Chapitre 2: Le Roi

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         Lorsque le monstre se débarrassa de son visage hideux, j'en restais bouche bée. De longs cheveux blonds encadraient son visage comme des cascades d'or. Ses yeux d'un bleu sombre  semblaient guetter la moindre de mes réactions tandis que les cornes sur le haut de son crâne s'enroulaient pour finir en pointe. Subjugué, voilà ce que j'étais. Les anges m'avaient prévenu de la beauté du roi, mais je n'avais pas voulu les croire. Lorsqu'il se racla la gorge, je réalisais que je l'examinais sans gêne.

- Ton nom, dit-il d'une voix posée,

- Qui êtes-vous ? répondis-je.

Je connaissais parfaitement la réponse à ma question, mais je me devais de jouer mon rôle à la perfection. Il fronça les sourcils à ma question et se leva de sa chaise pour s'approcher de moi. Il était grand et je me sentais acculé, mal à l'aise. Et puis c'était quoi ce lit ?

- Tu n'as pas de nom ?

- Mais vous êtes qui bon sang ?!

- Soit, dorénavant tu t'appelleras l'Offrande, d'accord ?

L'Offrande ? J'étais un ange, pas une vulgaire offrande ! Enfin, cela signifiait que le plan fonctionnait à merveille pour l'instant. S'il souhaitait m'agacer avec ce surnom, il allait être déçu. Je ne me laisserai pas faire si facilement.

- Et comment dois-je vous appeler ? Le Monstre ? Le démon ? m'énervai-je.

Ses sourcils s'arquèrent et il me dévisagea :

- Calme-toi l'Offrande, ou tu risques d'attirer tous les démons assoiffés du royaume dans mes quartiers, répondit-il un sourire amusé sur les lèvres.

Je me levais du lit pour faire face au damné. À présent, il ne me dépassait que de quelques centimètres et mon sentiment de malaise se dissipait.

- Où suis-je ? Et que me voulez-vous ? je devais connaitre ma position exacte et le lieu dans lequel je me trouvais afin de le communiquer aux anges.

- Moi ? Mais je ne te veux rien mon cœur.

Mon cœur ? Je réprimai une expression dégoûtée tandis qu'il s'éloignait de moi pour me tourner le dos et se diriger vers une large fenêtre derrière un bureau.

- En revanche, je ne puis t'assurer la même chose pour mes sujets. Ils ne souhaitent faire qu'une bouchée de ton joli petit minois.

Je décidais de ne pas relever ses remarques aguicheuses. En revanche, pour quelles raisons ses sujets voulaient-ils s'en prendre à moi ?

- Pourquoi ?

- Parce que tu es un bout de viande délicieux aussi addictif que les drogues les plus puissantes du monde des humains, lâcha-t-il en me tournant le dos.

Comment étais-ce possible ? Normalement, les damnés n'étaient attirés que par le sang humain, pas celui des anges ? Alors pourq...- Oh non. Ces satanés anges ! Ils m'avaient affirmé que je ne serai pas en danger et ils m'avaient donné l'apparence d'un humain ?! Et mes ailes ? Mon pouvoir ?! Je retenais un soupir, je devrais m'y habituer puisque je n'avais pas le choix.

Je haïssais le roi des enfers, lui et tous ses sujets. Lui et ces fichus prêtres qui le représentaient sur Terre. Lui et ces injustices qu'il imposait aux humains. Il avait détruit ma vie, celle de ma sœur, de mes parents et de tant d'autres gens. Même mort, il restait la menace la plus grande pour l'humanité et je le détestais de tout mon cœur.

Si j'en avais l'occasion, je lui enfoncerais un pieu dans le cœur et peut-être qu'il souffrirait. Il devait souffrir, au moins autant que ma famille avait souffert par sa faute. À présent que j'étais coincé en Enfer, je transformerais son repos éternel en calvaire.

- Je sais qui vous êtes, rétorquai-je.

Il se retourna, étonné.

- Vous êtes un monstre.

Une ombre passa sur son visage, aussi vite remplacée par une expression fière.

