Chapitre 7

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Ravie de mes nouvelles résolutions, je filai en voiture me renseigner au centre sportif qui se trouvait à dix minutes de chez moi. Après avoir examiné les dépliants sous l'œil attentif du beau réceptionniste, également coach de sport à en juger par sa musculature, j'optai pour l'aquabiking. C'était excellent pour tonifier la silhouette. Exactement ce qu'il me fallait.

J'espérais que le prof ne serait pas celui qui se trouvait actuellement derrière le comptoir car je ne me voyais pas me démener sur un vélo dégoulinante de sueur devant cet éphèbe. Je pris une entrée pour le lendemain. Je me savais très velléitaire en matière de sport. Je préférais donc rester prudente et ne pas dépenser inconsidérément l'argent de dix entrées ou pire, prendre un abonnement d'un an. Il fallait rester raisonnable, j'étais optimiste mais pas dingue.

Forte de ma toute nouvelle motivation, je rentrais chez moi et me trouvais dans la foulée des vacances pas chères sur internet. Je choisis un chantier bénévole de restauration du patrimoine. Ça ne coûtait pas grand chose, j'allais faire de nouvelles rencontres et ça me permettrait de me refaire une santé et un moral d'acier pour rentrer regonflée à bloc et chercher du travail. Mon départ était prévu quinze jours plus tard, que je mettrais à profit pour aller au sport. J'avais choisi le séjour le plus court, ne sachant pas trop à quoi m'attendre.

Immédiatement après ma réservation, j'appelai mon père pour le prévenir que je passerais le voir sur le chemin du retour. Il décrocha au troisième coup.

« Salut Papa...

- Salut ma chérie ! Ça fait plaisir de t'entendre ! Je commençais à me demander s'il ne t'était pas arrivé quelque chose de grave !

- Grave comme quoi ? Comme la mort ou comme une fille qui n'aurait pas appelé son père pendant une semaine ? Je vois que tu as toujours le sens de la mesure... J'ai eu une période un peu rude des derniers jours. D'ailleurs, je t'appelais pour te dire que je vais bientôt passer à la maison. Je pars en vacances et je viendrai te voir en rentrant. »

Mes parents étaient divorcés depuis mes dix ans et mon père vivait dans la maison de mon enfance.

- Mais c'est une excellente nouvelle ma chérie ! Tu sais bien que ta chambre est toujours prête à t'accueillir ! Et j'ai fait les poussières sur tes jouets !

Mon père était très protecteur et très aimant mais il n'avait toujours pas intégré le fait qu'à trente ans, j'étais une adulte majeure et vaccinée - sauf contre le covid, il n'y avait pas écrit La Poste... - et qui n'avait plus besoin de ses jouets depuis longtemps. À moins qu'il ne s'agisse d'un début d'Alzheimer...

Même s'il n'avait jamais fait le poids face au rouleau compresseur qu'était ma mère, il m'avait de tout temps soutenue moralement et avait fait son maximum pour moi. Il s'était toujours refusé à refaire ma chambre après mon départ et quand je retournais là-bas, je retrouvais toutes mes affaires de petite fille intactes et à leur place. Je n'avais pas que de bons souvenirs dans cette maison mais c'était toujours un plaisir de rendre visite à mon père. C'est de lui que j'avais hérité mon goût pour la cuisine et nous aimions partager cette passion commune quand j'allais le voir.

« Bon, comme d'habitude, tu nous prépares des nouvelles recettes à tester ?

- Bien sûr ma chérie, j'en avais déjà mis quelques-unes de côté en prévision de ta prochaine venue.

- Super ! J'ai hâte de te voir. À bientôt, je t'aime.

- À bientôt, je t'aime ma chérie. »

Ce rituel culinaire que nous avions se finissait la plupart du temps soit à la pizzeria soit aux urgences, car mon père était bon cuisinier mais tête en l'air et d'une maladresse qui frisait le handicap moteur. Les crèmes Chantilly salées et autres légumes émincés sauce au sang et bouts de doigts n'avaient pas de secret pour lui. Comme les enfants qui ne passent pas un jour sans se tâcher, lui ne passait pas un jour sans devoir se mettre un pansement quelque part.

Je raccrochai, heureuse de cette période sympathique qui s'annonçait.

Le lendemain matin, j'étais en route pour la piscine, prête à régler leur compte à mes capitons. Une certaine mollesse s'était installée sans invitation dans la moitié sud de mon anatomie et il était temps d'entamer une reconquête. J'enfilai mon maillot de bain deux-pièces et fus mortifiée de constater que j'avais un nouveau petit bourrelet au niveau du ventre. Il débordait et retombait juste au dessus de mon shorty, un peu comme s'il s'était installé là pour admirer le paysage... Furieuse, je remontai l'élastique pour aplatir l'indélicat et décidai de le déloger prestement. J'étais moins confiante concernant l'énergie qu'il me faudrait déployer pour venir à bout du chantier laissé à l'abandon que constituait mon postérieur.

J'entrai dans l'eau et grimpai sur un vélo. À ma droite se trouvait une jeune femme au physique beaucoup plus sphérique que le mien et à la consistance encore plus molle. Elle me fit un sourire que je lui rendis.

« Salut, je m'appelle Fiona !

- Salut, moi c'est Gala...

- Enchantée. Alors, c'est ton premier cours ?

- Oui...

- Tu vas voir, c'est mortel... Il nous en fait voir de toutes les couleurs mais ça marche ! Je te raconte pas comme c'est dur !

Contrariée de voir surgir cette entrave à ma détermination, je répondis :
« C'est ça, me raconte pas...

Faisant comme si elle n'avait rien entendu, elle enchaîna.

« Et le prof, il est sans pitié ! D'après le bruit qui court, c'est un ancien légionnaire ! Un vrai sadique... »

Ça commençait bien. Mais je n'allais pas laisser ma motivation fléchir pour si peu...



À la recherche de l'homme perduOù les histoires vivent. Découvrez maintenant