Chapitre 18 : Trouve-le

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Point de vue de Gabriel   /!\ Il réfléchit vite /!\

Une fois le roi parti et le sortilège parfaitement au point, l'Offrande, Saen et moi avions profité de la bonne humeur de Cerbère pour nous amuser avec lui. Ma langue ne s'arrêtait jamais et à plusieurs reprises Aaron m'intimait de me taire, justifiant que je finirais un jour par m'étouffer avec ma propre langue. Même si je me doutais qu'il était bien plus apte à m'étrangler que ma langue, je l'appréciais. Du moins, un peu.

C'était un ange, il ne fallait pas l'oublier. Mais j'admirais son courage, il n'avait pas eu peur de tourner le dos à tous ceux qu'il connaissait pour ce qu'il pensait être juste.

Et sa sincérité m'amusait grandement, son impatience également. Je ne comptais plus le nombre de fois où ses yeux roulaient d'exaspération dans leur orbite. Il le faisait si souvent que je craignais qu'un jour ces derniers ne se retournent complètement et qu'il devienne aveugle par la même occasion.

Le pauvre, il ne serait plus capable de voir son roi adoré.

Il fallait bien l'admettre, je ne doutais pas un seul instant des raisons honorables pour lesquelles il prenait notre parti, mais j'étais persuadé que les beaux yeux du roi y étaient pour quelque chose également.

Saen et moi n'étions pas stupides, nous avions évidemment remarqué le lien étroit qui les unissait malgré tout ce qui les opposaient : en commençant par leur nature.
L'un était un ange, l'autre un démon. L'un volait plus haut que les nuages, l'autre errait plus bas que la terre. Mais les deux avaient soif d'un monde meilleur.

Saen avait parié : dans moins d'un mois, ils allaient conclure. Je lui avais ris au nez en lui rappelant l'impatience du roi et opté pour la semaine prochaine. La Faucheuse n'était pas réputée patiente.

Et puis j'avais dû ramener l'Offrande dans ses quartiers, il se sentait fatigué. Une chose que je ne connaissais pas. À mes yeux, dormir était une perte de temps. Je préférais de loin connaître les secrets des résidents des Enfers.

De toute façon, mon cerveau ne me laissait aucun répit et les longues nuits de sommeil n'étaient qu'un rêve inaccessible.

Aaron marchait d'une lenteur exagérée et je faisais tout mon possible pour retenir ma bouche de s'ouvrir. Je voyais bien qu'il n'était pas enclin à parler. Enfin, encore moins que d'habitude.

Le roi m'avait parlé de sa magie. Il était en quelque sort la mémoire de l'humanité. Ni plus ni moins. Impressionnant tout de même, enfin, pour une offrande.

Je me demandais s'il le connaissait.

À cette pensée, l'Offrande se tourna vers moi les sourcils froncés, comme s'il avait lu dans mon esprit. Flippant. Mais il reporta à nouveau son attention sur les couloirs.

J'avais essayé en début de matinée de lui soutirer des informations mais je m'étais défilé. Chaque fois qu'il était question de lui, toute mon énergie disparaissait et je devenais calme.

C'était une sensation étrange et plutôt désagréable puisque j'avais l'habitude de fonctionner deux fois plus vite que la moyenne.

Devais-je lui demander ? Après tout, c'était un traître, il pouvait bien me rendre un petit service non ?

Arrivés aux quartiers de l'ange, j'entrais avec lui et ignorant son regard surpris, je m'asseyais sur le canapé. Il comprit immédiatement que je souhaitais parler et me rejoignis.

Je ne savais pas par où commencer, ni même comment lui formuler ma demande. Tout ce dont j'avais besoin, c'était revoir le visage de mon ange. Profiter de sa présence, entendre le son de sa voix ou simplement pouvoir lui dire bonjour.

Légende de FaucheuseOù les histoires vivent. Découvrez maintenant