Saen et, pour m'amuser un peu, je lui murmurai pour que l'humain n'entende pas :

Légende de FaucheuseOù les histoires vivent. Découvrez maintenant