Chapitre 26 : Vérité-Partie I

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/!\ Point de vu de César /!\

Trois mois plus tard, en Enfer.

Au moins, ma mère demeurait en sûreté. C'était la seule consolation qu'il me restait dans ce déluge désastreux.

Je ne me pardonnais pas ma faiblesse, une seule phrase de sa part m'avait anéanti et détruit l'entièreté des Enfers bâtis au fil des ans.

Je n'osais affronter le regard désespéré des damnés. Leurs suppliques me déchiraient le cœur et chaque jour un peu plus, ce sentiment d'insuffisance me rongeait.

J'étais parvenu à freiner les coulées de lave et les flammes atroces à force de runes mais c'était insuffisant. Terriblement insuffisant.

La douleur dans leur cœur subsistait, bien plus accablante que toute autre menace corporelle.

Mais que pouvais-je faire ? Je me sentais si misérable, incapable de protéger ceux que j'aime.

Gabriel avait tenté au début, de me convaincre de l'innocence d'Aaron, justifiant que jamais il ne ferait une chose pareille de son plein gré. Chaque jour, toutes les heures, il revenait à la charge avec un nouvel argument visant à prouver l'innocence de l'archange. Mais je craignais qu'en cherchant la vérité, je risquais d'y perdre toute la confiance que j'avais en Aaron.

Je préférais fermer les yeux, imaginer que tout n'avait été que songe : un doux rêve échappé du cauchemar éternel des Enfers.

Saen, lui, demeurait à mes côtés, silencieux malgré les tourmentes torturant son esprit. Sa grande loyauté me touchait mais je ne méritais pas telle dévotion. Alors dès que je trouvais l'opportunité, je me réfugiais chez Cerbère. Son calme olympien me rassurait et je savais que Saen n'était pas très à l'aise avec la créature. Il préférait Dærys. Aussi, dans ces moments-là, il considérait simplement que je souhaitais me retrouver seul et m'attendait ailleurs.

J'avais laissé tomber les recherches d'Achigan depuis longtemps, à vrai dire, je ne les pas avaient même reprises depuis l'incident.

Mais je n'avais plus le cœur à ça. Constamment de la même humeur maussade qui ne me quittait plus, j'errais sans but dans les Enfers en délaissant mes responsabilités de souverain.

Mais Gabriel était têtu. Il refusait d'abandonner les Enfers et ce pourquoi nous nous battions avant.

Dans d'autres circonstances, j'aurais admiré sa détermination. Mais la mélancolie me gagnait et avalait toute passion.

Aujourd'hui était un jour comme les autres, atrocement morne et terriblement vide sans la présence solaire d'Aaron à mes côtés. Les Enfers me paraissaient plus hostiles que jamais.

Sur les ruines de mon palais, j'attendais que le temps passe, ne sachant que faire de mes journées. Et Saen regardait dans le vide, parfois une grimace sur son visage trahissait le combat qui faisait rage dans son esprit. Mais il restait fort, comme toujours.

Je culpabilisais de ne pas ressentir également les châtiments mais ainsi s'exprimait la ruse des Dieux. Regarder mes damnés souffrir le martyr sans ressentir une once de douleur.

Cela faisait plusieurs heures que je n'avais pas vu Gabriel et j'allais jusqu'à me demander s'il n'avait pas abandonné.

C'était mal le connaître.

Des voix me parvinrent à travers les lamentations des damnés. Je me redressai dans mon amas de rochers, tentant d'apercevoir qui pouvaient bien se disputer.

Saen lâcha une exclamation de surprise lorsqu'il aperçut les concernés.

Au détour d'une roche, la chevelure flamboyante de Gabriel apparue. Ses sourcils étaient froncés et même à cette distance, je devinais qu'il se chamaillait.

Légende de FaucheuseOù les histoires vivent. Découvrez maintenant