Chapitre 28

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« Maïra, tu es res-plen-di-ssante ! »

Elle ne connaissait probablement pas ce mot mais avait dû se douter rien qu'en voyant l'expression d'adoration de Fabricio qu'il s'agissait d'un compliment. Même si son regard insistant n'avait eu l'air de lui faire ni chaud ni froid, elle devait être habituée à ce qu'on la dévisage. On ne pouvait ignorer une telle beauté mais elle semblait ne pas tirer de gloire de l'effet qu'elle produisait.

« Merci. Mais tu sais, je ne pas aimer beaucoup mes jambes... »

Comment ça tu ne pas aimer beaucoup tes jambes ??? Elle plaisantait ou quoi ??? C'était sûrement une blague. Ça n'était pas possible d'entendre des choses pareilles. Augustine affichait aussi un air perplexe. Maïra parlait tellement rarement d'elle que sa déclaration avait fait l'effet d'une bombe. En plus pour dire ça. On n'aurait jamais pu imaginer ne serait-ce qu'un instant qu'elle pouvait être complexée. Elle si souriante, si ouverte, si à l'aise et si bien roulée, n'aimait pas une partie d'elle que la totalité des êtres humains de cette planète qualifieraient de perfection esthétique.

« Comment ça tu n'aimes pas tes jambes Maïra ? Tu rigoles ?

- Tu sais Gala, j'aime être plus grosse, je n'ai pas assez le cul...

- Mais non, tu es parfaite, ni trop fine ni trop grosse, et musclée ! Franchement, je ne comprends pas comment tu peux penser ça. Dis-lui, Fabricio... »

Il retomba de son petit nuage et nous fit aussi sec un sermon. Il semblait en connaître un rayon sur les manies féminines.

« Oh, tu sais, les filles... Vous êtes toutes pareilles, jamais contentes. Bien sûr que vous êtes belles... Mais ça ne sert à rien de vous le dire, autant pisser dans un violon... Et je suis trop ceci, et je suis pas assez cela... Et comment tu me trouves ? Et je suis pas trop grosse ? Tu trouves pas que j'ai pris du poids cette semaine ? Comment tu la trouves cette fille ? Elle est plus belle que moi ou pas ? Et pourquoi tu la regardes d'abord ? Non mais vas-y, te gênes pas ! Et patati, et patata... »

Le compliment, sur lequel je me focalisai, ne tomba pas dans l'oreille d'une sourde, d'autant que je ne me sentais pas forcément mise en valeur à côté de la bombe anatomique qu'était Maïra. J'appréciai d'autant plus cette remarque positive que Fabricio avait eu l'air sincère quand il nous avait mises dans le même sac. Par contre, je trouvai qu'il exagérait un peu la caricature. Je me targuais de ne pas être trop jalouse en couple. Toutes les femmes n'étaient pas rendues paranos par un manque de confiance en elle.

« Je t'accorde certains points mais il ne faut pas exagérer. On ne pense pas toutes qu'au régime et on n'est pas toutes des mégères en jupons je te signale... »

Augustine monta sur ses grands chevaux d'un seul coup, sans prévenir.

« Et celle qui m'a piqué mon mari, tu ne crois pas qu'elle en était une de mégère ? Une vraie vipère dans un corps de déesse ! Tu sais, aux hommes, il ne leur faut pas grand chose pour se faire ferrer... Un ou deux papillonnements de paupières, un regard façon œil de biche, un décolleté avantageux et hop, l'affaire est dans le sac ! Du moment que le minois est joli et que la minette est jeune et fraîche, c'est du tout cuit pour ces briseuses de ménage... Le cerveau, c'est en option. »

Ramenée à ses vieux démons, elle enleva ses lunettes de soleil dans un geste rageur qui dévoila un regard ombrageux de colère. On dérivait dangereusement vers une pente savonneuse au pied de laquelle se trouvaient des sables mouvants. Elle n'était pas encore remise de la trahison de son mari et était bien partie pour nous pourrir notre baignade. Heureusement, Maïra reprit la situation en main.

« Bon écoutez, je vas m'occuper de Jentil, j'ai porté le savon...

- Tu as raison, on est là pour ça, on discutera régime et jalousie plus tard, répondis-je. Allez Jentil, à l'eau ! »

À la recherche de l'homme perduOù les histoires vivent. Découvrez maintenant