Dans mes draps, un mouvement me réveilla et lorsque j'ouvris les yeux, je découvrais Cerbère étalé à mes côtés. L'animal était devenu ma deuxième ombre ces derniers jours et je ne pouvais que lui en être reconnaissant. Il avait compris que je souffrais des Enfers et m'alimentait chaque jour en puissance afin d'atténuer la douleur qui m'assaillait constamment.
Aujourd'hui n'échappait pas à la règle. Mon crâne était sur le point d'exploser, mes muscles endoloris et mes articulations douloureuses m'empêchaient de bouger correctement. Le tremblement de mes mains s'aggravait malgré la magie de Cerbère et j'avais parfois du mal à effectuer de simples tâches.
J'avais fait promettre à Gabriel de ne rien dire à la Faucheuse, il n'avait pas confiance en moi et ma faiblesse passagère risquait d'entraver la vengeance.
Je tentais de me lever mais la douleur eut raison de moi et je réveillais Cerbère qui vint immédiatement me soutenir afin d'atténuer mes souffrances.
Les effets furent immédiats, le tremblement subsistait mais la douleur de mon corps s'était grandement calmée.
En revanche, cela faisait plusieurs jours que je n'avais pas été capable d'effectuer une transformation complète et j'étais inquiet. Si je perdais mes ailes... mieux valait ne pas y penser.
Je m'asseyais dans le petit salon de ma chambre et me concentrais. Mes ailes étaient là, je pouvais sentir leur faible présence dans mon dos, il suffisait de les déployer. J'essayais, plusieurs fois, mais rien. Je fermais les yeux et joignais mes mains : "Apparaissez, apparaissez, apparaissez". Et toujours rien.
L'angoisse de ne plus jamais être capable de voler, de ne plus sentir la douceur de mes ailes commençait à s'emparer de moi. À la vitesse où mon corps se dégradait je risquais de ne pas survivre.
Cerbère me lécha la joue et me laissa me blottir dans ses pattes. À défaut de mes plumes, j'avais sa fourrure agréable et cela apaisait un tantinet mon anxiété.
À nouveau, je m'endormais et la créature resserrait son étreinte autour de mon corps.
*
* *
- Aaron, réveille-toi s'il-te-plait, dit une voix inquiète.
Une main me secoua l'épaule, me tirant de mon repos et j'ouvrais les yeux. Cerbère était toujours à mes côtés, veillant sur moi tandis qu'une silhouette était agenouillée face à nous.
Au fur et à mesure que mes yeux s'adaptaient à la lumière, je reconnus la Faucheuse.
Sa mine était soucieuse, ses sourcils froncés témoignaient de son angoisse et sa mâchoire crispée d'une certaine colère. Il ne semblait pas ravi, alors que moi, j'étais plutôt heureux de le voir.
- Pourquoi tu ne m'as rien dit ?
Sa voix paraissait calme et c'en était d'autant plus effrayant. Ses yeux aujourd'hui d'un bleu glacial auraient pu en faire fuir plus d'un.
- Vous dire quoi ? dis-je d'une voix rauque.
Un soupir de frustration s'échappa de ses lèvres et il détourna le regard quelques instants. Je voyais bien qu'il se retenait de s'énerver.
- Ne me fais-tu donc pas suffisamment confiance pour me demander de l'aide ? Nous sommes alliés bon sang ! Si tu vas mal dis-le moi !
La Faucheuse qui me parlait de confiance. J'aurais tout vu. L'indignation qui se réveilla en moi me donna un semblant de force que j'utilisais pour m'énerver à mon tour :
- Vous osez me parler de confiance quand vous ne me dites pas même votre nom ? Je ne sais rien de vous. La confiance, votre Altesse, est mutuelle. Elle se construit à deux.
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Légende de Faucheuse
Paranormal" Ils m'appellent le dévoreur d'âme, la faucheuse, la mort. Je suis le monstre dont ils ont besoin. Et lui ? Lui n'est qu'un humain pathétique, une offrande vouée à m'adoucir. " Le Roi des Enfers et une Offrande, un damné aux cheveux flamboyants et...