- Et pas n'importe lequel ! dit-il d'un ton guilleret, je suis le Tout-Puissant démon ! Mes crimes sont connus par tous les habitants de la Terre et pas un seul d'entre eux ne me craint pas ! Et mon châtiment ? Régner sur un royaume où toutes les horreurs sont permises ! Où les gens de ma composition sont acclamés comme des héros ! Quel châtiment ! termina-t-il en poussant un soupir théâtral.

Son rire résonna dans la pièce et je ne supportais pas ce son. Il sonnait faux et me vrillait les tympans. J'allais rétorquer une réplique cinglante lorsque l'on toqua à la porte. En se dirigeant vers le battant, le roi me déconseilla d'un regard noir de me faire remarquer. Il l'ouvrit et un damné de petite taille aux cheveux roux apparu :

- Votre Altesse ! Vous devez remettre de l'ordre ! C'est la pagaille, la pagaille, la pagaille ! répétait-il en s'arrachant les boucles.

Il entra dans la pièce en trombe, sans même faire attention à moi il commença à vomir un flot de paroles interminable. Le roi, agacé, claqua la porte dans un bruit sourd ce qui fit sursauter le petit damné.

- La ferme Gabriel ! J'ai parfaitement conscience de ce qu'il se passe dehors, malheureusement je ne suis pas en état de faire quoi que ce soit pour l'instant. En revanche, si tu pouvais t'occuper de l'humain pendant que je récupère, cela serait plus utile que tes paroles incessantes.

- L'humain ? Quel humain ? demanda-t-il étonné. Ah ! mais oui, évidemment l'humain ! Où est-il d'ailleurs ?

Était-il légèrement idiot ou simplement hyperactif ? Ce damné commençait à me taper sur les nerfs.

- Derrière toi, répondis le roi dans un sourire.

Apparemment, le comportement du damné qui me paraissait insupportable semblait amuser le roi. Le rouquin se retourna dans un sursaut, me dévisagea de haut en bas avant de s'exclamer à nouveau :

- Je ne vous avais pas vu ! Venez, suivez-moi je vais vous emmener dans un endroit sûr.

À ces mots, il m'attrapa le bras et tenta de m'attirer vers la porte. Seulement, je refusais catégoriquement de le suivre sans savoir ce qui allait m'arriver. Les Anges m'avaient conseillé de rester en compagnie du roi, car même s'il était cruel, il ne pouvait faire de mal aux humains. Je me dégageais de sa prise sous son regard déboussolé :

- Je ne vous suivrai nulle part tant que je ne saurai pas exactement ce qu'il m'arrive. Me suis-je bien fait comprendre ? demandai-je en me retournant vers le roi.

Il soupirait et semblait fatigué. Étrange, je pensais que les immortels ne ressentaient pas ce genre de choses.

- Ne t'inquiète pas fragile humain, Gabriel ne te fera pas de mal, il n'aime que le sang des anges. Suis-le, il t'emmènera dans un endroit où tu pourras te reposer.

Ah...

- Et pourquoi vous ferai-je confiance ? À vous en particulier ?

Il se redressa, un sourcil légèrement relevé et s'approcha de moi. Il ne s'arrêta qu'à quelques centimètres de mon visage et de ses longs doigts fins il suivit les veines de mon cou.

- En effet, tu ne devrais pas me faire confiance et encore moins rester avec moi car, contrairement à Gabriel, j'ai un faible pour le sang humain.

Je ne me laissais pas impressionner et ne croyais pas un mot de ce qu'il avançait.

- Cause toujours démon, je ne bougerai pas.

- Comme tu voudras, répondit-il

La dernière chose que je vis fut un sourire moqueur.

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Un chapitre plutôt court pour introduire le point de vu de l'Offrande. J'aime bien changer de pdv. Surtout en embrouilles, avoir les deux opinions et embrouiller le lecteur qui ne sait pas quel camp choisir.

Je poste ce chapitre puisqu'il est court.
Bisouus

Légende de FaucheuseOù les histoires vivent. Découvrez maintenant