Chapitre 9

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Célestin et Augustine se divertissaient à nous écouter mais je n'en croyais pas mes yeux de voir ce petit coquelet de basse-cour jouer les héros machos avec tant de conviction. Il avait encore du pain sur la planche avant de devenir un gros dur, mais c'était un garçon tellement sympathique qu'on ne pouvait pas lui en vouloir. Il avait ça de commun avec Maïra qu'il était plutôt optimiste et de bonne humeur, et je me surpris à espérer qu'ils déteignent tous les deux sur moi.

Le bonheur, comme le malheur, étaient contagieux. C'était donc une cure de bonheur, de soleil et de joie de vivre que j'avais commencée depuis quelques jours, contrairement à ce à quoi je m'attendais. Maintenant qu'Augustine nous avait révélé ce qui lui pesait, elle semblait aussi plus encline à profiter de ces jours de vie en collectivité.

Le petit-déjeuner pris, nous filâmes comme à notre nouvelle habitude sur le chantier. C'était une journée qui promettait d'être chaude. Dans la camionnette, nous commencions déjà à manquer d'air. J'avais opté pour un short et un débardeur le matin en m'habillant et ça avait été une riche idée. Nous avions emmené la glacière remplie d'eau, de jus de fruits et de bières pour nous désaltérer et nous étions donc parés pour lutter contre la déshydratation.

J'entamai ma journée avec Fabricio sur l'échafaudage. Célestin avait pris de l'avance sur la taille des pierres et il fallait bien être deux pour les poser. Comme je n'avais pas encore trouvé de solution à mon problème de rencontre, je décidai de demander un avis masculin et lui racontai ma mésaventure tout en travaillant. Une fois mon récit fini, il ne réagit pas, ne comprenant pas où je voulais en venir.

« Alors, qu'est-ce que tu en penses ?

- Ben quoi ? C'est quoi le problème ? Tu rencontres un homme qui a des bonnes manières, qui te plaît, qui est soit-disant intelligent et cultivé et tu vas chercher la petite bête ?

- Je n'ai pas cherché la petite bête, elle est arrivée toute seule. Et là, c'était une petite bête siamoise avec écrit mensonge sur une tête et trop vieux pour toi sur la deuxième...

- Mais c'est un détail ça ! J'aurais fait exactement la même chose que lui... Ou plutôt non en fait... Tu as de la chance finalement, parce que moi, je pense que je n'aurais rien fait du tout. Les jolies filles, ça me fait peur. Alors sur internet, d'accord, c'est plus facile, mais je n'ai quand même pas envie de me prendre un râteau. Ce que je fais, c'est que je passe plusieurs fois sur le profil de la fille, je lui envoie un flash et j'attends.

- Un grand courageux quoi...

J'étais dépitée de voir que ce comportement que j'avais déjà mainte et mainte fois constaté de façon empirique m'était confirmé par un représentant du sexe opposé. Et sans complexes, comme si tout était normal.

« Qu'est-ce que ça te coûterait d'envoyer un mail ?

- Rien, dans l'absolu. Mais j'ai mon orgueil hein... Je ne vais pas laisser une fille que je ne connais pas me ridiculiser, peuchère ! »

Cette fois, j'avais droit à l'accent marseillais.

« Mais elle ne va pas te ridiculiser !! Tu ne la connais pas, tu ne la rencontreras jamais !! En quoi est-ce qu'elle va te ridiculiser ??? »

Il commençait à m'énerver avec sa mauvaise foi et sa lâcheté.

« Ben, je sais pas... C'est juste que je peux pas accepter de ne pas lui plaire.

- Euh, tu es au courant que tout le monde a des goûts différents ?

- Oh, ça va, je sais ! Tu me casses les couilles avec ton romantisme à la con ! », dit-il toujours avec l'accent.

À la recherche de l'homme perduOù les histoires vivent. Découvrez maintenant