Chapitre 12 : Jardin des Âmes

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Pourquoi ce lieu ? Les uniques moments où les Dieux se réunissaient au complet se déroulaient habituellement au Grand Palais. Élise n'avait pas tort, c'était un piège. Mais je ne pouvais m'y soustraire car si je refusais d'assister à cette entrevue, les chances que mon comportement égoïste se répercute sur les démons étaient immenses. Mais la question me revenait encore : pourquoi ce lieu ?

Le Jardin des Âmes se trouvait à la frontière du Paradis, à proximité des innombrables âmes humaines qui errait sous forme abstraite ou originelle. À l'accoutumée, les Dieux rechignaient plus que tout de me laisser moi, le Dieu de la Mort, m'approcher de ces âmes en paix. Sans doute craignaient-ils que je ne les corrompe du fait de ma proximité ? S'ils avaient souhaité me piéger, un lieu où ils auraient eu l'avantage n'aurait-il pas été préférable ?

Et surtout, pourquoi aujourd'hui ? Le jour où je renvoyais enfin l'Humain chez lui ! 

Je soupirais en nouant mes cheveux et revêtant mon masque d'apparat confectionné avec amour par les Dieux eux-mêmes qui ne souhaitaient par cette laideur qu'amplifier ma réputation de monstre. Je trouvais cette idée d'ailleurs bien ridicule. À mes yeux, ceux qui parvenaient à cacher leur corruption sous des couches d'amabilité et de fausse gentillesse étaient bien pires.

Je ne prenais pas la peine de m'armer, les Dieux n'oseraient jamais rien contre moi. Ils avaient parfaitement conscience de ma puissance magique malgré toutes les contraintes qu'ils m'imposaient. 

Un portail s'ouvrit alors, c'était le moment : je le traversais et aussitôt, la lumière blafarde du Paradis me frappa. 


J'ajustais mon masque afin d'empêcher le plus de lumière de passer à travers les fentes et me dirigeais à travers le palais. 

Tout était blanc, et d'une certaine façon, ce monochrome me paraissait presque austère. Je croisais de nombreux anges qui me reconnaissaient immédiatement et fuyaient à ma vue. Les demi-dieux en revanche étaient bien trop fiers pour se défiler devant quelqu'un, alors ils préféraient faire comme si je n'étais pas là. Peu m'importaient à vrai dire, qu'ils soient effrayés, dégoûtés ou enragés, leurs avis ne prenaient guère d'importance dans mon esprit.

Arrivé à l'entrée du Jardin, je sentis ma puissance magique faiblir. Pendant quelques instants, je pensais qu'il s'agissait du piège. Et puis je réalisais que ma magie était drainée jusque dans les Enfers. Le rituel avait débuté, l'Humain s'en allait. J'ouvrais la porte et entrais.

À peine m'avançai-je qu'Azel, la déesse de la Vie, se précipita sur moi pour me serrer la main. Elle me haïssait, persuadée que je détruisais son art. Et pourtant, un sourire plus lumineux que le blanc du palais était plaqué sur son visage :

- Azraël* ! Quel plaisir de vous revoir, cela faisait plusieurs décennies n'est-ce pas ? dit-elle d'un ton joyeux.

Pas besoin d'avoir du génie pour deviner la fausseté de son comportement. Je haïssais les hypocrites encore plus que les Dieux, et elle combinait les deux.

- En effet, le temps passe vite. Les humains me disent souvent que ce phénomène ne se produit qu'en bonne compagnie, c'est sans doute pour cela que ces quelques décennies m'ont parues poussières loin de vous ma chère.

Je la dépassais et venais m'asseoir à ma place attitrée avant de m'adresser au Dieu du Temps :

- Qu'en penses-tu Tempestas ?

Je ne me souciais pas vraiment de son opinion, j'empêchais simplement Azel de me répondre.

- Le Temps s'écoule et ne s'arrête pour personne, jamais il ne se pliera sous la volonté d'un humain, répondit-il simplement, comme je m'y attendais de sa part.

Légende de FaucheuseOù les histoires vivent. Découvrez maintenant