Objet : Loin des yeux, près du cœur...
Chère Galadryel,
Afin de laisser vivante cette trace de moi dans votre esprit, je sème à tous vents ces quelques mots, qui j'espère vous trouveront aussi lumineuse que vous m'êtes apparue. Ne m'oubliez pas et venez bientôt me rejoindre...
Très affectueusement,
WalterCe mail me soutira un sourire. J'aimais beaucoup les hommes déterminés et conquérants, ils étaient si rares... Je sentis ma carapace se fissurer sous l'effet de l'insistance raffinée de Walter. Ce dernier message venait de faire émerger en moi le début d'un sentiment d'espérance auquel je ne m'attendais pas. J'avais envie de faire plus ample connaissance avec lui sans être complètement convaincue par ce désir. Pourtant, les hommes qui croisaient ma route ne faisaient que me démontrer que j'avais peut-être à portée de main quelqu'un qui valait la peine d'être découvert. Plus je voyais autour de moi de nouveaux hommes qui venaient grossir les rangs de ceux avec qui je n'avais rien à voir, plus la perspective d'un rapprochement avec Walter se faisait nette. Des ébauches de questions se formaient dans mon esprit à son sujet et le fait de ne pas avoir de réponses aiguisait d'autant plus ma curiosité à les obtenir.
Je décidai malgré tout de ne pas répondre et de laisser le charme agir. Si je restais silencieuse, peut-être aurais-je moins de mal lors de notre prochaine rencontre à le faire se confier et me dévoiler des bribes de sa vie. Je ne connaissais pas son métier ni ses passions, je ne savais rien de sa famille ni de son parcours... Autant de zones d'ombre qu'il me faudrait essayer de lui faire placer en pleine lumière quand nous nous verrions.
Je me retournai pour regarder l'heure à la massive pendule accrochée au mur du fond et fus surprise de voir la matinée si avancée. J'abrégeai là mon passage à la brasserie car déjà, les viennoiseries que j'allais ramener ne seraient plus destinées qu'aux lèves-tard. Certains bénévoles devaient avoir déjà pris leur café. J'allais dire au revoir à Émile. Il sortir de derrière le bar pour venir me faire la bise et me souhaita un bon retour. Théo n'étant plus là, je lui demandais de bien vouloir transmettre mes amitiés et lui souhaiter bon courage pour la suite. Il me promit qu'il n'y manquerait pas et m'accompagna à la porte. Je partis et me retournai après quelques mètres pour lui faire un signe de la main qu'il me rendit.
Un peu déçue de n'avoir pas pu dire au revoir à Théo, je regagnai la camionnette et repartis au couvent. Quand je défis la chaîne, Jentil arriva ventre à terre depuis le fond de l'allée et se mit debout contre le portail en remuant la queue. Haletant, la langue pendante, il était pressé que je rentre. J'entrebâillai un des deux côtés et me glissai à l'intérieur. Jentil, tout en restant sur ses pattes arrières, se transféra sur moi et se mit en devoir de me lécher le visage quand il sentit qu'il y avait plus intéressant à faire du côté du cabas. Il retomba sur le sol et essaya de passer son museau entre les anses pour humer l'odeur qui sortait de là.
Je le repoussai gentiment et entamai la remontée de l'allée sous son escorte, il ne lâchait pas le cabas du regard au cas où une chute inopinée aurait pu lui offrir l'occasion de se régaler. Nous arrivâmes dans le potager toujours vide, et même si je n'avais rien détaillé du regard, mon attention fût attirée par une impression diffuse de désordre.
Je regardai alors quelques-uns des rectangles de plus près et me figeai devant le spectacle. Tout avait été retourné. Les pieds de plantes, de légumes et de fruits étaient sans dessus-dessous, arrachés et mélangés à la terre. Le potager se trouvait dans un état de désolation totale, autant que si Taz le diable de Tasmanie était passé par là. Les jeunes fraises étaient en bouillie, il ne restait des tomates que de la sauce et les fleurs avaient perdu leurs pétales, disséminés ça et là dans les rectangles et les allées.
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À la recherche de l'homme perdu
RomanceGala, dynamique jeune célibataire de trente ans, fait un point sur sa vie. Entre une boîte dans laquelle elle ne s'épanouit pas et son célibat qui s'éternise, elle s'interroge de plus en plus. Ce jour-là, en partant au bureau, elle est loin de s'ima...