Chapitre 13 : Colère

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Furieux. 

Un mot bien trop doux pour décrire l'état dans lequel j'étais. Cet humain s'était bien foutu de ma gueule. Je l'avais protégé, nourri, logé et lui m'avait trahi. Pendant des centaines d'années les Dieux n'avaient jamais rien su de mes actes au sein des Enfers, mes sortilèges étaient si puissants que jamais, sans l'intermédiaire d'un espion, ils n'auraient tout découvert.

Et voilà que, trois semaines après l'arrivée de cet humain, les Dieux avaient connaissance de mes entourloupes ? Je ne savais pas qui était cette offrande, mais ce n'était certainement pas l'humain fragile que je pensais. Et il allait regretter ses décisions.

Pénétrant la porte des Enfers, je traversais d'un pas décidé les nombreuses salles du palais. Ma colère m'aveuglait et je ne remarquais pas les coups d'oeil affolés que me lançaient la plupart de mes sujets. 

Je me rendais droit vers la salle du rituel, ouvrant brutalement la porte, j'entrais pour découvrir la pièce vide. L'odeur de l'humain, ou devrais-je dire du traitre, flottait encore dans l'air ainsi que celle de Gabriel, légèrement plus ténue, et celle de... Lord Achigan ?

Pour une raison que j'ignorais, l'inquiétude frappa aux portes de mon coeur, accompagnée de son amie la possessivité. L'Offrande était peut-être un traitre, mais je ne pouvais laisser qui que ce soit lui faire du mal. Et s'il était réellement un espion, le blesser reviendrait à attaquer le paradis.

Je n'avais pas le temps de chercher l'Offrande dans tous les recoins du palais et ma patience atteignait ses limites.

- Votre Altesse ! Vous voilà enfin ! Dépêchez-vous il a besoin d'aide !

Je me tournais vers Gabriel, son visage était déformé par une préoccupation sincère. Une fois de plus, l'inquiétude s'ancra plus profondément dans mon corps tandis que je laissais le petit damné me guider jusqu'à lui.

Lorsque nous eûmes atteint mes quartiers, la colère, la trahison, l'angoisse et le doute m'assaillaient de toutes parts. Je ne laissais cependant rien transparaitre et entrais dans la chambre sous le regard inquiet de Gabriel.

Il était dans mon lit, en sale état. Sa tunique sombre, d'origine si élégante sur lui, était déchirée à certains endroits, souillée de son sang et laissait apercevoir des hématomes ça et là. Son visage était contusionné, sa mâchoire semblait douloureuse mais le plus inquiétant était son regard : vide. Ses yeux bruns, d'habitude si chaleureux, n'étaient plus que deux orbes sombres ne reflétant qu'un vide immense.

- Où est Lord Achigan ? demandai-je,

- Saen est arrivé pour mettre un terme à l'agression, il l'a enfermé dans une cellule.

- Bien. Sors d'ici, ordonnai-je d'un ton agressif.

Les moments où je m'énervais étaient rares : celui-ci était l'un d'entre-eux et Gabriel l'avait senti.

- Votre Altesse...?

- Sors. Maintenant.

Malgré moi ma puissance magique m'échappa et des ondes ardentes s'approchèrent de Gabriel qui recula instinctivement, pour ensuite quitter la chambre non sans me lancer un dernier regard soucieux.

Une fois seuls, je m'approchais du lit et fixais le traitre qui n'avait pas bougé d'un millimètre depuis que j'étais entré. Je n'aurais su dire combien de temps nous sommes restés ainsi, l'un à contempler le vide, l'autre à se demander s'il valait mieux tuer ou soigner. 

Mais lorsqu'il parla enfin, il me semblait que pas une seule seconde ne s'était écoulée.

- Je suis désolé, prononça-t-il la voix rauque.

Légende de FaucheuseOù les histoires vivent. Découvrez maintenant