Chapitre 26

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Fabricio, qui dut se dire qu'il valait mieux battre le fer tant qu'il était chaud, nous proposa de le suivre et partit en multipliant les mouvements d'attaque sur toute la diagonale de la salle commune, en sautant en même temps par dessus tables et chaises. On se serait cru dans une scène d'action du meilleur James Bond. Il se retourna juste devant la porte, se pencha en joignant les mains et nous salua.

Le show était très réussi, il avait soigné sa sortie tout autant que son speech et j'eus l'impression que Maïra était mûre à point. Il termina en lui faisant un baise-main et l'incita à passer devant lui en posant une main sur le bas de son dos, ce qu'elle fit en souriant. Fabricio se retourna et me fit un clin d'œil complice. Visiblement, il pensait lui aussi que c'était gagné.

Augustine et moi sortîmes à notre tour en échangeant un regard. Elle mit son bras sous le mien et me chuchota que l'affaire était dans le sac. Je la trouvais beaucoup plus sympathique maintenant qu'au début. J'avais découvert en elle quelques défauts qui la rendaient plus humaine et moins hautaine, et ce que j'avais pris pour du mépris aux premières heures de notre rencontre n'était en fait qu'un moyen de se protéger. Elle s'était forgée une carapace et créée une image qui n'avait rien à voir avec la personne décomplexée et abordable qu'elle était en réalité. Bras dessus, bras dessous, nous suivions Fabricio et Maïra qui de leur côté planaient à quinze mille pieds, et nous arrivâmes de ce pas à la cuisine.

Tandis qu'un petit groupe de volontaires en sortait, nous entrâmes pour y retrouver Sœur Marie Lazare et Jentil. Le temps des pourparlers avait sonné.

« Alors ma Sœur, tout s'est bien passé avec le vétérinaire ?

- Oui Gala, il vient de partir. Il a passé notre toutou au peigne fin, rien n'a été laissé de côté. Il lui a fait un check-up complet et une prise de sang. Une fois que nous aurons les résultats du laboratoire, il n'y aura plus aucun souci à se faire.

Maïra prit la parole.

« Vous savez comment il appelle ?

- Oui, le groupe me l'a dit, il s'appelle Jentil. Je trouve ça parfait, il m'a effectivement l'air d'un chien très doux et sociable. Je pense qu'il ne vous reste plus qu'à lui donner un bain et tout sera en ordre.

- Oui, je trouve c'est bonne idée. On va le prendre à la rivière, j'ai le savon dans ma chambre.

Fabricio, à qui la réussite de son numéro avait redonné confiance, approuva Maïra tout en lui passant le bras autour de la taille.

« Oui, on va aller lui donner un bain tous ensemble, ça l'habituera à être entouré de monde.

- Mais pourquoi voulez-vous l'habituer à être entouré de monde, mon petit Fabricio ? demanda Sœur Marie Lazare. Il va peut-être se retrouver chez un couple, qui sait ?

C'était le moment de tester ma force de persuasion. Je volai au secours de Fabricio.

« Ma Sœur, vous ne trouvez pas que Jentil a l'air de bien vous aimer ? »

Le chien était assis à ses pieds, la tête levée vers la sœur avec un air d'adoration dans les yeux. Il ne savait pas à quel point je lui étais reconnaissante de me faciliter la tâche. C'est moi qu'il aurait dû coller mais je ne lui en voulais pas de cette petite infidélité car elle servait mon plan à merveille.

« Oui, il est vraiment très mignon et nous avons sympathisé. Il était un peu effrayé quand le vétérinaire l'auscultait et je l'ai rassuré.

- On dirait qu'il vous a adopté ! C'est incroyable en si peu de temps, vous ne trouvez pas ? »

Je me tournai vers le reste du groupe et les incitai d'un regard à en rajouter une couche, ce qu'ils firent sans se faire prier puisque nous étions d'accord pour mettre en œuvre l'idée d'Augustine, qui renchérit.

À la recherche de l'homme perduOù les histoires vivent. Découvrez maintenant