Quant à Anthony, je le connaissais suffisamment pour ne pas être étonnée du fait qu'il ait voulu la garde de ses enfants. Le statut de pilier de famille lui allait comme un gant. Il était très raisonnable malgré ses faux-airs de fonceur. Et ce n'était pas un égoïste.
Alors qu'il me regardait d'un air interrogateur, me poussant à en dire plus sur ma vie, je lui demandai le prénom de ses garçons.
« Ils s'appellent Quentilien et Clotaire. Ils ont trois et quatre ans. »
Anthony avait des goûts originaux, tout comme moi.
« Trois et quatre ans ? Ça veut dire que tu ne dois pas beaucoup te reposer, ça... Et leur mère ?
- Elle vit dans le Sud, elle les prend pour les grandes vacances.
- C'est tout ?
- Oui... Elle n'est pas apte à s'occuper d'eux, c'est pour ça que le juge me les a confiés. Mais tu sais, ils font vraiment mon bonheur même si c'est un travail à plein temps. »
J'avais confirmation de ce qui avait cloché, le choix de la mère. La vie était une jungle dans laquelle il n'était pas facile de trouver son chemin et de prendre les bonnes décisions. Les gens qui s'y égaraient étaient nombreux.
« Oui, je suppose. Tu as retrouvé quelqu'un depuis ?
- À vrai dire, je ne sais plus si j'ai le goût... J'ai bien essayé mais il faudrait que je trouve une femme qui accepte mes fils. Et j'ai bien l'impression que ça n'est pas si évident que ça. Sinon, j'ai ma voisine, Mme Rodriguez, qui est à la retraite et qui me les garde en cas de besoin. Donc je peux faire des rencontres à l'occasion. Tu as quelqu'un ? »
Pas évident de botter en touche devant une question aussi directe.
« Pas pour l'instant mais je suis comme toi, je ne suis pas en recherche active. J'ai un équilibre toute seule. Pas de contraintes, une vie simple comme j'ai envie de la vivre pour l'instant...
- Comme je te comprends... Il y a des jours où j'ai simplement envie d'avoir dix minutes pour pouvoir m'allonger sur le canapé et pouvoir ne rien faire sans être dérangé. Mais avec des enfants en bas-âge, c'est compliqué...
J'entamai le premier chou de mon Paris-Brest.
« Mmm, c'est toujours aussi délicieux... Comment est ton éclair ? »
Anthony y planta les dents de bon cœur et en avala pratiquement la moitié en une seule bouchée.
« Pas mal non plus, dit-il avec le sourire. Donc, tu es célibataire...
- Oui.
- Il y a quelque chose que je voudrais te dire. Il y a prescription maintenant...
- Ah oui ? »
Je n'avais pas une folle envie de savoir.
« Quand tu as quitté la région, j'ai été anéanti. J'ai mis du temps à m'en remettre.
- Je... Je suis désolée Anthony. Je... n'en avais aucune idée... Tu sais, j'avais besoin de voir un peu plus grand qu'ici et de tourner la page sur la première partie de ma vie. Laisser derrière moi les mauvais souvenirs que j'avais avec ma mère. Et puis la vie dans une ville de province, ça n'était pas pour moi... J'avais besoin d'un champ d'action plus vaste, de plus de mouvement.
- Je sais... Ce que je voulais te dire, c'est que j'étais vraiment amoureux de toi à l'époque. Je te l'ai caché, mais tu as été mon premier grand amour... »
Comme je ne savais pas quoi répondre, je le serrai dans mes bras en priant pour que ça lui soit complètement passé depuis. Au pire, j'aurais juste à jouer les mégères aigries si je ressentais quoique ce soit qui m'indique le contraire.
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À la recherche de l'homme perdu
RomanceGala, dynamique jeune célibataire de trente ans, fait un point sur sa vie. Entre une boîte dans laquelle elle ne s'épanouit pas et son célibat qui s'éternise, elle s'interroge de plus en plus. Ce jour-là, en partant au bureau, elle est loin de s'ima...